Services d’aide alimentaire | La demande augmente chez les étudiants – .

La hausse des loyers et du prix de l’épicerie pèse lourdement sur les étudiants universitaires du Québec. Des milliers d’entre eux se tournent vers les services d’aide alimentaire pour se nourrir. La demande croissante suscite l’inquiétude des organismes communautaires, qui ne sont pas toujours en mesure d’en fournir suffisamment.


Publié à 00:31

Mise à jour à 5h00



« Au total, 75 % de ma nourriture à la maison vient du bac alimentaire. » Pourtant, Béatrice Perron travaille à temps plein, en plus d’être étudiante au baccalauréat en histoire à l’UQAM. « Je ne vais pas à l’épicerie, ça coûte beaucoup trop cher », explique-t-elle. En plus des bacs alimentaires de son université, qui lui permettent de se procurer des aliments de base à bas prix, elle bénéficie de repas gratuits servis sur son lieu de travail.

Des situations similaires se répandent partout dans la province.

Il y a dix ans, les étudiants de niveau postsecondaire représentaient 5,8 % des utilisateurs des organismes d’aide alimentaire au Québec. En 2023, ce chiffre avait grimpé à 9,5 %, selon le plus récent Bilan-Faim publié par les Banques alimentaires du Québec.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Chez Multicaf, une soixantaine d’employés et bénévoles sont présents quotidiennement pour offrir des services sociaux et alimentaires.

Avec la fermeture de plusieurs services durant l’été, la situation s’aggrave pour certains étudiants. « Je m’attends, cet été, à avoir un record dans l’utilisation de nos services alimentaires par la communauté étudiante », affirme le directeur général de l’organisme communautaire Multicaf, Jean-Sébastien Patrice.

Sur les campus

Durant les sessions scolaires, 200 contenants alimentaires sont distribués chaque semaine aux étudiants de l’UQAM. Le même nombre est distribué aux étudiants de l’Université de Montréal. À l’Université Concordia, les organismes étudiants servent plus de 600 repas gratuits par jour. Un organisme de l’Université McGill en offre plus de 200 par semaine.

Et ils ont du mal à répondre à la demande.

Lorsque le service de repas gratuits People’s Potato arrive à l’Université Concordia, « la file fait le tour de l’étage », raconte l’étudiante Bernice Djaballah, qui reçoit les repas.

À la Sphère de services, qui offre le bac alimentaire à l’UQAM, la vitesse de vente des paniers alimentaires s’accélère et les listes d’attente s’allongent depuis deux ans. « Nous ouvrons [les inscriptions] « Vendredi midi. Vendredi, fin de journée, il n’en reste pratiquement plus. Parfois, ça se rend jusqu’au lundi, mais c’est rare », explique le directeur général Daniel Vandal.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Le bac alimentaire Sphère de services est distribué chaque semaine durant les sessions d’automne et d’hiver. Les étudiants peuvent se procurer un panier alimentaire au coût de 10 $.

Les élèves ont donc faim. Béatrice Perron aimerait aller chercher une boîte de nourriture chaque semaine, mais son horaire chargé ne s’accorde pas avec la disponibilité limitée de la nourriture. « Parfois, je l’oublie. Si je suis au travail, je n’arrive pas à la réserver assez rapidement. »

Durant la période estivale, le bac alimentaire de l’UQAM n’est plus offert, comme plusieurs autres services d’aide alimentaire universitaire. Certains étudiants tentent alors de trouver des ressources supplémentaires pour les mois à venir. « Il faut absolument que je regarde ailleurs », affirme Béatrice Perron, qui doit se tourner vers des organismes communautaires.

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La Sphère de services offre le bac alimentaire à l’UQAM.

Les services communautaires à bout de souffle

« La situation est urgente », déplore le directeur des services de première ligne de l’organisme. À deux mains, Bita Eslami. Located in the Notre-Dame-de-Grâce district, À deux mains offers various social services, particularly to young people aged 12 to 25, including many students.

L’utilisation des boîtes alimentaires d’urgence a augmenté de 170 % au cours de la dernière année.

Nous sommes absolument incapables de répondre à la demande. Nous refusons plusieurs personnes chaque jour par manque de nourriture et de budget. […] Nous faisons du stock deux fois par semaine et c’est parti le jour même.

Bita Eslami, directrice des services de première ligne de l’organisation Avec deux mains

Ce constat fait écho chez Moisson Montréal, qui fournit une grande partie des services d’aide alimentaire. « Au niveau des ressources des organismes, ils sont épuisés. Ils ont des limites quant à leur capacité à accueillir les gens », confirme Éliane Larouche, conseillère en communication.

« Un stress en moins »

Lucrezia Cavalli, étudiante à l’Université de Montréal, fréquente l’épicerie solidaire Multicaf depuis l’hiver dernier. Elle achète un panier complet de provisions pour seulement 7 $ toutes les deux semaines.

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Lucrezia Cavalli, étudiante au baccalauréat en nutrition à l’Université de Montréal, visite l’épicerie solidaire Multicaf plusieurs fois par mois.

Multicaf offre divers services sociaux et alimentaires à la communauté de Côte-des-Neiges, dont des repas et des produits d’épicerie à prix modique. Ici aussi, la demande a explosé. En 2019, seulement 2 étudiants ont eu recours à ses services. En 2024, ils sont maintenant 112.

Arrivée à Montréal il y a trois ans pour étudier, Lucrezia Cavalli a constaté que ses factures d’épicerie ont triplé depuis. Comme l’alimentation est « l’une des préoccupations majeures » de son budget, elle porte une attention particulière à toutes ses dépenses. « J’évite de sortir, je ne vais pas au restaurant, j’essaie de tout faire à la maison », dit-elle.

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Multicaf offre divers services sociaux et alimentaires à la communauté de Côte-des-Neiges.

Pour l’étudiante en nutrition, les produits Multicaf lui permettent de maintenir une alimentation équilibrée, sans pour autant éliminer les aliments sains de son épicerie. « Soit c’est l’argent, soit c’est la qualité de ce que l’on mange qui va en pâtir. C’est toujours l’un des deux. »

En complétant son épicerie avec des produits Multicafé, elle peut s’offrir une assiette où les protéines, les fruits et les légumes sont présents. « Dès que je vois qu’il y a de la viande, j’en prends tout de suite. Même chose pour les produits laitiers, ils sont extrêmement chers à l’épicerie », explique-t-elle.

Pour des étudiantes comme Lucrezia Cavalli et Béatrice Perron, qui sont venues s’installer à Montréal pour leurs études, l’aide alimentaire est un soutien essentiel pour « toutes les dépenses liées à l’éloignement de la famille », précise Béatrice Perron.

La pression monte

Pour bon nombre de ces organismes communautaires, l’insécurité alimentaire des étudiants est une préoccupation majeure. Daniel Vandal craint que l’aide alimentaire soit la seule béquille qui empêche les étudiants en situation précaire d’abandonner leurs études universitaires.

« Nous pensons que nous sommes les seuls à pouvoir aider les étudiants en matière de nourriture. […] En tant qu’organisme qui offre des services aux étudiants, nous considérons que nous sommes essentiels à une étape de leurs études, de leur vie.

Pour d’autres, c’est le sort de la prochaine génération qui est en jeu.

« Cette population est l’avenir de demain. Mais, en même temps, comment pouvons-nous nous concentrer pleinement sur nos études et construire un avenir alors qu’en ce moment, nous avons du mal à nous nourrir ? », s’interroge le directeur général de Multicaf, Jean-Sébastien Patrice.

 
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