« La culture donne un (…) – .

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Souleymane CISSÉ au Forum Bamako 2024. © Hady Photo

Invité pour la première fois au Forum de Bamako, dont le XXIVe édition était consacrée à la culture, facteur de « Réconciliation, Paix et Développement », le plus grand cinéaste malien – primé l’année dernière à Cannes – nous confie ses impressions. Interview exclusive.

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Propos recueillis par notre envoyé spécial à Bamako (Mali),
Bruno FANUCCHI pour AfricaPresse.Paris (APP) @africa_presse

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AfricaPresse.Paris (APP) – Est-ce votre première participation au Forum de Bamako ?

Souleymane CISSÉ – C’est la première fois que je suis invité, mais il est vrai que lors des éditions précédentes j’étais souvent en tournage et parfois même à l’étranger. L’année dernière, j’étais même au Festival de Cannes où – comme vous le savez – j’ai eu l’honneur de recevoir le Carriosse d’Or pour l’ensemble de mon œuvre cinématographique. Mais cette année, ma fille Mariam a insisté pour que je sois là car le thème de ce Forum concerne la culture.

Ma présence a même été saluée lors de la cérémonie d’ouverture et je suis très reconnaissante envers les organisateurs de ce Forum, que nous devons ardemment soutenir car la culture est un domaine malheureusement trop souvent incompris et négligé dans notre société. C’est pourquoi j’ai été fasciné par tous ces débats pendant trois jours et j’espère que ces discussions et ces résolutions seront suivies, c’est le plus important.

APP – Pensez-vous vraiment que la culture peut faire bouger les choses au Mali, votre pays qui traverse actuellement des moments difficiles et une Transition qui n’en finit plus ?

Souleymane CISSÉ – C’est ma ferme conviction. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi le cinéma comme carrière. Le thème de ce XXIVe édition du Forum a été particulièrement bien choisie : « Culture, Réconciliation, Paix et Développement ». Parce que je pense que la culture donne du sens à notre combat et à notre existence. Si nous y croyons vraiment, les choses peuvent s’améliorer. Pour nous, la culture a toujours eu un rôle important dans l’histoire et peut aussi avoir un rôle très important aujourd’hui, notamment dans la situation actuelle du Mali.

APP – La culture ne peut-elle pas aussi avoir un poids économique très bénéfique ?

Souleymane CISSÉ – L’industrie culturelle – excusez-moi du terme – « va mal » au Mali. Je prends par exemple le cas de l’industrie cinématographique que je connais bien, cette notion n’existe pas jusqu’à présent dans notre pays et c’est vraiment dommage. Nous avons certes des ministères et des services, mais la politique culturelle, cinématographique et industrielle n’existe pas au Mali. Pourtant, c’était le combat de toute ma vie.

Je me suis battu pour que nous puissions le comprendre et emmener notre pays sur cette voie, car je sais que nous pouvons le faire. Puisque d’autres pays africains ont réussi à le faire comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigeria et le Kenya. J’ai visité tous ces pays et je vois comment l’industrie cinématographique évolue et participe au développement économique. Mais je pense que les cinéastes ici sont malheureusement très mal compris

A son retour du Festival de Cannes il y a un an, Souleymane CISSÉ s’est rendu à Bamako pour présenter son Carrosse d’Or au président Abdoullah COULIBALY. ©DR

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« Je crois en l’avenir du Mali. Son histoire
est étroitement lié à celui de notre famille »

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APP – Cela ne vous a pas empêché d’être distingué et récompensé l’année dernière lors du 76e édition du Festival de Cannes…

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Souleymane CISSÉ – Ce fut un moment fort et une très belle reconnaissance qui m’est allé droit au cœur. Ce Carriosse d’Or, qui m’a été décerné en mai 2023 au Festival de Cannes pour l’ensemble de mon œuvre, de 1972 à 2023, a révélé des choses que, peut-être, je me cachais, voire même.

Je crois que ceux qui ont pris cette initiative avaient raison car c’était une consécration pour moi, même si pendant toute cette période je n’ai réalisé qu’une dizaine de films, faute de moyens. Je parle exclusivement des longs métrages bien sûr, car je ne compte pas les documentaires…

A mon retour de Cannes, il y a un an, j’ai remis cette « Carriosse d’Or », dont je suis très fier, au président Abdoullah Coulibaly. Il a eu ces mots qui m’ont beaucoup touché : « Reçu par un digne Fils du Mali, ce Carrosse d’Or honore tout le cinéma du Continent ».

APP – Au-delà de la vie quotidienne, aujourd’hui très difficile pour tout le monde à Bamako en raison des coupures d’électricité constantes, quelle semble être ici la priorité ?

Souleymane CISSE – Je crois que le Mali avancera, quoi qu’on en dise. Cela a toujours été mon rêve. Quels que soient les obstacles, je crois en l’avenir du Mali. C’est dans ma lignée, dans mon sang, car l’histoire du Mali est étroitement liée à notre histoire familiale, l’histoire des Cissé. Je me dis que tôt ou tard, ce pays – héritier de l’empire mandingue – aura son mot à dire sur la scène internationale. Et ce moment viendra où les Maliens eux-mêmes comprendront qu’ils ont un rôle à jouer non seulement en Afrique mais dans le monde.

Nos autorités devraient s’intéresser davantage à la culture, car il est vrai que les industries créatives dans toute leur diversité – non seulement le cinéma, mais aussi la mode, la peinture, les arts plastiques, la maroquinerie, etc. – comme l’artisanat, peuvent être une Source d’emploi importante. et des revenus pour des milliers de jeunes qui ne manquent pas de talent ni d’esprit d’initiative, mais qui sont encore souvent à la recherche d’un travail qui leur donne un sens à leur vie.

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