Freinage d’urgence dans le ciel parisien. En juillet, le Conseil d’État a validé l’exploitation d’une plateforme flottante de décollage et d’atterrissage pour « taxis volants » à Paris. Cinq mois plus tard, le plus haut tribunal administratif a rendu mercredi un arrêt qui semble enterrer le projet porté par Aéroports de Paris et l’avionneur allemand Volocopter.
Un « vertiport » d’une superficie de 740 m2 avait pourtant été construit sur une barge amarrée au quai d’Austerlitz, et un arrêté ministériel avait autorisé son exploitation « jusqu’au 31 décembre 2024 au plus tard ». L’installation a finalement été déplacée pour ne pas gêner la circulation sur la Seine lors des JO, puis n’a finalement jamais été réinstallée, comme l’indique la mairie de Paris à 20 Minutes.
Opposée au projet au même titre que plusieurs associations de lutte contre la pollution de l’air, la Ville de Paris a fini par avoir gain de cause. « Ce projet était une aberration écologique au profit des ultra-riches. C’était polluant, énergivore, inutile, avec un impact sur la biodiversité qui n’a pas été évalué », a commenté Dan Lert, adjoint au maire chargé de la transition écologique.
Cette idée a subi une série de revers depuis sa genèse il y a quatre ans. Ces véhicules volants biplaces étaient déjà attendus pour arpenter le ciel parisien lors des Jeux l’été dernier. Mais les insuffisances techniques ne leur ont pas permis de décoller.
« Si ça ne se fait pas ici, cela se fera ailleurs »
Le constructeur allemand Volocopter n’a pas non plus obtenu la certification lui permettant de transporter des passagers payants. « En matière de sécurité, il n’y a aucune perspective d’autoriser les survols commerciaux dans le ciel parisien », poursuit Dan Lert. Nous ne voulons pas autoriser ce type de transport. Ce qu’il faut développer, ce sont les transports publics et la mobilité active. Rien ne sert d’encombrer le ciel parisien. »
A cela s’ajoute un avis (certes consultatif) défavorable suite à l’enquête publique sur le vertiport d’Austerlitz en février dernier, et à l’annulation de la subvention d’un million d’euros par la région Ile de France : les hélices du taxi volant étaient trop lourdes pour voler.
Malgré le retrait de ses soutiens, la droite régionale tient une toute autre ligne que la Ville. Pour elle, ce sujet a été exploité et représente une opportunité économique gâchée.
« Si cela ne se fait pas ici, cela se fera ailleurs, avec des emplois en jeu », déplore Alexandra Dublanche, vice-présidente de la région Ile de France en charge de l’innovation. L’Agence de la sécurité aérienne de l’Union européenne estime que le marché européen de la mobilité urbaine peut créer 90 000 emplois d’ici cinq ans. »
L’adjoint au maire de Sartrouville (Yvelines) constate que « les Etats-Unis et les Emirats » avancent rapidement sur les taxis volants et ne ferment pas la porte à de futurs soutiens financiers à ce type d’innovation. “Nous savons qu’Airbus y travaille et que les entreprises américaines se développent, notamment sur la côte Ouest.”
Vols sans pilote, soucoupes volantes… la Chine se démarque
Outre-Atlantique, des entreprises relèvent le défi que Volocopter n’a pas pu relever : les taxis volants pendant les JO. La société américaine Jobby Aviation s’est fixé comme objectif l’Olympiade 2028 dans la Cité des Anges, comme le raconte Los Angeles Times.
Un objectif ambitieux mais réalisable, d’autant que le régulateur américain de l’aviation civile a créé en octobre une catégorie spécifique pour réglementer les taxis volants et les engins de livraison aériens.
Dans le secteur, le pionnier vient de Chine. Depuis 2014, la société EHang développe un taxi volant sans pilote à deux places dans un véhicule 100 % électrique. Après avoir vendu plus de 300 appareils, EHang, avec 50 000 vols sans accident, tente d’accéder au marché européen. Le groupe pourrait également être présent au salon du Bourget à l’été 2025.
Autonomie, rapidité, fiabilité… Au cœur de l’offre de taxi volant, des innovateurs chinois ont décidé de pousser l’aiguille en réalisant un autre fantasme de science-fiction : le vol à bord d’une soucoupe volante. Rien de très rassurant pour l’instant, comme le montrent les images filmées par TF1 à Shenzhen. Durée du vol : 15 minutes. Direction ? L’avenir.