[HOMÉLIE] Qui nous fera voir le bonheur ? – .

[HOMÉLIE] Qui nous fera voir le bonheur ? – .
[HOMÉLIE] Qui nous fera voir le bonheur ? – .
Prêtre de la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse, le père Simon d’Artigue commente l’évangile du 3e dimanche de Pâques. Le vrai bonheur ne se quantifie pas, ne se vend pas, il se donne dans la rencontre avec une personne : Jésus.

C’est toujours intéressant de s’arrêter dans un bistrot, de s’appuyer au bar, de lire à tout le monde un verset d’un psaume et d’écouter les commentaires, ces fameux « contre-mémoires ». L’autre jour, j’ai essayé avec le psaume de ce dimanche : « Qui nous montrera le bonheur ? » (Ps 4.) Les réactions ne furent pas rapides. « Bien sûr, c’est M. Trigano, « Le bonheur si je veux », c’est le Club Med, les plages de sable fin, les cocotiers, les cocktails au bord de la piscine, les enfants à la garderie, quel rêve ! » « Vous plaisantez ou quoi ? “Le bonheur est dans le pré”, surtout quand dans ce pré il y a une quinzaine de Toulousains : ah oui, quand on voit les joueurs du stade se précipiter à l’assaut des lignes anglaises et leur donner une leçon de rugby, c’est du pur bonheur, c’est Dupont, N ‘Tamack et Meafou qui nous montreront le bonheur, c’est eux qui nous montreront le bouclier de Brennus ! » « Mais non, « Le bonheur, c’est simple comme un coup de téléphone » : c’est Bouygues, SFR ou Orange qui vous l’assurent… » « Ouais, finalement le bonheur n’est pas si simple ! »

Mesures du monde

Sans parler de tous ces marchands de bonheur qui vous vendent des pilules du bonheur, du bonheur à fumer, la recette du bonheur, ou encore le chemin du bonheur entre Katmandou et Larzac… et vous les entendez tous vous vanter à grands cris que leur bonheur est le meilleur. dans le monde et les autres ne valent rien. Eh oui ! le bonheur est devenu une valeur marchande comme une autre, une valeur que l’on achète, une valeur soumise au cours de bourse… Mais cette prolifération de petits bonheurs, de bonheurs partiels, n’est-elle pas le signe même que nous ne sommes pas trouver Bonheur ?

Preuve en est : une victoire du Stade en finale, une semaine de bronzage au Club Med ou quelques feuilles de cannabis nous procurent certes de l’excitation, de la tranquillité, de la détente ou toute autre sensation passagère, mais cela ne nous apporte pas de bonheur. Ce n’est pas le bonheur ! c’est d’un tout autre ordre, ce n’est pas quantifiable, du moins pas avec les mesures du monde, ça ne se pèse pas en grammes, ce n’est pas chronométré en minutes, ça ne se mesure pas en kilomètres.

C’est une personne

Le bonheur, s’il existe, est quelque chose qui nous dépasse infiniment, quelque chose qui ne s’épuise pas comme ça, quelque chose qui comble et qui dure. « Qui nous fera voir le bonheur ? » La Bible répond à cette question : « Sur nous, Seigneur, que ton visage brille » (Ps 4,7). Pour la Bible, pour nous, le bonheur n’est pas quelque chose, ce n’est pas un objet matériel, pour nous le bonheur est une personne, un visage, une rencontre : Jésus. Et comme dans toute rencontre, il faut du temps pour découvrir l’autre, il faut du temps pour accéder au cœur de ce bonheur, qui a quelque chose de profond, de mystérieux.

Les apôtres ont fait cette rencontre, ils ont rencontré Jésus un jour au bord du lac de Galilée, ils l’ont suivi pendant trois ans, ils l’ont écouté enseigner, ils l’ont vu accomplir ces miracles et pourtant ils ne le savaient pas encore, pas tout à fait, pas en profondeur. C’est Jésus lui-même qui leur donnera accès à son cœur, qui ouvrira leur esprit à la compréhension des Écritures (Lc 24, 35). Pour nous, c’est pareil. On pourrait dire que nous connaissons Jésus, avec nos cinq années de catéchisme : « Jésus, c’est bien, je l’ai côtoyé, je n’ai plus rien à apprendre de lui, j’ai tout vu. »

Accepter de le rencontrer

Peut-être connaissons-nous sa vie, comme nous connaissons celle de Napoléon ou de Clovis, mais justement, ni Napoléon ni Clovis ne sont capables de nous apporter le bonheur, car le bonheur n’est pas seulement de l’ordre de l’intelligence, ou de l’avoir : le bonheur est de l’ordre de l’être, de la vie. Et si nous connaissons Jésus avec notre seule intelligence, comme simple personnage historique, il ne nous apportera pas non plus le bonheur. Si, au contraire, nous acceptons de le rencontrer, si nous acceptons de nous laisser toucher, si nous acceptons de « garder ses commandements » (Jn 2,3-4), c’est-à-dire de conformer notre vie à sien, d’imiter Jésus dans chaque aspect de notre vie, dans nos pensées, nos paroles et nos actions, alors le bonheur nous sera donné.

Or c’est peut-être ce qui nous fait peur, le changement que cela impliquerait ; tant que croire n’est qu’une habitude ou une conformité sociale, tant que cela ne remet pas trop en question les choses de la vie, tant que cela ne nous met pas en danger… on ne voit pas que croire soit dangereux : hors douze apôtres, onze sont morts martyrs et saint Irénée a ajouté qu’un « chrétien ne meurt pas dans son lit ». C’est sûr que c’est moins commercial que les slogans du Club Med !

Ne cherchez plus

Ceci est bien, ce bonheur ne se vend pas, il se donne et le signe de ce bonheur, la marque de ce bonheur divin, c’est la paix et la joie profonde qui habitera notre cœur, la paix que le Christ apporte à ses apôtres chaque fois qu’il parmi eux, la joie qui illumine le visage de tous ceux qui ont un jour rencontré le regard du Christ et l’ont suivi. « Qui nous fera voir le bonheur ? » Ne cherchez plus, levez les yeux vers Jésus-Christ, il est notre joie, il est notre paix, il est notre bonheur.

Pratique

Lectures et Evangile pour le 3ème dimanche de Pâques :
Actes 3, 13-15.17-19 ;
Ps 4 ;
Jn 2:1-5 ;
Luc 24 : 35-48

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Le gouverneur de la Fed, Christopher Waller, déclare que l’inflation augmente, mais que des hausses de taux ne sont pas nécessaires
NEXT L’inflation ralentit à 2,7% en avril