« En rémission d’un cancer, je suis heureuse d’être témoin d’espoir »

« En rémission d’un cancer, je suis heureuse d’être témoin d’espoir »
« En rémission d’un cancer, je suis heureuse d’être témoin d’espoir »

La Croix : Quand es-tu tombé malade ?

Bénédicte Draillard: Depuis un an, je faisais des crises d’épilepsie sans le savoir. Cela rendait mon travail très difficile. J’ai donc démissionné du poste d’adjoint au maire du 5e arrondissement de Lyon que j’occupais à l’époque. Je suis allé voir un neurologue début février. Elle pensait que mon problème était psychologique ou lié au surmenage. J’ai demandé un examen. À contrecœur, elle m’a prescrit un EEG. Je suis allée à l’hôpital pour l’avoir et je n’en suis jamais sortie.

Lors de l’examen, une énorme tumeur au cerveau a été découverte. Le stagiaire qui était de garde ce jour-là s’est agenouillé pour me parler, les yeux dans les yeux, et m’a fait comprendre qu’il ne me restait que quelques mois à vivre.

Comment avez-vous réagi ?

BD : J’étais prêt à mourir. Moi qui suis naturellement inquiet, une sorte de grâce de paix, d’acceptation sans contestation est tombée sur moi. J’ai commencé les soins palliatifs. Mais ma famille et mes amis ont protesté : « Nous avons besoin de temps pour digérer la nouvelle. Si vous ne faites rien, vous partirez trop vite. Nous aimerions que vous suiviez un traitement. » J’ai fini par accepter. Ce n’était pas ma volonté, mais je l’ai fait avec joie. Mes frères et sœurs étaient très présents, et avec une patience angélique.

J’ai subi une chimio et une radiothérapie pour ralentir la progression de la tumeur. J’ai été très bien soigné. Mais je déclinais de plus en plus, j’avais du mal à marcher et à parler. Le jour de Pâques, j’ai reçu le sacrement des malades d’un ami prêtre venu de Lyon. Pendant la prière, il dit : « Nous demandons la guérison de Bénédicte. » Cela m’a révolté : « Je ne demande pas ma guérison, vous n’avez pas le droit de la demander pour moi. » Il s’énerva à son tour : “De quel droit m’empêches-tu de le demander pour toi ?” » Cela a été décisif. J’ai laissé les mains s’imposer sur moi. En fait, je voulais mourir.

Pour quelle raison ?

BD : J’ai été personnellement touché par les cas d’abus. Habitant Lyon, j’ai connu des victimes de Bernard Preynat. J’ai moi-même vécu dix-huit ans en communauté dans la Fraternité de Marie Reine Immaculée, dirigée à l’époque par une disciple de Marie-Dominique Philippe.

J’y ai dénoncé des abus spirituels et des problèmes de contrôle, mais j’ai récemment appris que des abus sexuels avaient également été commis. J’avais peur de découvrir dans le rapport qui allait paraître des choses que j’ignorais. Pour moi, cette anxiété est très liée à ma maladie et à ma proximité avec la mort : je n’ai pas voulu lire ce reportage.

Et pourtant tu es toujours là…

BD : Un beau jour, j’ai commencé à me sentir mieux. J’ai eu l’IRM de suivi prévue. La tumeur avait considérablement diminué. Le radiothérapeute, qui se disait athée, ne cessait de s’exclamer : “Je n’ai jamais vu ça, c’est un miracle !” » En riant, il m’a demandé : « Tes parents ne seraient pas allés à Lourdes, par hasard ? »

Il ne savait pas que j’avais toujours mes parents et qu’ils revenaient de Lourdes. A 90 ans, ils sont allés prier pour moi avec des amis. Beaucoup de personnes ont prié pour moi, beaucoup d’enfants, ceux de mes amis ou auditeurs du podcast « The Junior Bible Saga » que je produis. Cela signifie beaucoup pour moi qui suis célibataire et sans enfants.

Deux mois plus tard, une nouvelle IRM confirme la forte régression de la tumeur. J’ai recommencé la chimiothérapie dans l’espoir que cela disparaisse. Il me reste encore deux séances. Aujourd’hui, c’est minuscule. Je peux à nouveau lire et écrire.

Est-ce que vous vous réjouissez, êtes-vous « joyeux » de voir votre vie se prolonger ainsi ?

BD : Je suis ravi de cette interview pour La Croixce qui me donne une voix sur autre chose que la maltraitance. Je suis heureux de pouvoir être témoin d’espérance, de pouvoir dire que je n’ai pas peur de la mort car pour moi, elle ouvre sur l’union au Christ. Je me réjouis d’avoir été bien soignée, je rends grâce pour les prières des enfants pour moi, pour l’attention de ma famille.

Enfin, je me réjouis de la vie elle-même. Une nouvelle vie commence pour moi… Je vais pouvoir faire avancer deux projets qui me tiennent à cœur : continuer les podcasts pour les enfants et offrir un soutien au salon funéraire aux familles en deuil.

Son inspiration : une prière de Chiara Lubich

” Je t’aime. Parce que tu es entré dans ma vie plus que l’air de mes poumons. Plus que le sang dans mes veines. Que tu es arrivé là où personne ne pouvait entrer. Quand personne ne pouvait m’aider. À chaque fois, personne ne pouvait me consoler. »

Extrait de la prière de méditation « Je t’aime », de Chiara Lubich.

 
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