Ce dernier rappelle également que le Maroc a élaboré une « Stratégie de développement bas carbone à l’horizon 2050 », fixant les grandes orientations de l’économie et de la société marocaines en matière de décarbonation entre 2020 et 2050.
« En matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), la contribution déterminée au niveau national (NDC) du Maroc a été augmentée en 2021 et se traduit désormais par un objectif de réduction des émissions de GES de 45,5 % d’ici 2030 (objectif inconditionnel de 18,3%) par rapport au statu quo » , explique la note intitulée « Finances publiques vertes : un outil clé pour la transition écologique au Maroc ? « .
La décarbonisation de l’économie nécessitera des investissements massifs
La note indique, en ce sens, que la mise en place à partir du 1er janvier 2026 du mécanisme européen d’ajustement carbone aux frontières (MACB) cristallise cet impératif de transformation pour une économie marocaine qui génère les deux tiers de ses échanges avec l’UE.
Cela pourrait être un facteur de différenciation pour les exportations marocaines par rapport à d’autres pays de la région moins volontaristes en matière de décarbonation. « Le financement de la transition écologique constitue le principal défi macroéconomique du pays dans les années à venir. La Banque mondiale estime ainsi que la mise en œuvre du CDN du Maroc nécessite un effort financier de 78,8 milliards USD sur la période 2020-2030, soit 7,2 milliards USD en moyenne par an (soit 5,2% du PIB).» , ajoute la note.
« Dans un contexte de pression sur les finances publiques liée à la mise en œuvre des grands projets nationaux, le rôle du secteur privé sera essentiel pour réussir cette transition écologique, mais nul doute que les finances publiques joueront un rôle d’impulsion majeur », indique la note. En effet, poursuit la même source, le taux d’investissement au Maroc est l’un des plus élevés au monde (25% du PIB) et les deux tiers sont d’origine publique.
« En contrepartie, les efforts marocains en matière de transition écologique permettront également de capter certains financements internationaux. Le Royaume a par exemple obtenu 1,3 milliard USD de la Facilité pour la résilience et la durabilité du FMI, dont le décaissement est conditionné à la réalisation d’un certain nombre de réformes financières. secteur public vert», est-il indiqué.
De même, la note cite l’exemple de Bank-Al-Maghrib qui s’est engagée en février dernier à développer le recours aux obligations vertes, sociales et durables, dans le but de diversifier ses réserves de change (de 7% à 10% des réserves). « Depuis 2016, la banque centrale a déjà investi 300 millions USD dans des obligations vertes émises par la Banque mondiale (dont 200 millions USD en octobre 2023) », rapporte la même source.
La fiscalité environnementale toujours absente du code général des impôts
Elle souligne également que l’année 2024 sera marquée par une initiative majeure en matière de fiscalité avec la réalisation d’une étude en vue de la mise en place d’une taxe carbone au Maroc. « La conception dudit impôt à travers notamment la délimitation de son périmètre et la détermination des modalités de son application et la mesure de son acceptabilité sociale se fera en concertation avec les départements ministériels concernés, et via l’appui technique de institutions financières internationales », expliquons-nous.
Vers une mobilisation de toutes les finances publiques vertes
« En 2023, le Maroc s’est en effet engagé auprès du groupe AFD à travers un prêt d’ordre public d’un montant de 80 millions d’euros, accompagné d’un programme d’assistance technique (soutenu par Expertise France), pour orienter l’action publique sur les enjeux de transition écologique et énergétique, notamment via cinq domaines de coopération : (i) le budget vert, avec la création d’un rapport ad hoc annexé au projet de loi de finances ; (ii) l’intégration des considérations climatiques dans les marchés publics ; (iii) l’élaboration d’un cadre d’émission d’obligations vertes ; (iv) la gestion durable des entreprises et des établissements publics ; (v) l’élaboration d’une taxonomie de la finance verte », détaille la note.
Les plans d’investissement des grandes entreprises et des organismes publics seront les principaux vecteurs pour atteindre les objectifs de décarbonation du mix énergétique, en premier lieu le groupe OCP (2023-2027) dont le programme est doté de 130 milliards de dirhams et l’Agence Fondation Marocaine pour l’Energie Durable. (MASEN) qui prévoit près de 8,7 milliards de dirhams d’investissements en 2024, souligne la note.
Cette réorientation globale des finances constitue donc la clé des ambitions du Maroc en matière de décarbonation de son économie, conclut-elle.