« Au front, dans ces tranchées, il y a bien plus de morts que Dieu »

« Au front, dans ces tranchées, il y a bien plus de morts que Dieu »
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Dans une petite maison près du front ou rassemblés autour d’un copieux petit-déjeuner dans un lieu tenu secret, des soldats chrétiens orthodoxes ukrainiens ont célébré dimanche Pâques dans l’est de l’Ukraine.

La Russie a envahi l’Ukraine en février 2022.

ats

Réunis dans une cantine aux fenêtres masquées par des bâches noires, une quarantaine d’hommes en treillis de la 24e brigade motorisée sont venus assister au service de leur aumônier, dans un bâtiment isolé d’une ville proche de Kramatorsk.

Sous une lumière froide, les visages sont fatigués après plus de deux ans d’une guerre épuisante. Chants, prières, bénédictions, la célébration dure près d’une heure, avant un petit-déjeuner composé de poulet, purée de pommes de terre, gâteaux et soda.

«Élévation spirituelle»

« Dans le contexte du travail militaire quotidien, c’est un soulagement spirituel, une élévation spirituelle. Cela vous donne également beaucoup de force. Pour garder le moral, pour continuer à combattre l’ennemi», explique Igor Kotsko, un militaire de 49 ans.

Pour l’aumônier militaire Rostyslav Osuchan, 39 ans, assis avec les soldats, « à la guerre, la mort et la vie sont si proches, parfois même sur une seule ligne. Mais néanmoins, vous devez voir et ressentir la force intérieure, que vous ne pouvez obtenir que de l’esprit.

A la question de savoir ce dont les soldats ont le plus besoin, alors que l’armée ukrainienne, en manque d’armes et de munitions, est en difficulté face aux forces russes, l’ecclésiastique répond « les munitions et Dieu ».

« Les munitions et Dieu »

« Il faut de bonnes munitions, de bonnes armes, et il faut aussi une bonne résilience intérieure, c’est ça la psychologie, et il faut aussi du pouvoir spirituel. Il faut donc les deux », dit-il.

A plusieurs dizaines de kilomètres, plus au sud, un petit village tout proche de la ligne de front sert de base aux hommes de la 59e brigade mécanisée. Cette fois, c’est un aumônier itinérant qui passe fêter Pâques, devant une poignée de militaires rassemblés dans une maison.

« C’est une chance pour mes gars de se détendre, ceux qui sont ici. Parce que que vous soyez dans les tranchées ou ici, vous devez accomplir des tâches à tout moment», explique à l’AFP Mykola Panychenko, 45 ans, commandant de la compagnie installée là depuis novembre 2022. L’homme n’a pas participé aux célébrations avec ses hommes et l’aumônier.

« Vous savez, s’il y avait beaucoup de Dieu ici, il n’y aurait pas autant de morts. Et il y a beaucoup plus de morts ici. Il y a beaucoup plus de douleur et de souffrance. C’est pourquoi je dis que la mort est ici plus présente que Dieu », a-t-il déclaré.

« Je comprends que Dieu protège l’Ukraine, car l’Ukraine tient toujours le coup. Le monde entier aide l’Ukraine. Mais ici, au front, dans ces tranchées, il y a bien plus de morts que Dieu », ajoute le commandant.

A l’horizon, des panaches de fumée noire s’élèvent vers le ciel bleu, des tirs d’artillerie proches se font entendre et des explosions sourdes résonnent non loin.

 
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