« Les produits à base de cannabis doivent être supervisés par des professionnels de la santé qualifiés »

« Les produits à base de cannabis doivent être supervisés par des professionnels de la santé qualifiés »
« Les produits à base de cannabis doivent être supervisés par des professionnels de la santé qualifiés »

La commercialisation sur le marché marocain de certains produits légaux à base de cannabis est effective depuis le 1er juin. Il s’agit notamment de certains compléments alimentaires et produits cosmétiques. Une annonce qui divise les pharmaciens, notamment par rapport au flou persistant concernant le mode et les conditions de commercialisation. Explications de Mohamed Lahbabi.

Défi : À partir de juin, les produits à base de cannabis seront-ils vendus dans les pharmacies au Maroc ? Alors, quels sont ces produits ?
Mohamed Lahbabi :
En effet, la vente de produits cosmétiques et compléments alimentaires à base de cannabis est désormais légale au Maroc. En ce qui concerne les produits à base de cannabis autorisés, la législation varie selon les pays, mais généralement les produits contenant du CBD (cannabidiol) et du THC (tétrahydrocannabinol) avec un dosage inférieur à 0,1 % sont considérés comme légaux. Le CBD est souvent utilisé pour ses potentiels effets relaxants et thérapeutiques, tandis que le THC est la substance responsable des effets psychoactifs du cannabis. Il est important de noter que les produits dont le taux de THC est inférieur à 0,1 % ne présentent généralement aucun risque d’effets psychotropes. Il est cependant indispensable de respecter la réglementation en vigueur.

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Défi : Alors quelles sont les étapes à suivre pour les pharmacies souhaitant commercialiser des produits à base de cannabis ?
ML :
Les pharmacies souhaitant vendre ce type de produits doivent demander une autorisation de mise sur le marché auprès de l’Agence nationale de régulation de l’activité commerciale (ANRAC). De plus, ils doivent obtenir un certificat d’enregistrement délivré par la Direction du Médicament et de la Pharmacie (DMP) pour pouvoir proposer légalement ces produits à leurs clients.

Défi : En ce sens, ces produits seront-ils délivrés sur ordonnance ou accessibles gratuitement au grand public ?
ML :
À l’heure actuelle, la question de la délivrance de ces produits au grand public, que ce soit sur ordonnance ou en libre accès, reste entière. Les autorités de régulation étudient toujours les implications de cette décision et il n’existe pas encore d’indications spécifiques à ce sujet. Il est donc important de rester informé des évolutions légales et réglementaires en la matière pour savoir comment ces produits seront commercialisés dans le futur.

Défi : Pouvez-vous nous donner un aperçu de l’impact économique de cette légalisation ?
ML :
La légalisation de la vente de produits à base de cannabis en pharmacie représente un potentiel important pour le Maroc. En effet, nous estimons qu’elle pourrait générer un chiffre d’affaires de plus de 6 milliards de dirhams tant sur le marché local qu’international. Cela ouvrirait de nouvelles opportunités commerciales et contribuerait au développement de l’industrie pharmaceutique du pays. De plus, le Maroc est bien placé pour devenir un acteur incontournable sur le marché européen, africain et même américain du cannabis médical.

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Défi : Selon vous, quels sont les effets thérapeutiques notables de ces produits ?
ML :
Les produits cosmétiques et compléments alimentaires à base de cannabis ont démontré d’excellents effets thérapeutiques dans divers domaines médicaux. En dermatologie par exemple, le cannabis peut avoir des propriétés anti-inflammatoires et anti-oxydantes bénéfiques pour la peau. En oncologie, certaines études suggèrent que les composés du cannabis pourraient aider à soulager les symptômes chez les patients atteints de cancer. En cardiologie, le cannabis pourrait également jouer un rôle dans la prévention de certaines maladies cardiaques. Il est donc essentiel d’explorer davantage ces bénéfices potentiels dans la recherche médicale.

Défi : Pensez-vous que l’introduction de ces produits à base de cannabis dans les pharmacies contribuera à stimuler la recherche scientifique médicale dans le pays ?
ML :
Absolument. L’introduction de ces produits en pharmacie encouragerait sans aucun doute la recherche scientifique médicale au Maroc. Les professionnels de la santé et les chercheurs pourraient mener des études approfondies sur les effets du cannabis et son potentiel thérapeutique dans divers problèmes de santé. Cette avancée permettrait de mieux comprendre les mécanismes d’action du cannabis et d’optimiser son usage dans un cadre médical sûr et efficace.

Défi : Quel message souhaiteriez-vous faire passer à la population marocaine concernant cette nouvelle ère de légalisation des produits à base de cannabis en pharmacie ?
ML :
Mon message serait de sensibiliser le public à une utilisation responsable et éclairée de ces produits à base de cannabis. Il est important de s’appuyer sur des informations médicales fiables et de consulter un professionnel de santé avant de l’utiliser. La légalisation de ces produits ouvre de nouvelles perspectives pour la santé et l’économie du pays, mais elle nécessite une approche prudente basée sur des données scientifiques solides. Il est essentiel que la vente soit supervisée par des professionnels de santé qualifiés, tels que des pharmaciens, afin de garantir une utilisation adéquate et sûre. Confier la vente de ces produits à des YouTubeurs ne garantirait pas le respect des normes et recommandations médicales nécessaires. Ensemble, nous pouvons exploiter le potentiel thérapeutique du cannabis tout en garantissant la sécurité et le bien-être de tous.

Son parcours
Mohamed Lahbabi est pharmacien d’officine à Casablanca, président de l’Union des pharmaciens libres de Casablanca et régions, président de la Confédération des syndicats de pharmaciens du Maroc, vice-président de l’Inter-syndicale des pharmaciens d’Afrique, vice-président de la Union des pharmaciens arabes.

Son actualité
Une réunion est prévue ce vendredi 31 mai à 11 heures au siège de l’ANRAC dont l’objet est : le circuit légal et la législation pour la dispense des produits médicinaux et non médicinaux à base de cannabis. La Confédération des syndicats marocains des pharmaciens, l’ANRAC et la Direction du Médicament et de la Pharmacie seront présentes à cette réunion.

 
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