Ce dimanche, à 21h, la Géorgie entrera dans l’histoire en disputant son premier match à élimination directe, pour sa première participation à l’Euro, contre l’Espagne. Un homme en est la clé de voûte : le sélectionneur français Willy Sagnol, qui a conquis le petit pays de 4 millions d’habitants.
Certains plaisantent en disant que Willy Sagnol aura bientôt sa statue à Tbilissi, la capitale géorgienne. On plaisante, mais on n’en est pas loin quand même. Car depuis qu’il a pris la direction des « Croisés » en février 2021, la Géorgie n’a cessé de progresser. Jusqu’à ce huitième de finale historique face à l’Espagne.
« Il est le créateur de tout cela. Il a rendu cette équipe très solide », explique le milieu de terrain Otar Kiteishvili. « En interne, il est très bon car chacun connaît son rôle, comment se préparer, comment s’entraîner. C’est lui qui communique très bien avec chaque joueur, il nous prépare très bien psychologiquement, on avait besoin de ça. Je suis sûr qu’il trouvera à nouveau les bons mots contre l’Espagne. Le gardien Giorgi Mamardashvili ajoute sobrement : “Il nous dit de garder ce niveau, de continuer à jouer et de penser à rester solides avant d’attaquer.”
« Il a réalisé nos rêves »
Car s’il a apporté ses connaissances tactiques et sa connaissance du jeu, Willy Sagnol est aussi très loué pour ses qualités humaines. Un journaliste géorgien a expliqué que l’ancien joueur du Bayern Munich avait changé sa vision des Français, qu’il jugeait hautains. Tout le contraire de Willy Sagnol, simple et accessible. Dans le jeu, rien de transcendant mais une recette qui marche. « Il a amélioré les choses petit à petit, l’état d’esprit, le fait de garder la tête froide, la mentalité, détaille Irakli Imedadze, journaliste géorgien. Je l’ai parfois interrogé sur certains choix. Mais lors des qualifications pour l’Euro, on s’est embrassé. C’est un très bon manager”.
L’ancien entraîneur bordelais bénéficie également d’une superbe génération et d’éléments essentiels : un gardien exceptionnel et une attaque Mikautadze-Kvaratskhelia qui fait trembler toutes les défenses d’Europe. « Certains journalistes et fans l’ont parfois critiqué, mais pas moi », se défend Amiran Shaishmelashvili, un autre journaliste. Selon moi, après Vladimir Weiss (entraîneur de 2016 à 2020), il a commencé par continuer à développer l’équipe. Mais pour moi, c’est le meilleur entraîneur de l’histoire de notre sélection même s’il a eu quelques décisions controversées. Il a choisi certains joueurs plutôt que d’autres mais quand les résultats sont là, la plupart des gens ont raison ! je l’aime parce qu’il a réalisé nos rêves.
Un projet à moyen terme
Le mérite qui lui revient est peut-être, avant tout, celui d’avoir accepté ce défi un peu fou au sortir de la pandémie, alors que la Géorgie désespérait de ne pas connaître de grandes compétitions internationales. « Je pense que je fais partie de ces gens qui ont été amenés à réfléchir pendant cette crise, sur nos envies, nos priorités, toutes ces choses-là. Et disons que le discours des dirigeants géorgiens m’a marqué, a expliqué Willy Sagnol sur RMC. Leur projet humain, réaliste, m’a davantage parlé que d’autres projets un peu plus compliqués. »
Un projet à moyen terme aussi, qui a permis à Sagnol de bien connaître son groupe et de passer de longues périodes dans le pays. L’ex-entraîneur de Bordeaux ou de l’équipe de France de jeunes savoure ces moments : « C’est énorme, sans commune mesure avec ce que j’ai pu vivre en tant que joueur. « Quand tu es joueur, tu es toujours dans l’action, tu es jeune, tu as l’impression d’avoir toute la vie devant toi. Quand on est coach, ça veut dire qu’on est un peu plus âgé, qu’on a plus d’expérience et peut-être qu’on prend plus de temps pour apprécier les bonnes choses. C’est ce que je vis en ce moment.
