Serge, un prince (bruxellois) adoré en Russie

Serge, un prince (bruxellois) adoré en Russie
Serge, un prince (bruxellois) adoré en Russie

La maison d’édition spécialisée « dans des histoires vraies motivées par des exigences littéraires » publie un nouvel ouvrage d’un autre journaliste dans un lieu exotique, celui de Marine Dumeurger à Kalmoulkia.

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C’est le nom d’une République russe, dont la capitale (Elista) est située à 1 300 kilomètres de Moscou. Cette région perdue des steppes où souffle la brise caspienne, l’auteur l’avait découverte via son ancien président bien perché, comme « Raël » ou « Soucoupe et perroquet » : Kirsan Ilioumjinov. Ce millionnaire prétendait avoir été enlevé par des extraterrestres. Il voulait faire de la zone la capitale mondiale des échecs.

Le rapport est tombé à l’eau. Mais bien des années plus tard, Marine Dumeurger profite d’un article dans la région pour rencontrer des antilopes saïgas et un autre personnage fantaisiste : Serge.

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Retour aux sources

Né et élevé à Bruxelles, ce dernier est un Français descendant des Russes blancs (ceux qui ont fui la Russie après la révolution bolchevique). La vie de Serge, ingénieur, a été bouleversée par un message Facebook reçu en 2018 de Kalmouks qui le recherchaient. Son arrière-grand-père, Danzan Toundoutov, était en effet un chef militaire et un prince très respecté. Serge reviendra vivre sur la terre de ses ancêtres où, selon ses mots, il se trouve désormais « adulé ».

Au-delà de l’anecdote, l’histoire de Serge, pas forcément le personnage le plus palpitant, aurait pu être contenue dans un mémoire de longue haleine pour Wilfried, XXI ou le transfert de podcast Ardoise.

Cette histoire n’est finalement qu’un prétexte pour raconter, plus largement, l’histoire des Russes Blancs (on apprend notamment qu’il existe encore des colonies de vacances pour leurs descendants), pour expliquer aux novices la diversité de ce pays fascinant (la religion bouddhiste, les paysages, la nourriture…) et surtout pour raconter le quotidien des locaux sous Poutine, pendant le Covid et depuis le début de la guerre en Ukraine.

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Une Russie où les cartes bancaires étrangères sont inutilisables, où il faut télécharger un VPN pour surfer sur les sites étrangers et où certains ont perdu leur emploi à cause du conflit. Par ailleurs, la vie semble « normale », les Russes continuent de se baigner en famille dans la mer Noire malgré le conflit. En revanche, la curiosité des Russes pour l’étranger s’estompe, même s’ils connaissent tous Marine Le Pen, décrite comme “notre cher ami” par un local. Rappel utile avant les élections législatives.

Malgré quelques chapitres superflus, le livre de Marine Dumeurger est globalement passionnant. La journaliste indépendante parvient à dédicacer un livre « gonzo » sans tomber dans le piège de l’égocentrisme. C’est assez rare pour être souligné.

⇒ «Le prince de Kalmoukie » | Histoire | Marine Dumeurger | Marchialy, 250 pp., 21,10 €

 
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