La crise énergétique qui secoue l’Europe depuis le début du conflit russo-ukrainien a poussé les pays européens à diversifier leurs sources d’approvisionnement en gaz naturel. L’Algérie, riche en ressources et bénéficiant d’une proximité géographique stratégique, s’affirme comme un acteur clé de cette redéfinition des politiques énergétiques du continent.
Depuis des décennies, l’Europe dépend fortement des approvisionnements russes pour répondre à ses besoins.besoins énergétiques. Mais les tensions géopolitiques et la fermeture, début 2025, du gazoduc traversant l’Ukraine ont bouleversé cet équilibre. L’Europe doit désormais combler un déficit de plusieurs milliards de mètres cubes de gaz.
Dans ce contexte, l’Algérie s’est rapidement imposée comme une alternative crédible. Grâce à ses vastes réserves de gaz naturel et à ses infrastructures de transport fiables, notamment les gazoducs Transmed et Medgaz, le pays a considérablement renforcé ses livraisons vers l’Europe.
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Un partenaire stratégique pour l’Italie
Parmi les pays européens, l’Italie se distingue par sa forte dépendance aux importations algériennes. En 2023, l’Algérie a fourni plus d’un tiers des besoins en gaz de l’Italie, avec un volume total de 22,4 milliards de mètres cubes. Ce partenariat repose principalement sur le gazoduc Transmed, qui relie directement les deux pays.
La stratégie italienne s’appuie également sur des contrats à court terme pour l’achat de gaz naturel liquéfié (GNL). Cette flexibilité permet de répondre rapidement aux fluctuations du marché tout en diversifiant les sources d’approvisionnement. Outre l’Italie, l’Algérie est un fournisseur clé de Espagne et France.
Une hausse des exportations algériennes
L’Algérie a profité de la crise pour accroître sa part de marché en Europe. En 2023, ses exportations totales de gaz naturel ont atteint 52 milliards de mètres cubes, dont 18 milliards sous forme de GNL. Cette augmentation de la production, soutenue par des investissements importants, a permis à l’Algérie de devenir le premier exportateur africain de GNL.
Les volumes transportés vers l’Europe via des gazoducs ont également augmenté. Entre janvier et mai 2024, les exportations algériennes par ce biais ont augmenté de 19%, atteignant 30 milliards de mètres cubes. Ces chiffres démontrent la capacité de l’Algérie à répondre aux besoins croissants du continent européen.
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Diversification des marchés européens
L’expansion des marchés algériens ne se limite pas à l’Italie. En octobre 2024, Sonatrach, la société nationale algérienne, a livré pour la première fois du gaz à la République tchèque via le gazoduc reliant l’Algérie à l’Italie. Cet accord, fruit de deux années de négociations, marque une nouvelle étape dans l’expansion de l’Algérie sur les marchés d’Europe de l’Est.
En Slovénie, un accord signé en 2024 prévoit également une augmentation des livraisons de gaz algérien. Ces partenariats diversifiés renforcent la position de l’Algérie en tant que fournisseur fiable et stratégique pour l’Europe.
Défis et différences
Si l’Algérie est perçue comme un partenaire solide, certaines divergences demeurent. L’Union européenne a récemment proposé de plafonner les prix du gaz pour éviter une flambée des coûts. Une mesure rejetée par l’Algérie, qui défend la liberté du marché. Mohamed Arkab, ministre algérien de l’Energie, a souligné que cette politique pourrait décourager les investissements nécessaires dans le secteur énergétique.
Dans le même temps, l’Algérie doit faire face à la concurrence d’autres grands exportateurs, tels que les États-Unis et le Qatar. Ces acteurs, dotés d’infrastructures de regazéification avancées, cherchent également à conquérir une part du marché européen.
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Un avenir prometteur pour le gaz algérien
Malgré ces défis, l’Algérie planifie avec ambition. La stratégie d’investissement de Sonatrach prévoit une augmentation de la production annuelle de gaz à 200 milliards de mètres cubes d’ici 2030. Cette expansion permettra non seulement de consolider les parts de marché actuelles, mais également de répondre à la demande mondiale croissante.
Selon le rapport « Global Gas Outlook 2050 », présenté en 2024, la part du gaz naturel dans le mix énergétique mondial passera de 23 % à 26 % d’ici 2050. L’Europe, en pleine transition énergétique, continuera à dépendre sur des partenaires fiables comme l’Algérie pour sécuriser ses besoins.
Pour l’Europe, l’Algérie représente une solution efficace à une crise énergétique sans précédent. Pour l’Algérie, la demande européenne représente une opportunité de renforcer son rôle sur la scène internationale tout en stimulant son économie nationale. Dans un monde énergétique en évolution rapide, ce partenariat stratégique a toutes les chances de prospérer.