le « Tactile Tour », des œuvres d’art à toucher du doigt

P.

Restituer entre les doigts « Le Fœtus » d’un être humain, tel qu’imaginé par Léonard de Vinci en 1511. C’est ce qu’il est possible de faire grâce au « Tactile Tour ». Présentée durant cette première quinzaine de mai entre les rayons de la médiathèque Louise-Michel à Saint-Paul-lès-Dax, cette exposition itinérante est proposée par l’association Valentin-Haüy.

Œuvrant en faveur de l’insertion de quelque 1,5 million de personnes malvoyantes et de 70 000 aveugles recensés en France, cette association plus que centenaire diffuse des modèles 3D reproduisant des œuvres d’art. Ils sont le résultat du patient travail mené par Rémy Closset, un architecte contraint d’interrompre son activité en raison de problèmes de vision.


« La Sainte Famille » peinte par Jan de Beer au début du XVIe siècle a été modélisée en 3D.

Isabelle Louvier / SO

« Nous sommes à l’opposé d’une exposition dans un musée, où il est écrit à côté de l’œuvre « ne touchez pas ». Ici, c’est tout le contraire : il faut mettre le doigt dessus », s’amuse Léonie, une des médiathèques du site de Saint-Paul-lès-Dax. Comme sa collègue Nadia, elle constate que de nombreux visiteurs « n’osent pas toucher » aux 12 œuvres installées depuis samedi 27 avril.

Pratique

L’exposition « Tactile Tour » est présentée jusqu’au vendredi 17 mai dans les locaux de la médiathèque Louise-Michel à Saint-Paul-lès-Dax. La visite, gratuite, a lieu pendant les horaires d’ouverture de cet espace situé au numéro 1 bis rue des Bruyères : ces samedis et mercredis, entre 9h et 18h30, ou les après-midi du mardi, jeudi et vendredi, de 14h à 18h30 Possibilité de participer à une visite médiatisée. Renseignements : 05 58 91 20 68.

Changer de cote

« Le but de l’exposition est évidemment de rendre la culture accessible aux personnes malvoyantes. Mais l’expérience est tout aussi intéressante pour le reste du public », apprécient les deux femmes. Il y a en effet quelque chose de déconcertant à poser la pulpe d’un de ses doigts sur les reliefs d’un tableau que l’on ne connaissait jusqu’alors qu’en deux dimensions.

Les visages et les corps sont brossés, comme ceux des personnages de « La Sainte Famille » peint par Jan de Beer au début du XVIe siècle.e siècle. L’architecture du temple de San Pietro, où Raphaël Sanzio a situé « Les Noces de la Vierge », est caressée, depuis ses colonnes jusqu’à sa coupole.

“Nous sommes à l’opposé d’une exposition dans un musée, où il est écrit à côté de l’œuvre : ‘ne touchez pas'”

Rémy Closset a également pris soin de changer la dimension des tapisseries de Bayeux représentant « La Traversée de la Manche » et une partie de « La Bataille d’Hastings ». Les yeux fermés, on commence à chercher les détails des différentes armures portées par trois chevaliers, dont Guillaume, alors duc de Normandie.

Moyen Âge et Renaissance

D’autres œuvres présentées sont des invitations au voyage, comme « La Chute d’Icare », interprétée en 1558 par Brueghel l’Ancien. Le laboureur et le berger dans les premiers plans opposent le bateau amarré dans une baie ouverte sur l’océan à l’horizon.

Chacune des 12 œuvres du « Tactile Tour » bénéficie également d’un texte explicatif, doublé en braille. À l’exception du « Train de projectiles vers la Lune » d’après un dessin du roman « De la Terre à la Lune » de Jules Verne, cet art palpable reproduit des créations datant du Moyen Âge et de la Renaissance. Symbole de cette période, Léonard de Vinci y est l’artiste le plus représenté. On touche le visage de son autoportrait. Nous nous concentrons sur les proportions idéales du corps humain qu’il a dessinées dans « L’Homme de Vitruve ». On voit que la partie la plus touchée est la même que celle du gisant de Victor Noir au cimetière parisien du Père-Lachaise.


« L’Homme de Vitruve », dessiné par Léonard de Vinci, est l’une des œuvres présentées dans le « Tactile Tour ».

Isabelle Louvier/SO

 
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