Les rassemblements, menés principalement par des jeunes, ont débuté pacifiquement la semaine dernière. Des milliers de manifestants ont défilé à Nairobi, la capitale, et dans d’autres villes du pays pour protester contre les nouvelles taxes prévues dans le budget 2024-2025.
Ce mardi 25 juin, alors que la population manifestait pour la troisième fois en huit jours, la tension est soudainement montée dans l’après-midi à Nairobi.
Des manifestants ont pris d’assaut le Parlement, une première dans l’histoire du pays, indépendant depuis 1963.
Cette crise au Kenya est multifactorielle, selon le chercheur Christian Cirhigiri qui se penche sur ce qui a conduit ce pays, relativement stable en Afrique de l’Est, dans la crise dans laquelle il se trouve actuellement.
«La crise économique post-Covid 19 a laissé le pays dans une situation difficile. Il y a aussi le fait que lorsque le nouveau gouvernement a pris le pouvoir, plusieurs mesures politiques et fiscales ont été mises en place pour tenter de compenser les faibles revenus que le pays avait à cette époque. dit le chercheur à DW. « Il s’agit notamment de mesures fiscales, l’imposition de taxes sur les biens et services produits par les citoyens kenyans. Toutes ces mesures ont donné aux Kenyans le sentiment que la vie devient de plus en plus intenable.
« La situation au Kenya nous rappelle la fragile stabilité de nos pays en Afrique » (Toussaint Kafarhire)
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Toussaint Kafarhire, qui a vécu plus de neuf ans au Kenya, où il a enseigné les relations internationales, estime que la population kenyane a décidé de revendiquer ses droits dans la rue.
Selon lui, « la situation au Kenya peut nous rappeler qu’il y a toujours eu cette stabilité fragile dans nos pays d’Afrique et que tout peut arriver à tout moment. C’est cette imprévisibilité de nos politiques en Afrique qui doit nous interroger à la fois sur la nature de nos gouvernements, de nos institutions, de nos structures et en même temps sur la capacité de dialogue de nos autorités, que nous appelons représentants des peuples.»
Mobilisation sur Internet
Le mouvement de protestation contre les taxes, baptisé « Occupy Parliament », a été lancé sur les réseaux sociaux et a largement touché les jeunes Kenyans de la génération Z, nés à la fin des années 1990 et au début des années 2000.
Cette mobilisation illustre un phénomène croissant où les plateformes numériques jouent un rôle central dans l’activisme politique, précise l’avocat et chercheur en droit du numérique, Brozeck Kandolo.
« On voit que la mobilisation de la génération Z via les réseaux sociaux crée une nouvelle transformation en Afrique dans la manière dont les citoyens exercent leurs droits et participent à la vie politique de leur pays. Cette mobilisation au Kenya permet aujourd’hui une participation plus large et démocratique, elle donne la parole à des personnes qui sont souvent exclues des processus décisionnels traditionnels », souligne-t-il.
Dépassées par ce mouvement, les autorités ont dû faire marche arrière. « Après avoir écouté attentivement le peuple kenyan, qui a dit haut et fort qu’il ne voulait rien avoir à faire avec ce projet de loi de finances 2024, je baisse la tête et je ne signerai pas le projet de loi de finances 2024, qui sera donc retiré. » » a déclaré William Ruto dans un discours ce mercredi après-midi.
