Mercredi dernier, Donald Trump a obtenu un second mandat, puis, quelques jours plus tard, la diffusion du documentaire Alphas du journaliste Simon Coutu a suscité de vives réactions.
Pourquoi les lier ? Car tant en analysant les facteurs qui expliquent la victoire des Républicains (il y a bien plus que cela, je sais) qu’en écoutant les influenceurs masculinistes, on constate qu’ils parviennent à canaliser le rejet et le ras-le-bol.
Au cœur de la frustration de certains électeurs, mais pas tous, tout comme parmi les adeptes des influenceurs masculinistes, se trouve une perception de rejet de l’homme blanc.
Le poids de l’histoire
J’ai le privilège d’être entouré de chercheurs, de collègues et d’étudiants avec qui j’aborde ouvertement tous les sujets.
Tant en lisant sur les influenceurs masculinistes américains qu’en discutant avec des hommes locaux qui fréquentent leurs chaînes ou leurs podcasts, je constate que beaucoup en ont assez de l’image qui leur est renvoyée de l’homme blanc.
Un de mes élèves me confiait récemment, à l’abri des oreilles indiscrètes, que depuis son enfance, il avait l’impression que l’homme blanc est responsable de tous les maux qui affligent le monde. Que son histoire se limite à des atrocités, qu’il est incapable d’être autre chose.
Il se sent obligé d’être ouvert à toutes les demandes des groupes minoritaires sans jamais qu’on lui demande ce dont il a besoin.
Quelle est sa réaction face à ce qu’il considère comme un discours exclusivement négatif et moralisateur ? Un « retentissant »va te faire foutre! » C’est ainsi qu’il s’est tourné vers Andrew Tate, qui monétise habilement le ressentiment.
Ces jeunes hommes n’adhèrent pas nécessairement à toute la rhétorique masculiniste extrême, mais je suis profondément troublé par le fait qu’ils ignorent la misogynie rampante.
Ils rechercheront le discours sur la réussite financière, la confiance en soi et le culte de la forme physique.
Nous ne pouvons pas nous permettre de les ignorer
En tant que professeur d’histoire, je suis bien conscient de ce que l’on reproche à juste titre aux Occidentaux. Il faut le dire, l’expliquer et sensibiliser. Cela ne m’empêche pas de craindre que nous puissions nous tromper dans la façon dont nous procédons.
Je dénonce certains discours de Trump (agresseur sexuel condamné) et ceux des masculinistes, mais ils attirent des millions de personnes. Si beaucoup n’adhèrent pas à l’intégralité du message, d’autres se perdent dans une spirale malsaine.
En voulant aider les minorités, action noble et nécessaire, est-il possible que nous ayons oublié beaucoup de nos jeunes ? S’ils doivent faire un examen de conscience, pouvons-nous nous absoudre de toutes responsabilités ?
Le changement n’a pas un coût nul, mais ses impacts négatifs peuvent-ils être atténués ?
J’arrive au terme d’une longue carrière dans l’enseignement supérieur et après m’être préoccupé de nos jeunes femmes, de nos étudiants homosexuels ainsi que de nos étudiants trans, ce sont désormais nos jeunes hommes qui me préoccupent.
Je peux rejeter ou condamner leurs réactions, mais je crois qu’il faut leur demander d’où elles viennent.