» Le cordon sanitaire doit permettre d’éviter l’extrême droite au pouvoir. Mais cela ne veut pas dire que le combat est gagné.» – .

» Le cordon sanitaire doit permettre d’éviter l’extrême droite au pouvoir. Mais cela ne veut pas dire que le combat est gagné.» – .
» Le cordon sanitaire doit permettre d’éviter l’extrême droite au pouvoir. Mais cela ne veut pas dire que le combat est gagné.» – .

Il y a du nouveau à la tête de la Ligue des droits de l’Homme (LDH). L’organisation de défense des droits humains ne sera plus présidée par Edgar Szoc qui, après deux ans de mandat, laisse sa place à Sibylle Gioe. Cette avocate liégeoise, spécialisée dans les droits des étrangers et les questions de genre (elle est l’une des plumes à l’origine de la loi « féminicide » en Belgique, NDLR) a été élue ce samedi matin par l’assemblée générale de la LDH.

Après une passation de pouvoir symbolique, Sibylle Gioe débutera lundi sa mission à la tête de la LDH. “Parce que la défense des droits de l’homme n’a pas de calendrier. Nous devons agir tout le temps, partout», raconte-t-elle lors de ce premier entretien accordé à Le Libre. En ligne de mire : les discours d’extrême droite.

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Car depuis plusieurs années, Sibylle Gioe s’intéresse également aux conséquences de la montée des extrémismes sur les droits humains. A une semaine des élections régionales et fédérales en Belgique, le nouveau président de la LDH estime que le gouvernement sortant ne s’est pas toujours distingué positivement dans ce domaine.

Et de citer, à titre d’exemple, le projet de loi « anti-casseurs », la circulaire visant l’interdiction préalable des manifestations ou encore tout le débat ciblant les actions syndicales en vue de «criminaliser les mouvements sociaux». C’était notamment le cas, explique-t-elle, lorsqu’il était évoqué le blocage des routes lors d’actions syndicales, un acte considéré comme une entrave malveillante à la circulation (qui constitue un délit pénal). “N’oublions pas non plus toute cette rhétorique extrêmement dure lorsqu’il s’agit de parler de migration, comme s’il s’agissait d’un problème dont il fallait se débarrasser, et non d’êtres humains fuyant les persécutions dans des pays décimés par de multiples conflits ».

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Optimiste, Sibylle Gioe estime cependant qu’il y a des enseignements positifs à tirer. Dans le but de lutter plus efficacement contre la montée de l’extrémisme.

La liberté d’affirmer ses opinions « pour tous »

»Le cordon sanitaire devrait, en principe, permettre d’éviter l’extrême droite au pouvoir. Mais cela ne veut pas dire que le combat est gagné. Face à la percée attendue de l’extrême droite, la LDH est et restera vigilante. Nous savons que les programmes électoraux de ce type de partis ont souvent pour objectif premier de porter atteinte aux droits de l’homme.souligne Sibylle Gioe. Et quand nous voulons attaquer les droits de l’homme, ce sont les fondements de la démocratie que nous attaquons.»

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Sibylle Gioe s’inquiète également du fait qu’il soit de plus en plus fréquent d’entendre, de la part des partis démocrates, des propos empruntés à des mouvements extrémistes. “L’extrême droite ne doit pas servir d’épouvantail. C’est pourquoi nous sommes vigilants contre la banalisation de ces discours.»

Elle poursuit : «Nous sommes conscients que la LDH, parce qu’elle joue un rôle de garde-fou, a tendance à parfois être inquiétante. Certains décrivent les luttes de la Ligue des droits de l’homme et de toutes les organisations de défense des droits de l’homme comme une lubie de personnes marginalisées défendant d’autres personnes marginalisées. Non. La défense des droits de l’homme concerne tout le monde. Quand nous défendons le droit de manifester, ce n’est pas l’objet d’une manifestation que nous défendons, mais la liberté, pour chacun, d’affirmer ses opinions.

“Pas une variable d’ajustement”

Former un gouvernement pourrait prendre du temps. Mais la Ligue des droits de l’Homme est d’ores et déjà prête à fournir à la prochaine coalition une liste de devoirs à respecter. “Cela peut paraître étrange à dire, mais la première chose à laquelle on prête attention est le rappel d’un cadre de l’État de droit à respecter, insiste Sibylle Gioe. Je pense notamment au fait que la Belgique a été condamnée à de nombreuses reprises pour sa politique migratoire désastreuse. Derrière ces affaires, il y a des vies humaines, mais les décisions de justice sont ignorées.»

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Et de conclure : «Les droits de l’homme ne sont pas une variable d’ajustement. Et même si le contexte semble compliqué, la LDH, avec l’ensemble des citoyens, ne doit pas baisser les bras. Même si la percée de l’extrême droite est inquiétante, nous devons continuer à lutter pour notre démocratie. Chaque petite victoire en faveur de nos droits fondamentaux est un pas dans l’intérêt des générations suivantes. Parfois, il a fallu se battre pendant des années pour faire reconnaître des droits aujourd’hui incontestés.»

 
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