Dans un avis consultatif rendu public, l’Autorité de la concurrence a identifié plusieurs secteurs susceptibles de présenter des risques d’abus de la part des principaux acteurs du numérique investissant dans l’IA. Il estime ainsi que ces entreprises « bénéficient d’un accès privilégié » à la puissance de calcul nécessaire au fonctionnement de l’IA générative, à un volume important de données et à un grand nombre de talents attirés par leurs salaires attractifs. Parmi les exemples cités, l’Autorité de la concurrence observe que la plateforme de vidéos YouTube « offre une source majeure de données d’entraînement des modèles d’IA » d’Alphabet, auquel appartient cette plateforme. L’Autorité s’inquiète également de voir ces entreprises « intégrer des outils d’IA générative dans leurs écosystèmes de produits et services », comme la fonction Copilot de Microsoft, propulsée par ses propres modèles et ceux de son partenaire OpenAI, leader de l’IA générative, à l’origine de ChatGPT. Elle relève également « un manque de transparence » dans les investissements et partenariats entre acteurs du secteur, « qui ne permet pas toujours de déterminer s’ils pourraient nuire à la concurrence ». « Ces inquiétudes sont partagées par les autorités de la concurrence du monde entier, comme le montrent notamment les enquêtes en cours concernant Alphabet, Amazon, Anthropic, Microsoft et OpenAI », précise-t-elle.
En janvier, la Commission européenne a annoncé son intention d’examiner l’investissement de Microsoft dans OpenAI pour vérifier s’il « peut être soumis à un examen en vertu du règlement européen sur les concentrations ». Face à ces dérives potentielles, l’Autorité de la concurrence a émis plusieurs recommandations : rendre le cadre réglementaire plus efficace afin de pouvoir réagir rapidement en cas d’atteinte à la concurrence, encourager l’innovation en assurant un meilleur accès à la puissance de calcul, et renforcer transparence dans le secteur. « Il est essentiel que le fonctionnement compétitif du secteur soit favorable à l’innovation et permette la présence d’une multiplicité d’acteurs », avance-t-il. L’Autorité de la concurrence s’était saisie de sa propre initiative en février de la question de l’IA générative et avait lancé une consultation publique, auditionnant une quarantaine d’acteurs et une dizaine d’associations d’acteurs.
