Monaco va construire un parc photovoltaïque en France, dans un site sauvage et préservé – .

Monaco va construire un parc photovoltaïque en France, dans un site sauvage et préservé – .
Monaco va construire un parc photovoltaïque en France, dans un site sauvage et préservé – .

LmêmeVies (Alpes-Maritimes).– Du sommet du Mont Arpasse, dans les Alpes-Maritimes, à 700 mètres d’altitude, une vue panoramique s’étend de la mer Méditerranée jusqu’aux sommets enneigés du Mercantour, en passant par les tresses grises du fleuve Var et le fleuve rouge. -les toits de tuiles des villages perchés. Deux chiens patou, gardiens des troupeaux contre les attaques des loups, s’approchent pour flairer les promeneurs. Ils veillent sur un paisible troupeau de 180 moutons qui profitent du thym en fleurs.

Sur ce site sauvage et préservé, situé sur la commune de Levens, une entreprise contrôlée par l’Etat monégasque a obtenu le feu vert pour construire une centrale photovoltaïque : 23 000 panneaux seront installés sur un terrain de 11,7 hectares. Après six années de lobbying et d’études préparatoires, le permis de construire a été accordé par le préfet des Alpes-Maritimes le 1est Mars 2024, à la Société Monégasque d’Electricité et de Gaz (Smeg), qui gère la production et la distribution d’énergie en principauté.

Une aberration écologique selon les opposants au projet, qui ont fait valoir leurs arguments lors de l’enquête publique, mais n’ont pas été entendus par le préfet. « Les énergies renouvelables ne doivent pas être imposées au détriment des espaces naturels. La biodiversité est un intérêt public majeur. Elle ne doit être sacrifiée à aucun prix. »» déclare Ariane Masséglia, présidente de Perdigones. Cette association de protection de l’environnement de Levens a déposé deux recours en annulation auprès du tribunal administratif, conjointement avec la Fédération d’action régionale pour l’environnement : l’un contre le permis de construire, l’autre contre la modification du schéma local d’urbanisme (PLU) métropolitain qui a rendu il est possible d’accorder ce permis.

Moutons sur le Mont Arpasse (Alpes-Maritimes). © Photo Hélène Constanty for Mediapart




Agrandir l’image : Figure 1


« Le choix de ce site est incompréhensible. Ce projet, s’il aboutit, entraînerait la destruction d’insectes et de reptiles protégés, comme le mage dentelé ou le lézard ocellé. Il menace plusieurs espèces d’oiseaux vulnérables, menacées d’extinction, comme la fauvette pitchou ou le bruant ortolan, qui nichent sur ce site. L’étude d’impact présente de graves lacunes »prévient Irène Lastère, présidente de la Ligue pour la protection des oiseaux Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Un espace naturel réaménagé

Le projet de centrale photovoltaïque d’Arpasse est porté par la société d’investissement Monaco Énergies Renouvelables (MER), dont le capital est détenu par le gouvernement princier de Monaco (51%), et la Smeg (49%). Les français Engie et EDF sont actionnaires de Smeg. La MER dispose déjà d’une quinzaine de parcs photovoltaïques sur le territoire français. Celle d’Arpasse, située à 20 kilomètres à vol d’oiseau de la principauté, produira 17 000 MWh (mégawattheure) par an, pour une puissance de 11,5 MWc (mégawatt-crête). Un projet de 12 millions d’euros.

Si le projet a mis autant de temps à se concrétiser, c’est qu’en théorie, rien n’est censé être construit dans cet espace naturel, réservoir de biodiversité, loin de toute urbanisation. Pour permettre à Monaco de le mener à bien, il a fallu dans un premier temps modifier le plan local d’urbanisme de la métropole Nice-Côte d’Azur (PLUm), dont fait partie la commune de Levens. Le plateau de l’Arpasse, classé en zone naturelle, a donc été reclassé en zone urbaine à indice photovoltaïque, par délibération du 25 septembre 2023, au motif qu’il s’agissait d’une zone urbaine à indice photovoltaïque. « projet d’intérêt général ». Une fois le PLUm modifié, Smeg a pu déposer son dossier de permis de construire, mandaté par la préfecture.

