Au pouvoir depuis 2015, le chef du gouvernement canadien est critiqué pour l’inflation et la crise du logement, et mis sous pression par Donald Trump. Il pourrait annoncer sa démission dès lundi 6 janvier, selon les journaux « The Globe and Mail » et « The Toronto Star ».
Trudeau sorti ? Sous la pression au sein de son parti libéral, le Premier ministre canadien, confronté à la plus grave crise politique depuis son arrivée au pouvoir il y a neuf ans, pourrait démissionner dès lundi 6 janvier, selon plusieurs médias du pays. Selon les journaux Le Globe and Mail et Le Toronto StarDes sources au sein du Parti libéral s’attendent à ce que Justin Trudeau se retire avant une réunion nationale de son parti prévue mercredi. L’officialisation pourrait avoir lieu dans les prochaines 24 heures, ont indiqué ces sources aux deux journaux, alors que les services du Premier ministre ont refusé de commenter cette information.
Une telle annonce de la part du chef de l’Etat, aujourd’hui âgé de 53 ans, interviendrait, en tout cas, à quelques mois des prochaines élections législatives qui doivent se tenir d’ici fin octobre.
Après neuf ans au pouvoir, la popularité de Justin Trudeau s’est considérablement affaiblie ces derniers mois. Son gouvernement a survécu de justesse à une série de votes de censure tandis que ses détracteurs réclamaient sa démission. Le chaos règne dans la capitale Ottawa depuis la démission surprise en décembre de la vice-première ministre Chrystia Freeland, sur fond de désaccords avec Justin Trudeau sur la manière de gérer la guerre économique qui s’annonce avec les Etats-Unis. Les déclarations de Donald Trump ces dernières semaines ont aggravé la crise politique canadienne et provoqué une onde de choc. Le pays cherche une solution aux menaces de Donald Trump, qui a promis d’imposer des droits de douane de 25 % au Canada et au Mexique dès son retour au pouvoir en janvier.
Pour éviter une guerre commerciale, Justin Trudeau s’est rendu en Floride en novembre pour rencontrer le président élu dans sa propriété de Mar-a-Lago. Sans succès. Depuis, Donald Trump, qui prendra ses fonctions de président des États-Unis le 20 janvier, assène des coups humiliants au Premier ministre canadien sur les réseaux sociaux, prenant notamment plaisir à le traiter de “gouverneur” du Canada, comme s’il s’agissait d’un État américain.
Faible cote de popularité
Après près d’une décennie au pouvoir, Justin Trudeau souffre aujourd’hui d’une faible popularité. Il est considéré comme le principal responsable de la forte inflation qui frappe le pays et de la crise du logement et des services publics. Dès son arrivée en 2015, le monde entier a observé avec intérêt, voire admiration, les premiers pas au pouvoir de ce jeune leader multilatéraliste qui proclamait : « Le Canada est de retour » sur la scène internationale.
Fils aîné du charismatique Pierre Elliott Trudeau, ancien Premier ministre décédé en 2000, Justin Trudeau a longtemps cherché sa voie : boxeur amateur, moniteur de snowboard, professeur d’anglais et de français… Il a finalement suivi les traces de son père et est entré tardivement en politique. en 2007, avant d’être élu député de Montréal en 2008 puis chef d’un parti libéral en lambeaux en 2013. Premier ministre, il a fait du Canada le deuxième pays au monde à légaliser le cannabis, a introduit l’aide médicale à mourir et une taxe sur le carbone, a lancé une enquête publique sur les femmes autochtones disparues et assassinées et signera une version modernisée de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) .
Si la démission de Justin Trudeau semble imminente, une dernière question demeure : le quinquagénaire restera-t-il le chef par intérim de son parti ou va-t-il quitter immédiatement ce poste et la vie politique.