A l’occasion d’une cérémonie à Saint-Pétersbourg pour l’achèvement du Yakutia, quatrième unité des nouveaux brise-glaces nucléaires de la flotte Rosatom, son patron a rappelé qu’en novembre, le trafic de transit sur la route maritime du nord (RMN ou NSR en anglais , pour Northern Sea Route), a établi des « records » en dépassant les « trois millions de tonnes ». Si les chiffres définitifs ne sont pas encore établis, il dit pouvoir d’ores et déjà affirmer qu’en 2024 un “nouveau record” a été établi avec un volume total de marchandises transportées sur la RMN “très proche de 38 millions de tonnes”.
En 2023, le trafic de transit sur la route maritime du Nord avait atteint 2,13 millions de tonnes grâce aux échanges avec la Chine. Il s’agissait déjà d’un record selon Rosatom, qui contrôle la navigation sur ce passage entre l’Europe et l’Asie, via l’Arctique, et gère les infrastructures. Le pétrole est majoritaire avec 1,5 million de tonnes transportées, suivi du minerai de fer (350 000 tonnes). Au total, 80 transits ont été effectués en 2023, contre 47 en 2022. Quant au trafic global sur cet itinéraire, il a atteint 36,25 millions de tonnes en 2023, contre 34 millions de tonnes en 2022 et 34,85 millions de tonnes en 2021. a été marquée par un ralentissement marqué de la croissance du trafic en raison de la guerre en Ukraine. Ce trafic, essentiellement « destination », est soutenu par les projets d’extraction de matières premières sibériennes de Novatek, mais aussi de Gazpromneft, Lukoil et Nornickel.
Même si le trafic augmente progressivement sur la RMN, il reste bien en deçà des objectifs du Kremlin. Vladimir Poutine lui-même s’était fixé comme objectif d’atteindre 80 millions de tonnes de marchandises d’ici 2024 et 160 millions de tonnes en 2035.
La cérémonie à laquelle a participé Alexeï Likhachev était organisée pour hisser le drapeau russe sur le nouveau brise-glace Yakoutie du projet 22220 destiné à escorter les convois de navires dans l’Arctique. Elle s’est déroulée en présence de différents dirigeants politiques, ainsi que des chantiers navals baltes qui ont construit le navire Rosatom et de l’équipage. « Notre flotte de brise-glaces nucléaires compte déjà huit navires. D’ici 2030, le groupe de brise-glaces sur la route maritime du Nord devrait atteindre 17 navires», s’est en outre déclaré satisfait le patron de Rosatom. La flotte russe de brise-glaces compte actuellement 34 navires diesel et huit navires à propulsion nucléaire (Yakutia, Arktika, Sibir, Ural, Yamal, 50 Let Pobedy, Taymyr et Vaygach).
La construction du Yakutia a débuté en 2020 et sa mise à l’eau a eu lieu en novembre 2022. Le 13 décembre, les chantiers baltes ont annoncé avoir achevé la phase d’essais en mer dans le golfe de Finlande. Sistership, le Chukotka a été lancé cette année, sa livraison est prévue pour 2026. Deux autres sisterships seront construits et livrés en 2028 et 2030. Ils devaient initialement s’appeler Kamchatka et Sakhalin, mais ils ont été rebaptisés Stalingrad et Leningrad. Des références à l’ère soviétique voulues par le Kremlin.
Ces navires sont conçus pour naviguer pendant 40 ans. Ils doivent soutenir les ambitions russes en matière de RMN. Armés d’un équipage de 53 marins, ils sont les brise-glaces les plus puissants au monde avec 60 MW de propulsion, grâce à leurs deux réacteurs RITM-200. Ils peuvent traverser une épaisseur de glace de 2,9 mètres et naviguer à une vitesse de 22 nœuds en eaux libres. Ces LK-60Yas ont trois lignes d’arbre. Ils mesurent 173 mètres de long sur 34 mètres de large et ont un déplacement de 33 540 tonnes. Ils ont la particularité d’avoir un concept de double tirant d’eau (10,5 mètres ou 8,65 mètres) pour accéder à l’embouchure des fleuves polaires, comme celui de l’Ienisseï ou dans le golfe de l’Ob. Les ballasts à l’intérieur de la coque peuvent être facilement ajustés pour modifier le tirant d’eau.
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