l’essentiel
Une cargaison de drogue débarquée à Marseille puis perdue par les trafiquants… Ce scénario improbable a conduit à la découverte de 72 kilos de cocaïne à Toulouse ce mercredi. Six personnes ont été arrêtées. Histoire d’un scénario digne d’un film.
C’est une prise exceptionnelle. Ce mercredi 13 mars, deux jours après la saisie de 56 kilos de cocaïne, les douanes et les équipes de l’Office anti-stupéfiants (OFAST) de Toulouse ont cette fois mis la main sur 72 kilos de « coke ». Un chargement estimé à plus de 3 millions d’euros qui était a priori destiné aux trafiquants marseillais sans les maladresses de certains protagonistes…
Lire aussi :
INFOS LA DEPECHE. 56 kilos de cocaïne interceptés par les douaniers au nord de Toulouse
Cette affaire atypique n’a rien à envier au scénario d’une série diffusée sur Netflix. Tout a commencé aux Antilles la semaine dernière. A cette époque, un conteneur rempli de téléphones portables et autres produits à recycler doit se diriger vers le grand port maritime de Marseille puis être acheminé jusqu’à Montauban. Un voyage qui convient aux criminels. Avec la complicité d’une ou deux personnes sur place, les trafiquants brisent discrètement le cadenas et glissent des sachets remplis de drogue avant de refermer le conteneur, le tout sans laisser de trace.
Ils appellent les sociétés de transport
Comme prévu, la marchandise a traversé l’océan et la mer Méditerranée pour rejoindre Marseille. Ce mercredi, le conteneur est enfin déchargé au port de la cité phocéenne. Visiblement bien informés, les malfaiteurs se sont rapidement rendus sur place pour récupérer la drogue. Mais, étrangement, ils ne trouvent aucune trace de la cargaison. Visiblement, tout le monde panique. Si le stupéfiant disparaît, des millions d’euros seront perdus. Les enjeux financiers sont trop importants pour ne pas prendre de risque. Ainsi, des anonymes n’hésitent pas à contacter différentes sociétés de transport pour tenter de localiser le fameux conteneur.
Ces appels sont inhabituels. Beaucoup trop pour ne pas attirer l’attention des différents interlocuteurs. Par précaution, les entreprises contactées préviennent donc la police. Et une fois alertée, la douane s’organise pour arrêter le transporteur. Le conducteur se dirige vers un péage au nord de Toulouse lorsqu’on lui demande de se garer. Puis, aidés de chiens spécialisés dans la recherche de stupéfiants, les douaniers du Haut-Garonne fouillent le camion et découvrent les fameux sacs de poudre blanche.
Des criminels déguisés en faux policiers
Interrogé sur place, le chauffeur ne semble être informé de rien. Tout aurait été fait à son insu. Selon ses déclarations, il aurait simplement dû se rendre dans une entreprise de recyclage située à Montauban pour décharger smartphones et matériel hi-fi.
Entre-temps, grâce à leur réseau, les trafiquants ont également appris la destination de la cargaison. Dans l’après-midi, six individus se sont rendus dans le Tarn-et-Garonne pour surveiller discrètement les mouvements des poids lourds de l’entreprise. Ils auraient été payés pour se déguiser en policiers et braquer le camionneur afin de reprendre possession du produit illicite. Mais les équipes de l’OFAST et de la BRI avaient anticipé cette éventuelle attaque.
Finalement, six hommes, âgés de 18 à 30 ans, ont été interpellés à Montauban. Lors des fouilles de leurs voitures, des brassards portant le logo « police » et des gyrophares ont été saisis. Ces hommes sont connus de la justice pour trafic de drogue. Certains ont également été reconnus coupables de vols violents et d’agressions armées.
A l’issue de leurs auditions, les suspects défendus notamment par Mes Alexandre Parra-Bruguière et Sarah Nabet-Claverie ont été déférés vers Bordeaux. Les enquêtes désormais menées par la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) sont confiées aux unités de l’Ofast. « La détention a été demandée à leur encontre. Ils viennent majoritairement de la région parisienne. Certains ont reconnu avoir été utilisés pour dresser une fausse barrière de police», assure Mathieu Folhen, le procureur de la République.
