Il n’a pas encore 30 ans. Il les aura l’été prochain mais, néanmoins, une lourde tristesse semble s’emparer de lui lorsqu’il arrive au bar. “Je suis schizophrène”, déclare-t-il en préambule de son procès. De quoi est-il accusé ? Dans la journée du 3 août 2024, il a menacé d’égorger ses voisins en criant sur ce palier d’un immeuble de Bellevue, à Brest, puis il leur a téléphoné en jurant de « brûler la porte » pour pouvoir travailler. ses sombres desseins. Deux fois. A l’intérieur de l’autre appartement, une femme, son amie et deux de ses enfants, pétrifiés. Le plus petit, âgé de 10 ans, serait encore en proie à des « cauchemars récurrents » quatre mois plus tard, selon l’avocat de la partie civile.
“Je les ai aimés”
Pourtant, jusque-là, « nous étions amis-amis » explique le prévenu, la voix fatiguée. Il allait souvent manger chez eux et donnait même de l’argent pour l’épicerie. Prise ! Il avait même prêté un ordinateur à l’enfant, et la seule dispute vénielle portait sur une petite somme d’argent prêtée à l’un des fils, lui aussi sous tutelle renforcée. “Mais ce jour-là, j’ai appris qu’ils parlaient dans mon dos”, corrige-t-il comme pour se donner une raison, “j’étais frustré parce que je les aimais.” Il voulait donc récupérer l’argent et l’ordinateur. Et tout est arrivé à un point critique.
Une menace pour sa liberté
Le président Kerisit cherche à comprendre si, au moment des faits, il était à jour de ses médicaments. Il se trompe, ne sait pas vraiment quand il l’a pris ni même s’il l’a pris : « J’avais bu la veille ». Par ailleurs, son contrôle judiciaire suite aux faits démontre qu’il est sujet à un bon nombre d’absences. Il a sauté des rendez-vous à Émergence, il ne s’est pas rendu chez le psychologue pour réaliser l’expertise nécessaire, étant un majeur protégé. “Je ne peux pas me déplacer, je n’ai personne pour m’aider”, déplore-t-il, expliquant que son mauvais genou l’en empêche aussi. “Ta mère ne peut pas?” », interroge le juge. “Elle ne m’a plus parlé depuis ce jour.” Amis? « Oui, un peu » mais c’est sa gouvernante qui l’a assigné en justice. «J’ai été hospitalisé le mois dernier. J’étais trop stressé en attendant le procès», poursuit celui qui semble empêtré dans ses ennuis. Le procureur Johanny constate mais rappelle que les faits ne sont pas neutres. Et rappelle encore une fois un casier judiciaire ventru avant de réclamer quatre mois de prison. Elle ne sera pas suivie par le tribunal qui le condamne à 60 jours-amende d’un montant de 10 euros, qu’il aurait tout intérêt à payer. Sinon, il irait en prison pendant autant de jours.