En accordant le permis, l’État a ignoré l’avis négatif émis par le commissaire enquêteur qui a mené l’enquête publique en novembre 2023.

Le mécontentement de la population s’est fortement exprimé lors de cette enquête. Sur les vingt-quatre associations qui ont contribué, une seule s’est déclarée favorable au projet. « Les vingt-trois autres soulignent l’inadéquation entre la riche biodiversité du site et l’installation d’une centrale photovoltaïque, au mépris des réglementations, lois et recommandations », résume la commissaire enquêteuse dans ses conclusions.

« L’implantation du projet sur ce site ne me paraît pas répondre à un motif impératif d’intérêt public majeur. En conséquence, je donne un avis défavorable au projet de construction d’une centrale photovoltaïque sur le site du Mont Arpasse. »conclut-elle, après avoir démonté, point par point, les arguments des porteurs du projet.

Des liens étroits avec la principauté

À la lecture de ce rapport très argumenté de 250 pages, on a l’impression que les cartes étaient en jeu en 2017 et que la procédure administrative n’a fait que valider le choix d’un site contrairement à toutes les recommandations, qu’elles soient étatiques, régionales, départementales ou métropolitaines. . L’état, via La direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement précise ainsi que du photovoltaïque doit être installé « d’abord sur les toits des bâtiments publics et privés, les auvents et les parkings. Et seulement ensuite sur certaines zones aux sols anthropisés, carrières ou anciennes décharges »Ces orientations sont rappelées par la région dans son schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (Sraddet), par le département des Alpes-Maritimes et la métropole Nice-Côte d’Azur dans son plan climat-air-énergie.

Alors pourquoi le site naturel d’Arpasse a-t-il été choisi ?

D’abord parce qu’Antoine Véran, maire (Les Républicains) depuis trente ans de ce village de 5 000 habitants, a dépensé une énergie folle sur ce projet qu’il considère comme étant« intérêt national “. ” Ilsest d’assurer la sécurité desapprovisionner la France pour répondre aux besoins croissants en électricité »écrit-il dans sa réponse aux questions de Mediapart.

Les liens anciens et étroits entre le maire et la Principauté de Monaco ont également joué un rôle clé. En effet, Antoine Véran a effectué toute sa carrière (de 1975 à 2009) chez Monaco Telecom, où il a été PDG puis chef de projet. En 2008, le Prince Albert II de Monaco le promu Chevalier de l’Ordre de Saint-Charles, la décoration la plus prestigieuse de la principauté, à l’occasion de la fête nationale du 15 novembre. Parmi les heureux médaillés de cette promotion, distingués pour services rendus à la principauté, figurait Claude Palmero, ancien administrateur des biens du prince, démis de ses fonctions en juin 2023 à la suite du scandale des dossiers du Rocher.

Si le projet de parc photovoltaïque a passé avec succès toutes les étapes administratives de la procédure, il doit désormais faire face à des recours devant les tribunaux administratifs. « La durée prévue de construction de la centrale photovoltaïque serait comprise entre quinze et vingt mois, à compter de l’autorisation définitive et libre de tout recours et de la mise en œuvre des mesures compensatoires environnementales et agricoles »explique Laurence Garbatini, déléguée à la communication de Smeg.

Les éleveurs, eux, ont préféré se faire discrets. Les moutons qui paissent sur l’Arpasse appartiennent au Gaec (Groupement agricole d’exploitation en commun) de la Porte rouge, dont les associés ne se sont pas exprimés lors de l’enquête publique. Ils ont affirmé à Mediapart leur « Devoir de réserve »en raison de leur lien avec la municipalité. Ils sont en effet locataires d’une bergerie communale située au pied de l’Arpasse et de pâturages communaux. Le projet aura un fort impact sur leur activité : difficile, en effet, de croire que thym et sarriette continueront à pousser à l’ombre des panneaux solaires. Les éleveurs ont obtenu que les hectares perdus soient compensés par d’autres pâturages. Mais ceux-ci, situés à plusieurs kilomètres d’Arpasse, dans une commune voisine, les obligeront à embaucher un berger pour garder le troupeau si loin de l’exploitation.

Quel poids pèsent quelques moutons, une nichée de linottes et quelques buissons d’euphorbes épineux face aux appétits monégasques ?

 
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