Le 30 novembre, la magie opère à nouveau. Mais oui, vous savez : ces fameuses étincelles que seule la Coupe peut offrir. Cette fois, c’est un derby de Seine-Saint-Denis qui a servi de décor, voyant le FC 93 éliminer aux tirs au but son ancien et prestigieux voisin le Red Star. Et comme tout tour de magie, cela a une conséquence : le pensionnaire de National 2 a mérité le droit de disputer le match le plus important de sa courte histoire. dimanche 22 et 32 décembrees de la finale de Coupe de France, dans son stade Auguste-Delaune de Bobigny et contre Angers : ce jour sera posée une nouvelle pierre dans la construction de ce club en plein développement.
Après près de 15 ans de construction et de négociations souterraines, le Fooball Club 93 Bobigny a officiellement vu le jour en 2020. Né d’une coalition entre l’Athletic Club Bobigny, l’USM Gagny et Bagnolet Académie, le projet semblait irréalisable. Bobigny est un niveau national historique, Gagny et Bagnolet s’appuient sur un réservoir d’entraîneurs et de joueurs : chaque entité était dans son couloir et ne semblait pas avoir l’envie profonde de s’associer. A tel point que celui qui est aujourd’hui le directeur sportif du cartel, Siné Danioko, avait du mal à croire au rêve de son ami Mahamadou Niakaté, l’actuel président. « Je me suis dit que c’était compliqué de convaincre les gens, mais Mahamadou en était sûrrejoue le premier. Il me dit que si on ne le fait pas, on ne réussira jamais à avoir un club professionnel dans le département. » Mais au fil des discussions, tout a fini par prendre forme.
Armer les citoyens
Il faut dire que le FC 93 s’est fixé une mission : celle de fédérer. « Le rôle socio-éducatif est au cœur du projet, et le football ne représente que 40% de notre activité. » Au cœur du projet, il y a l’humain. Dans un département aussi densément peuplé, où cohabitent différentes formes de précarité, le milieu peut être difficile à vivre. Le FC93 s’est imposé comme une structure d’accompagnement pour tous les adhérents, qui, en acceptant de porter le maillot du club, acceptent ensuite d’être encadrés. et soutenu. « Nous ne pouvons pas simplement faire du football. Notre rôle est de préparer les citoyens de demain, assure Danio. Le gamin que vous prenez dans votre association, vous le prenez avec ses qualités, ses défauts, ses problèmes. Il faut intervenir au niveau scolaire, parfois au niveau familial, poursuivre l’éducation donnée par les parents. Nous proposons une aide aux devoirs, des stages et, pour les personnes âgées, parfois une réinsertion sociale. »
Ce rôle d’accompagnement du staff est de préparer un joueur à devenir un adulte, mais pas forcément un joueur professionnel. Conscients que leurs ouailles ne mettront pas tous les pieds dans le monde professionnel, Siné Danioko et ses confrères préparent leurs licenciés à anticiper l’échec footballistique et préparer un plan B. « Les chiffres sont aberrants, moins de 1% des jeunes dans les centres de formation signent pro, donc en réalité, il y a plus de gamins qui en sortent. » Et quand on sait à quel point l’Île-de-France est une mine de talents pour le football professionnel, il faut être conscient que le nombre de déçus sera proportionnellement aussi grand que ceux qui réussiront.
Une offre pour répondre à la demande
Plus que São Paulo, la région Ile-de-France est aujourd’hui le plus grand vivier mondial de footballeurs. Cependant, un problème est apparu : ces acteurs s’exportent et brillent ailleurs. Ils ne restent plus dans les clubs locaux, car ils ne sont pas assez professionnels. Les voir briller au PSG n’est pas non plus acquis : le club phare n’a pas toujours laissé autant de place aux produits locaux qu’il le fait actuellement avec Warren Zaire-Emery ou Randal Kolo Muani. De ce constat sont nées les ambitions à long terme du FC 93 : intégrer, former, développer et fidéliser les joueurs licenciés.
De la National 2 aux divisions professionnelles, le chemin est long, mais le FC 93 a un plan pour tenter d’atteindre ces niveaux. Fort d’une politique de communication efficace et de jeu d’influence, des joueurs au parcours professionnel riche ont rejoint le club. A l’image de Younousse Sankharé, 35 ans, expert de la Ligue 1, passé par le PSG, Dijon, Lille et Bordeaux, rejoint récemment par Bakary Sako, 36 ans. Cet habitué des matchs de Premier League avec Wolverhampton et Crystal Palace notamment est arrivé au club par l’intermédiaire du rappeur Sefyu, investisseur dans le FC 93. « C’est un coup de pub pour nous, mais au-delà de faire venir des joueurs qui ont une carrière, il faut faire venir des joueurs qui ont les mêmes valeurs que nous.commente Danioko. Ces joueurs nous feront aller encore plus loin. » De par leur expérience du monde professionnel, ces personnalités jouissent d’une crédibilité indéniable, et leur statut permet d’encadrer, d’expliquer et d’accompagner les plus jeunes, encore en formation. « Ils retournent en banlieue, pour rendre finalement ce qu’on leur a donné. Vous revenez à votre point de départ, vous transmettez un peu de votre force, de votre sagesse dans un projet humain. »
Un amour de banlieue
Petit à petit, le FC 93 a franchi les étapes et a surtout su se créer une véritable identité. En représentant les banlieues populaires, et la Seine-Saint-Denis en particulier, et en affirmant son rôle de club social, il parvient à toucher tout un segment d’acteurs : ceux qui en sont issus. Certes, l’Etoile Rouge est bien là avec sa dimension historique et son ancrage à gauche, mais il touche un public bien plus large que le « brut » 93. A Bobigny, on affirme le bagage et l’image du rue. Le même rue qui donne vie à toutes les superstars que nous connaissons. Le club balbynien, attaché à ses racines, arbore le numéro départemental dans son nom, et souhaite devenir LE club de banlieue par excellence, à l’échelle nationale, avec son propre état d’esprit. Siné Danioko : « Cet état d’esprit, c’est de ne jamais douter, d’oser, d’aller là où on vous dit de ne pas aller. Quand on vient de banlieue, ils nous mettent dans des cases. Nous avons donc un côté rue, mais nous savons nous organiser, nous structurer, nous pouvons être beaux, efficaces, et dans tous les domaines. » Derrière cette tirade, le directeur sportif pointe du doigt un mal récurrent dans notre société : « On n’investit pas assez en banlieue pour que tous les talents, quel que soit le domaine, puissent s’exprimer. Aujourd’hui, c’est un combat. » C’est au SCO de se frotter à cette banlieue rugissante.
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