L’énergie en questions : la géothermie

Cette semaine, poursuivons notre exploration des énergies renouvelables. Après la biomassedécouvrons la géothermie, une énergie en plein essor qui est juste sous nos pieds.

La géothermie, comment ça marche ? Jean-François Pilet, directeur de la société AGEPP SA (Production d’Énergie Géothermique Alpine), représentant de Romande Énergie dans ce projet, nous éclaire.

« La chaleur naturellement présente dans le sous-sol de notre planète représente une formidable Source d’énergie. La géothermie est une technique qui utilise cette chaleur pour le chauffage et la production d’électricité. L’installation géothermique la plus répandue en Suisse est la pompe à chaleur : elle capte la chaleur souterraine à faible profondeur (entre 50 et 300 mètres) à l’aide d’une sonde en forme de U contenant un liquide. Ce liquide est ensuite remonté à la surface, où la pompe à chaleur augmente sa température. Celui-ci permet de chauffer l’eau de toute la maison : radiateurs, douches, robinets, etc.

Il existe d’autres installations fonctionnant sur le même principe, mais qui utilisent la géothermie plus profonde : ce sont les installations pétrothermiques, qui profitent de la chaleur de la roche souterraine, et les installations hydrothermales, qui exploitent l’eau chaude des profondeurs.

Installations pétrothermiques

Les installations pétrothermiques exploitent des gisements et des forages qui peuvent également aller jusqu’à 5 000 mètres de profondeur, atteignant ainsi des températures très élevées qui permettent de chauffer l’eau envoyée via un puits à plus de 100°C. Grâce à la circulation de l’eau créée à partir d’un deuxième puits, il est alors possible de produire du chauffage et/ou de l’électricité en la faisant passer dans une turbine.

Installations hydrothermales

Les installations hydrothermales collectent l’eau jusqu’à 5 000 mètres sous terre grâce à des circulations d’eau souterraines. Il sert au chauffage mais il peut aussi servir à produire de l’électricité : si le liquide remonté à la surface est suffisamment chaud pour faire tourner une turbine. Couplé à un générateur, de l’électricité est produite. L’eau circulant dans le sous-sol est pompée par un premier puits, ce qui permet de récupérer la chaleur en surface, puis l’eau est réinjectée par un deuxième puits situé à quelques centaines de mètres. Cela crée une boucle pour renvoyer l’eau refroidie vers l’environnement d’où elle a été prélevée.

En Suisse romande, le projet AGEPP est une installation hydrothermale dont la profondeur atteint près de 3000 mètres pour une longueur totale de 3220 mètres. Contrairement à d’autres systèmes, ce projet ne nécessite qu’un seul puits, celui qui pompe les eaux souterraines. En effet, l’eau qui circule naturellement dans le sous-sol à plusieurs kilomètres de profondeur, remonte naturellement à la surface et termine son cours dans le Rhône sans aucune intervention. On parle ici d’un « exutoire naturel » : il n’est donc pas nécessaire de creuser un deuxième puits.

Malheureusement, après avoir atteint la profondeur de 3000 mètres, nous n’avons pas trouvé l’eau à la température attendue. Nous avons cependant pu constater qu’elle circulait dans ces profondeurs et mesurer sa température à 130°C, une avancée majeure pour la géothermie francophone.

Et saviez-vous que la première utilisation de l’énergie géothermique remonte à plus de 20 000 ans ?

L’eau thermale, jaillissant de la Terre à une température comprise entre 30 et 45°, permettait non seulement de se baigner, mais aussi de réchauffer et de cuire les aliments !

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