C’est coulant en batinse. Le chroniqueur expérimenté dans le monde du hockey John Shannon a mis les bâtons dans les roues en invoquant que Samuel Montembeault avait été choisi par Hockey Canada parce qu’il est Québécois.
Selon lui, c’est une décision politique.
« Si vous regardez le ratio de Canadiens francophones et anglophones par rapport à l’équipe canadienne, je pense qu’ils [les dirigeants d’Hockey Canada] Je n’avais pas d’autre choix que de choisir Montembeault», a-t-il déclaré à l’émission Les pétroliers MAINTENANT sur la station de radio albertaine 880 CHED.
John Shannon jouit d’une excellente réputation dans le monde du hockey canadien, avec sa carrière approchant les 50 ans. Il a longtemps travaillé avec le réseau Sportsnet et commente maintenant comme informateur hockey de la LNH sur plusieurs stations de radio canadiennes anglophones du réseau Global. Il est également producteur de télévision sportive.
Il n’a pas fait cette déclaration comme s’il s’agissait d’une information qu’il avait apprise, mais plutôt comme une opinion.
Et chacun a droit à son opinion. Mais chacun a aussi le droit d’avoir une opinion sur celle d’autrui. Et là, je trouve ça un avis terrible.
Débat identitaire
Premièrement, évidemment, cela enflamme inutilement et injustement le débat identitaire. Je suis convaincu que tout le monde à Hockey Canada aurait bien dormi même si aucun Québécois n’avait été sélectionné.
Ensuite, c’est réducteur et loin d’être suffisant pour Samuel Montembeault. C’est comme s’il avait été pris par pitié et qu’il n’était pas assez bien. Comme lorsque notre maman nous demande d’amener notre petit frère quand nous allons jouer au hockey dans la rue avec nos amis.
Photo d’archives, MARTIN ALARIE
J’ai beaucoup de difficulté à suivre John Shannon lorsqu’il dit que Montembeault est moins bon que les autres. Jordan Binnington, Adin Hill, Logan Thompson, Cam Talbot et Mackenzie Blackwood étaient les principaux candidats. Les deux premiers faisaient équipe avec le gardien du Tricolore.
Premièrement, statistiquement, le gardien du Canadien est supérieur à Mackenzie Blackwood et Jordan Binnington cette année. Et largement.
Depuis le début de la saison 2023-2024, en 59 départs, Montembeault affiche un taux d’efficacité de .904. C’est d’ailleurs plus élevé que celui d’Andrei Vasilevskiy.
C’est très proche de celui d’Adin Hill (.906) et de Logan Thompson (.909).
Photo Getty Images via AFP
Pas les mêmes clichés
Mais il n’est pas nécessaire d’avoir un doctorat en hockey pour comprendre qu’avoir un pourcentage d’arrêts de ,904 avec le Canadien est beaucoup plus difficile que de le faire avec Vegas, où Hill et Thompson ont joué l’an dernier.
Les statistiques avancées indiquent qu’avec la qualité de leur défense, Vegas aurait dû accorder 248 buts l’an dernier. Montréal en est à 280. Le Tricolore a également accordé 251 tirs supplémentaires.
Autrement dit, les tirs qu’un gardien du Canadien doit arrêter sont souvent beaucoup plus dangereux que ceux que Vegas doit bloquer. Je crois que Montembeault aurait un pourcentage d’arrêts supérieur à 904 s’il gardait les buts de Vegas.
Et même là, cette année, 57 % des mises en chantier à Montembeault étaient de qualité, comparativement à 41 % pour Adin Hill. Merci à mon ancien collègue et légendaire expert des gardiens Gilles Moffet pour cette statistique.
Cam Talbot est celui qui possède en fait de meilleures statistiques que Montembeault depuis l’an dernier. Mais il a joué avec les Kings. Un autre club bien supérieur au Canadien défensivement. Talbot s’est cependant effondré en série en accordant 16 buts en 3 matchs. L’année précédente, il avait été mauvais avec les Sénateurs d’Ottawa. Bref, entre Talbot et Montembeault pour un gros match, j’aime mieux mes chances avec le deuxième.
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Je ne comprends pas
Je comprends qu’il n’a jamais gardé de buts en séries éliminatoires. Mais au Championnat du monde en 2023, en sept départs, il avait une moyenne de buts alloués de 1,42 et un ridicule pourcentage d’arrêts de ,939.
Quoi qu’il en soit, je regarde tout ça et je me gratte la tête. Comment peut-on vraiment croire que Sam Montembeault a été favorisé parce qu’il est Québécois ?
Si vous pouvez conserver des objectifs à Montréal, vous pouvez les conserver partout dans le monde. Que ce soit dans un championnat du monde, en playoffs ou au bord d’un volcan au bord de l’éruption. Et tout cela, sans oublier que devant son filet, il a toujours l’air calme et détendu comme un fonctionnaire de la SAAQ.
Et pensez-vous que Julien BriseBois ou Don Sweeney auraient accepté qu’on leur impose des joueurs pour des raisons politiques ? C’est absurde.
–Avec les données de MoneyPuck