Attendue ce jeudi dans l’Aube, Marine Le Pen a répondu à nos questions

Attendue ce jeudi dans l’Aube, Marine Le Pen a répondu à nos questions
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Making-of. Dans le cadre de son déplacement à Bergères, nous avons pu poser par écrit à Marine Le Pen nos questions sur les enjeux agricoles, vitivinicoles, nucléaires et sur l’ancrage de son parti dans l’Aube. Un mode entretien qui empêche toute suite.



Pourquoi avoir choisi de vous déplacer à la Journée des Plantes des Bergères ? Avez-vous une affection particulière pour les plantes ou cette visite s’inscrit-elle simplement dans le cadre de la campagne électorale européenne ?

C’est à travers ces événements que chacun prend conscience de l’extraordinaire richesse de notre patrimoine floral, de sa diversité et qui font de la France, à bien des égards, un immense jardin à ciel ouvert. Tous les Français sont attachés à la beauté de la nature et à ce qu’elle peut nous offrir. C’est aussi l’occasion de mettre en valeur et de saluer le travail et le savoir-faire des pépiniéristes, horticulteurs, artisans, qui font vivre et embellissent nos territoires.

Bergères est au cœur du vignoble de la Côte des Bar. Vous êtes opposé au détachement des travailleurs et prônez la préférence nationale. Pourtant, cette main d’œuvre est aujourd’hui indispensable pour réaliser les vendanges dans notre département, et plus largement en Champagne. Votre position politique est-elle tenable face à la réalité du marché du travail ? Et pourquoi ?

Cet argument que l’on entend répéter par ceux qui défendent une politique migratoire incontrôlée ne tient pas une seconde si l’on prend la peine de rappeler qu’il y a en France plus de 350 000 emplois non pourvus et quelque 6 millions de Français au chômage. Toutes catégories. La vraie question est celle de l’attractivité de ces métiers. L’appel massif aux travailleurs détachés permet d’éviter d’aborder cette question essentielle de la rémunération qui doit tenir compte de la pénibilité des tâches. Or, le travail détaché n’est rien d’autre qu’une délocalisation déguisée qui ne respecte pas le principe « à travail égal, salaire égal », qui menace l’avenir de notre protection sociale en favorisant le dumping social, encourage une concurrence déloyale dont les travailleurs nationaux sont les premières victimes sans oublier la question des fraudes identifiées par un rapport de la Cour des comptes.

La députée LR de l’Aube, Valérie Bazin-Malgras veut obliger les allocataires du RSA, aptes à travailler, à effectuer les récoltes pour continuer à bénéficier de cette aide sociale et réduire le recours aux travailleurs détachés ? Qu’en penses-tu ?

La droite se trompe de cible en pointant du doigt ceux qui recherchent un emploi. Le RSA est une aide nécessaire à laquelle il faut ajouter, lorsque cela est possible, un accompagnement à la réinsertion. Les contreparties du RSA existent déjà, ce sont les dispositifs de formation et de réinsertion professionnelle auxquels doivent se soumettre les bénéficiaires. En réalité, c’est l’État qui ne tient pas ses engagements : en ne mettant pas en place une véritable politique de formation professionnelle qualitative et durable, en étant incapable de créer des emplois grâce à une politique forte en matière de réindustrialisation, de délocalisation et d’innovation, et en affichant des faiblesses coupables dans la lutte contre la fraude.

L’Aube est un département rural et agricole. Sur la « crise agricole » européenne, le Rassemblement national peut-il proposer une trajectoire alternative au « Green Deal », mis à mal après les manifestations agricoles, qui prenne en compte, à la fois, l’urgence écologique et les réalités économiques du monde agricole ? ?

Le Green Deal est un exemple concret d’inflation normative européenne qui contraint les entreprises, les agriculteurs et les Français. Il organise une écologie punitive et un déclin agricole, industriel et économique sur le continent européen. En France, plus d’un million d’exploitations agricoles et trois millions d’hectares de terres ont été perdus en 50 ans. Dans le même temps, les revenus ont diminué et un agriculteur sur trois vit avec moins de 350 euros par mois. L’agriculture française est une production d’excellence. Il faut reconnaître le travail de nos agriculteurs en plus de leur permettre d’avoir de meilleurs revenus.

Il faut également promouvoir le secteur auprès des jeunes pour les inciter à s’impliquer dans les carrières agricoles. Contrôle qualité des importations, politique de localisme et mise en place de circuits courts, patriotisme économique : il est possible d’assurer un revenu décent aux producteurs agricoles, tout en garantissant des produits de qualité et des prix abordables. Par ailleurs, ceux qui parlent de l’urgence écologique sans remettre en cause la responsabilité néfaste des traités de libre-échange mentent aux Français : 50 % des émissions françaises de gaz à effet de serre sont dues à nos importations. La transition écologique ne se fera pas par la peur, la mauvaise conscience, la punition, mais passera par la protection du mix électrique français, en investissant dans les technologies du futur (nucléaire nouvelle génération, hydrogène, géothermie…).

Sur la question des traités de libre-échange, le monde agricole est dans une position schizophrène. Les secteurs largement exportateurs (malt, champagne, vins « de luxe »), qui représentent une bonne partie de l’excédent commercial français, bénéficient de ce type de traité. Le Mercosur, par exemple, ouvre la voie à des exportations beaucoup plus faciles dans des pays comme le Brésil. Son éventuel abandon, même s’il soulagerait temporairement les éleveurs en difficulté, serait un coup dur pour ces filières. Le RN a-t-il un programme politique qui puisse faire le pont entre ces deux positions ?

