C’est l’un des symboles de la coopération militaire entre l’Ukraine et la France. La brigade « Anne de Kyiv », 4 500 militaires, dont la majorité formés en France à l’automne dernier. Le président Emmanuel Macron a annoncé sa création lors des commémorations du Débarquement en juin dernier en présence de Volodymyr Zelensky. Mais cette brigade fait actuellement face à des critiques en Ukraine. Selon une enquête menée par un journaliste ukrainien, plusieurs centaines de soldats auraient déserté ses rangs à leur retour en Ukraine. Certains sont même restés en France pour échapper aux combats.
L’automne dernier, le ministère français des Armées vantait encore un « un modèle de soutien à l’Ukraine sans précédent que seule la France met en œuvre ». 1 500 militaires français ont été mobilisés pendant plus de deux mois pour entraîner 2 300 soldats ukrainiens. Des formations dans l’est de la France, au plus près des besoins de Kiev, avec notamment la création de tranchées adaptées aux conditions de combat en Ukraine.
A l’issue de cet entraînement en novembre dernier, la France a doté cette nouvelle brigade de plus d’une centaine de véhicules blindés ainsi que d’une vingtaine de canons César. Paris a donc beaucoup misé sur cette brigade d’élite mais les résultats sont loin d’être à la hauteur des ambitions. On a appris jeudi 2 janvier qu’une enquête avait été ouverte par les autorités ukrainiennes sur des cas de désertions au sein de cette brigade. Cela fait suite aux révélations d’un journaliste réputé en Ukraine, Yuri Butoussov. Selon lui, près de 1 700 soldats sur 4 500 ont déserté à leur retour en Ukraine. 50 soldats ont même fui l’armée lors de leur formation en France.
Du ministère français des Armées, aucune confirmation “à ce stade” on nous dit et “prudence” sur les chiffres avancés. Ce qui est sûr, c’est qu’en Ukraine, cette affaire fait beaucoup de bruit. Un député évoque notamment un « brigade zombie » formé dans le but de “publicité”. Beaucoup critiquent non pas la formation militaire en France, mais plutôt la manière dont la brigade Anne de Kiev a été déployée sur le front. Selon le journaliste ukrainien qui a révélé l’affaire, la brigade a été démantelée dès son arrivée en Ukraine et ses hommes dispersés pour boucher les trous d’autres brigades fragilisées par des mois de combats.
De jeunes recrues, à peine sorties de leur formation en France, sont également envoyées dans certains des points les plus chauds du front, comme à Pokrovsk, dans l’est du pays. Certains n’étaient même pas équipés de matériel de base, comme des brouilleurs de drones. Enfin, plusieurs officiers, dont le commandant de brigade, ont été démis de leurs fonctions pour des problèmes liés à la gestion humaine de leurs troupes. De nombreux dysfonctionnements qui pourraient expliquer ces désertions massives. Toutefois, la collaboration franco-ukrainienne va se poursuivre puisqu’une deuxième brigade doit être constituée en France, a annoncé mercredi 18 décembre le président Zelensky.