Après avoir bien mangé à la cantine, tous les enfants s’entraînent dans la cour de l’école. Tous, sauf douze, pour la seule raison qu’ils sont handicapés. Livrés à eux-mêmes, faute de personnel, ils ne peuvent pas profiter de la pause déjeuner avec leur ami. Ce scénario discriminatoire aurait inévitablement eu lieu dans les écoles de Villeneuve-Loubet, si la Ville ne l’avait pas « recrutement maintenu » de trois guides spécialisés.
Toutefois, depuis la rentrée 2024, ces accompagnateurs d’élèves en situation de handicap (AESH) doivent être soutenus financièrement par l’État, pendant la pause déjeuner. Un cadre réglementaire qui “Aujourd’hui égaré”selon Patricia Borne, adjointe au maire de Villeneuve-Loubet chargée de l’Inclusion.
Avancer des frais, sans connaître les conditions de remboursement
Lors du conseil municipal du jeudi 5 décembre, elle a fustigé le ministère de l’Éducation pour n’avoir engagé que deux agents, où douze enfants (1) nécessitent une surveillance particulière. Pour remédier à ce manque de personnel, l’élu a demandé “a assuré la continuité de l’accompagnement des enfants pendant les heures de classe, pour un coût de 1 645 euros”. L’assemblée y consentit à l’unanimité. Reste à voir “quelles sont les conditions de remboursement” par l’État, parmi ceux-ci « frais avancés » par la municipalité. “Un e-mail” a été envoyé à l’académie à ce sujet. Ce dernier confirme avoir été contacté : « Les travaux doivent se poursuivre, dans un souci d’alliance éducative, en concertation avec la Ville. » Toutefois, le rectorat n’a pas répondu aux critiques qui lui ont été adressées et n’a pas répondu aux questions posées par Beau matin.
La représentante de l’Inclusion, qui ne semble pas non plus avoir de réponse, s’interroge sur « les modalités d’attribution [des AESH]des modalités qui ne permettent pas de comprendre pourquoi seules deux AESH sont accordées à la commune. Avant de s’indigner : « Sans ces personnels pendant la pause déjeuner, nous remettons en question l’inclusion éducative de ces élèves ayant des besoins spécifiques, nécessaires à leur intégration et à leur bien-être. »
L’édile s’en prend à l’Etat
“Nous répondons à tout ce que l’Etat ne fait pas, même sur le plan de l’humanité”ajoute le maire. Virulent, pince-sans-rire, Lionnel Luca (Les Républicains) n’a pas manqué de s’en prendre à un autre ministère : celui de la Justice. « Au final, cela crée une note sur le personnel qui n’était pas anticipée en début d’année lors du vote du budget. C’est notre dérive dans la masse salariale comme le dit la Cour des Comptes… »
Mais cette compensation pour les communes ne va pas s’améliorer. Le budget présenté par le gouvernement Barnier prévoyait le recrutement de 2000 AESH. Une mesure mise entre parenthèses depuis le vote de la motion de censure par l’Assemblée nationale le 4 décembre.
Dans les Alpes-Maritimes, cela devrait se traduire par l’ouverture d’une vingtaine de postes d’AESH, une mesure que le directeur académique des services de l’éducation nationale a annoncé à Beau matinen novembre.
(1) Sur ces douze enfants identifiés par les personnels éducatifs, huit seulement sont signalés par le centre départemental des personnes handicapées comme ayant besoin de l’AESH, ce qui limite encore les aides de l’État. Sur les onze sympathisants mobilisés, neuf agents sont ainsi recrutés par la Ville.