Entretien. Le Trumpisme en ? « Il y a une forme de spécificité politique parmi nous »

Entretien. Le Trumpisme en ? « Il y a une forme de spécificité politique parmi nous »
Entretien. Le Trumpisme en France ? « Il y a une forme de spécificité politique parmi nous »

Christian Saumon. Photo DR


En quoi Donald Trump est-il différent ?

« Il transgresse toutes les habitudes de discours et de comportement que l’on attendait d’un grand leader. Dans son langage, il mélange les insultes, les interjections, les phrases inachevées, les anathèmes… Il mélange tous les sujets avec un point commun, le rejet de l’autre. »

Ce que vous appelez le « discours poubelle » (travaux de langage) ?

” Exactement. Trump se démarque aussi par sa campagne : des meetings où il incarne une sorte d’acteur de télé-réalité, et des interventions sur les réseaux sociaux. Les réseaux n’appellent pas à la discussion, au dissension démocratique, mais encouragent le rejet de l’autre avec les algorithmes de son ami Elon Musk. Quant à la télé-réalité, à laquelle Trump doit sa notoriété, c’est aussi la confusion du réel et de l’imaginaire, du vrai et du faux, l’incarnation politique qui se transforme en auto-exhibition. »

« Il est important de distinguer Trump du Trumpisme »

D’où l’incrédulité générale ?

«C’est le discrédit. En 2008, Barack Obama a déclaré : «Oui, nous pouvons”(Oui, nous le pouvons), a-t-il tenté face à la crise financière de redonner de la crédibilité à l’action politique. En 2016, Donald Trump ne cherche pas à se légitimer, à incarner une compétence ou un espoir – il surfe sur le discrédit général, tel un banquier de la colère. »

Le Trumpisme a-t-il un avenir en ?

« Il est important de distinguer Trump du trumpisme. Le trumpisme est né de la rencontre de la crise du néolibéralisme, de la crise financière, et de la révolution numérique et de ses réseaux sociaux qui servent de caisse de résonance au discrédit. Le trumpisme a commencé avec le Brexit et s’est poursuivi au Royaume-Uni avec Boris Johnson, au Brésil avec Jair Bolsonaro, en Argentine avec Javier Milei… Ils s’émancipent de toutes les limites qui fondent le pacte de représentation démocratique, de croyances collectives en compétence. , aux vertus de la délibération…

Il existe en France une forme de spécificité politique. Marine Le Pen, par exemple, se méfie des dérives du trumpisme et tente d’ériger le Rassemblement national en parti de gouvernement, respectueux de la dignité des débats à l’Assemblée – ce n’est peut-être qu’une apparence, mais cela répond à une tradition qui reste dominante. en France. Cela n’empêche pas des mouvements sismiques dans notre société de déni du politique, avec certaines chaînes de télévision qui surfent sur ces mouvements pour alimenter le discrédit général. »

« Emmanuel Macron pratique une transgression polie »

Retrouve-t-on du trumpisme chez Emmanuel Macron ?

«Je ne dirais pas ça comme ça. Mais il a été élu en 2017 comme un homme nouveau proposant toutes sortes de transgressions, et il a ainsi contribué à discréditer la politique habituelle. Et il ne s’embarrasse pas de cohérence, disant parfois tout et son contraire, mais de manière plus civilisée que Trump – disons qu’il pratique une transgression polie. »

L’empire du discrédit by Christian Salmon (Les Liens qui Libération).

France

 
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