après exposition à un gaz toxique, une pathologie non cancéreuse reconnue comme maladie professionnelle

après exposition à un gaz toxique, une pathologie non cancéreuse reconnue comme maladie professionnelle
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Publié le 16/04/2024 à 17h17

Écrit par Yaëlle Marie Et Kathleen Garon

Il s’agit d’une première qui pourrait créer un précédent pour d’autres ex-salariés. Édith a travaillé pendant 34 ans chez Tétra Médical à Annonay. Sa pathologie non cancéreuse vient d’être reconnue comme maladie professionnelle liée à une forte exposition à l’oxyde d’éthylène, un gaz mutagène et reprotoxique.

Le retour à l’usine Tétra Médical réveille ses angoisses. Édith Pasquion ne garde que de mauvais souvenirs des trois décennies passées dans ce laboratoire de stérilisation de matériel médical. Mais elle a gagné son premier combat. La maladie dont elle souffre – bien que non cancéreuse – vient d’être reconnue maladie professionnelle. Une décision encourageante qui servira de jurisprudence aux autres salariés, qui souffrent également de nombreuses pathologies.

Après avoir travaillé 34 ans dans ce soi-disant laboratoire, avoir été dénoncé, savoir qu’on ne nous disait rien, c’est dur. J’ai l’impression d’avoir une épée de Damoclès au-dessus de ma tête” dit-elle. Comme tous les salariés de l’entreprise, c’est uniquement équipée de blouses et de casquettes qu’Edith travaillait quotidiennement au contact de l’oxyde d’éthylène, le gaz cancérigène utilisé pour stériliser les compresses.

Après quelques années dans les ateliers de découpe compressée, elle est affectée au service contrôle de conformité. Edith vérifie les cartons endommagés. « Lorsque j’ai ouvert les cartons déjà stérilisés, j’ai ressenti une certaine chaleur, due au gaz qui se dégageait et j’étais au milieu des cartons stockés pour leur désorption. Maintenant, je sais que j’ai été exposé à l’oxyde d’éthylène. « Pour son dernier poste, sa mission était de récupérer les blouses utilisées par ces collègues avant de les emballer pour le pressing… « blouses contaminées » elle murmure.

Lorsque les médecins ont diagnostiqué chez Edith un abcès non cancéreux il y a une dizaine d’années, elle n’a pas spontanément fait le lien. Elle entame un parcours de soins long et très éprouvant. C’est grâce à d’anciens collègues qu’elle a entamé une procédure pour faire reconnaître sa maladie.
Après un premier refus en juin 2023, le caractère professionnel de sa maladie vient d’être reconnu dans un courrier de la Mutualité sociale agricole. Une commission de reconnaissance des maladies professionnelles a finalement rendu un avis favorable après consultation de la caisse d’indemnisation des victimes des pesticides.

Être reconnue comme maladie professionnelle, même si elle n’est pas cancéreuse, est pour moi une première victoire.

Édith

ancien employé de Tetra Medical

Depuis la révélation du scandale sanitaire, le scientifique Annie Thébaud-Mony de l’association Henry Pézerat qui dénonce les « délits industriels », accompagne les collaborateurs dans leur démarche. Elle attendait cette première reconnaissance d’une maladie non cancéreuse liée à l’oxyde d’éthylène. “On se rend compte qu’il existe toute une diversité de troubles moins caractérisés qui peuvent être des troubles de type sensoriel ou infectieux. Toutes ces attaques doivent être prises en compte. Nous espérons que cette affaire créera un précédent» conclut-elle.

Aux côtés d’Edith, Cathy Guironnet est làPremier ex-salarié à avoir obtenu la reconnaissance de ces deux cancers en maladies professionnelles. Le premier également à avoir alerté le syndicat CGT et l’opinion publique sur ce scandale. Aujourd’hui, elle se bat pour sensibiliser aux multiples méfaits de l’oxyde d’éthylène et briser les tabous liés à la santé. “On se rend compte que les gens n’osaient pas parler de leurs problèmes de santé. Désormais, la parole est libérée. Les gens parlent de plus en plus de leurs pathologies. Ils doivent venir vers nous et nous les aiderons« .
Le spectre des pathologies potentielles est large : cataractes, abcès, fausses couches, problèmes aux ovaires, à la glande thyroïde, etc. restent à découvrir.

L’oxyde d’éthylène est également connu sous le nom de gaz moutarde ou gaz moutarde. Il fut utilisé pendant la guerre de 1914/18. Aujourd’hui, il est interdit dans l’agriculture, dans l’alimentation, pour la stérilisation des biberons, mais pas dans le secteur de la santé. “Cela peut être pire que l’amiante, car il est mutagène. […] Cela peut aller jusqu’aux petits-enfants ! », alerte Guy Rousset. Des dossiers sont en cours devant la caisse d’indemnisation des victimes des pesticides pour plusieurs enfants d’ex-salariés.

“L’oxyde d’éthylène est en fait un fongicide, un biocide” souviens-toi Annie Thébaud-Mony. Il est classé dans la catégorie des pesticides.

Ce n’est pas parce que nous sommes des petits travailleurs qu’ils ont le droit de tout faire

Guy Rousset

secrétaire du syndicat local CGT

Ex-salariés, famille et scientifiques, tous réclament un véritable suivi post-professionnel pris en charge par l’assurance maladie. Un programme est en cours d’élaboration avec le centre de santé des Cévennes à Annonay.

 
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