Des accords de libre-échange déséquilibrés exposent notre économie à une concurrence sauvage et déloyale, tant extra-européenne qu’intra-européenne. D’une part en raison de l’ouverture déréglementée du marché unique au reste du monde. D’autre part en raison des élargissements successifs de l’Union européenne à des pays aux normes sociales et environnementales inférieures aux nôtres. Pour réindustrialiser la France, défendre notre agriculture, restaurer notre compétitivité économique et préserver notre modèle social, nous devons privilégier les échanges fondés sur la réciprocité et des accords d’échange équitables. Nous assumons une ligne commerciale claire basée sur la protection du marché européen et français. Nous acceptons de vouloir sortir l’agriculture française des accords de libre-échange qui ne font que contribuer à sa disparition. Nous assumons une politique de protection de nos entreprises en défendant le patriotisme économique et l’accès prioritaire aux marchés publics.

Le Rassemblement National est le premier parti de l’Aube. Elle ne dispose cependant ni de mairie, ni de conseiller départemental. Pourquoi votre mouvement n’a-t-il pas réussi à obtenir ses bons scores aux élections nationales (présidentielles, législatives, européennes) et aux élections locales (communes, départementales, régionales) ?

Nous souffrons depuis de nombreuses années d’un manque d’implantation et de structuration locale entravé par un manque de représentation dans les instances électives nationales. Les élections législatives de 2022 ont considérablement changé la donne et nous ouvrent de nouvelles perspectives. L’élection de 88 députés, relais de notre projet dans les territoires, accélère notre visibilité autant que notre ancrage local. Ceux qui théorisent depuis des années sur un hypothétique plafond de verre devront comprendre que notre mouvement est aujourd’hui ancré et structuré sur l’ensemble du territoire. Il nous appartient désormais d’accélérer cette mise en œuvre. Les élections municipales de 2026 constituent donc un rendez-vous électoral important.

Les élections législatives de 2022 ont vu la victoire historique de deux députés RN dans les trois circonscriptions de l’Aube. La campagne a également été marquée par la faiblesse d’un de vos candidats battus dans la deuxième circonscription. Comment un parti comme le RN, avec un tel nombre d’électeurs, de sympathisants et de militants, peut-il présenter des candidats (c’était aussi le cas ailleurs en France) qui affichent encore de telles faiblesses ?

On voit le verre à moitié vide, je me base sur des faits. Lors du second tour des élections législatives de 2022, le Rassemblement national est arrivé en première position dans l’Aube avec un score cumulé de 48,28%, et a remporté deux des trois circonscriptions. En 2017, nous n’avions qualifié qu’un seul candidat pour le second tour. Et dans la deuxième circonscription que vous évoquez, on passe de 21 % à plus de 40 % entre 2017 et 2022. Le candidat macroniste est arrivé quatrième. Je ne pense pas avoir entendu les commentateurs souligner les faiblesses du parti présidentiel…

Souhaitez-vous que Jordan Guitton se présente à nouveau aux élections municipales à Troyes, en 2026, face à François Baroin ou souhaitez-vous qu’il se concentre sur sa circonscription et son rôle de député jusqu’en 2027 ?

Jordan Guitton est un pilier de notre mouvement dans ce département et un élu confirmé. Délégué départemental, il a été élu conseiller municipal de Troyes en 2020 et élu conseiller régional de la Région Grand Est. Il s’agit sans aucun doute d’un élu de terrain qui a également récolté les fruits de son travail et de son engagement en remportant le siège de député en 2022. La question des candidatures aux élections municipales sera abordée par nos autorités le moment venu. Nous prendrons avec les concernés les décisions que nous jugerons les plus efficaces pour le mouvement.

Pourquoi les électeurs aubois de Reconquête voteraient-ils pour la liste de Jordan Bardella et pas celle de Marion Maréchal lors des élections européennes du 9 juin ?

Les élections européennes se déroulent à un tour. Le risque de dispersion des voix est, avec l’abstention, le meilleur allié d’Emmanuel Macron. Mais c’est la force politique française qui sortira vainqueur et avec le plus grand nombre d’élus qui sera l’arbitre et le décideur de la recomposition du Parlement. Aujourd’hui, toutes les enquêtes d’opinion disent la même chose : le groupe Identité et Démocratie dans lequel nous siégeons est le groupe qui pourrait connaître la plus grande dynamique suite aux élections du 9 juin et obtenir le plus grand gain. de sièges.

Par ailleurs, cette problématique européenne ne peut être décorrélée d’une problématique nationale. Emmanuel Macron ne pourra pas rester sourd au message des Français au soir du 9 juin, si nous arrivons largement en avance. Il devra en tirer toutes les conséquences, comprendre qu’il n’a plus de majorité et prendre la seule décision qui s’impose : la dissolution de l’Assemblée nationale et le retour aux urnes pour sortir de cette situation de blocage et de tensions. .

Les élus de l’Aube plaident pour que la commune de Nogent-sur-Seine soit sélectionnée pour accueillir deux nouveaux réacteurs nucléaires. Si vous êtes au pouvoir demain, soutiendrez-vous cette candidature ?

Comme vous le savez, j’entends reprendre le contrôle de ce que les Français ont construit et financé : notre parc nucléaire. Je l’ai décliné à travers un plan de relance que j’aimerais nommer « Marie Curie » qui prend en compte, outre la réouverture de Fessenheim et la réactivation du projet Astrid, le renouvellement à partir de 2030 de l’ensemble de la flotte française en hauteur d’un an. paire d’EPR par an pendant dix ans puis une paire tous les 18 mois pendant 30 ans. Le choix des sites se fera en concertation avec tous les acteurs concernés et engagés dans cette politique qui, je l’espère, sera la plus ambitieuse et la plus efficace pour notre pays.

 
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