« Avez-vous peut-être déjà goûté son omelette au jambon ? » Jacqueline Aubard est décédée à l’âge de 92 ans mercredi 1est Janvier 2025. De nombreux Indriens, notamment parmi les anciens, connaissaient l’omelette de celle qui dirigeait, de 1970 à 2014, Chez-Jacqueline, chez « Rollins », à Gournay.
Et pour cause dans ce bistrot au bord de la D927, entre Argenton et La Châtre, “il n’y avait que ça au menuse souvient David Aubard, son petit-fils. Le menu était composé de charcuterie, d’omelette au jambon et au fromage avec un pichet de vin. C’était le repas le moins cher du canton. »
« Si je quitte mon entreprise, il n’y aura personne pour la reprendre »
Celui qui a grandi dans une maison à côté du bar de sa grand-mère l’assure : « Les gens venaient de Châteauroux pour manger l’omelette au jambon. » Parce que tout était fait maison. « Elle élevait ses poules et ses cochons et faisait de la terrine, du jambon… Jusqu’à ce que les services vétérinaires lui disent d’arrêter, pour des raisons de traçabilité. »
Après quarante-quatre ans de service, seule en cuisine et en salle, à 82 ans, Jacqueline Aubard quitte l’entreprise, à contrecœur, contrainte par des problèmes de santé. « Elle ne voulait pas prendre sa retraite. Si elle n’avait pas eu son problème de santé, elle serait toujours là. »
Voiture « Elle était ouvrière. Elle se levait tous les jours à 6 heures du matin, se couchait à minuit, du lundi au dimanchesouligne le petit-fils. Elle n’est jamais partie en vacances. » Les camionneurs s’y arrêtaient, les ouvriers aussi, « des gens sur la route des vacances, des habitués pour leur rosé… »
« Et le dimanche, les gens venaient jouer à la belote. » Clients uniquement, “Je ne suis même pas sûr que ma grand-mère savait y jouer”. Sa vie, c’était son œuvre, et aussi ses enfants : Claude, l’aîné, et Isabelle et Jean-Louis, deux jeunes hébergés car « Elle était une famille d’accueil. Elle les a toujours considérés comme ses enfants. »
Un double rôle qu’elle assume en grande partie seule, “Après la mort de son mari Roger, agriculteur, en 1988, elle n’a plus jamais recommencé sa vie”. Mais pour rien au monde elle n’aurait changé. « Son bar était sa maison. A la maison de retraite, où elle séjournait depuis deux ans, les soignants lui ont parlé de son bar. C’était le seul moyen d’attirer son attention. »
« Ce que j’aime dans mon métier, c’est le contact avec les gensexpliquait Jacqueline Aubard dans nos colonnes, le 30 janvier 2010. Si je quitte mon entreprise, il n’y aura personne pour la reprendre. » En fait, personne ne l’a reprise lors de son arrêt en 2014. Avec son départ, mercredi 1est Janvier 2025, c’est aussi une certaine conception de la vie rurale en Berry qui s’est éteinte.
Funérailles de Jacqueline Aubard, mercredi 8 janvier, à 14h30, à l’église de Gournay.