les citoyens de Mékinac sont là

Il y avait près de 400 personnes dans la salle Aubin lundi soir. Outre les citoyens, plusieurs élus municipaux de la MRC étaient présents.

C’est le directeur du service d’aménagement du territoire de la MRC, Louis Filteau, qui a eu la lourde tâche de présenter brièvement le projet de règlement de contrôle intérimaire (RCI) des éoliennes, ainsi que de répondre aux citoyens. Ils ont soulevé diverses préoccupations, dont la plupart ont déjà été évoquées à plusieurs reprises lors de conseils municipaux ou de conseils de maires : bruit provoqué par les éoliennes, dévalorisation des maisons, impacts sur le paysage, impacts sur la santé, etc.

La distance entre une éolienne industrielle (plus de 12 mètres de hauteur) et un bâtiment tel qu’une résidence, un commerce ou un bâtiment agricole a fait l’objet de nombreuses questions de la part des citoyens présents. Rappelons que le projet RCI actuel de la MRC propose une distance de trois fois la hauteur de l’éolienne, sans qu’elle soit inférieure à 500 mètres. Dans le cas du projet Mauricie de TES Canada, les éoliennes prévues mesurent environ 200 mètres, la distance minimale à respecter serait donc de 600 mètres.

Plusieurs citoyens ont toutefois rappelé tout au long de la soirée que les éoliennes TES ne sont pas des modèles de 2 mégawatts (MW), comme celles que l’on retrouve dans la plupart des parcs éoliens au Québec, mais plutôt de 7 MW. Selon eux, la distance minimale doit être bien plus grande.

Parmi les préoccupations revenues à plusieurs reprises, on compte également l’impact du principe de réciprocité, qui prévoit que si une éolienne ne peut être construite à une certaine distance d’un bâtiment, les constructions futures doivent suivre la même règle. Plusieurs citoyens ont fait valoir que si leur voisin décidait d’installer une éolienne à 1,5 mètre de la ligne séparant les deux terrains – ce que permet le projet RCI – cela empêcherait tout développement futur de leur terrain, et donc sa dévaluation.

M. Filteau n’a pu que confirmer le bien-fondé de cette crainte. Il a toutefois ajouté que le projet RCI prévoit une zone tampon de 100 mètres de la voie publique, afin de ne pas empêcher la construction de nouvelles maisons. Une distance qui n’est toutefois pas suffisante, a noté le président de l’UPA Mauricie, Martin Marcouiller.

“Une grange de 300 pieds (100 mètres) est courante, et un poulailler de 300 pieds est petit”, a-t-il commenté.

Un nouveau citoyen RCI

Yvan Bordeleau, conseiller municipal à Hérouxville, a présenté à la MRC et aux élus présents à la séance de consultation un projet de RCI élaboré avec deux autres élus (Isabelle Clément d’Hérouxville et Roman Pokorski de Saint-Adelphe), des citoyens et des experts. Nettement plus sévère que celui de la MRC, le document prévoit une distance de 4,5 km à respecter entre une éolienne de 7 MW et une résidence. Dans le cas des installations d’élevage, cette distance serait de 3,5 km. Nous proposons également d’augmenter le prix des permis ou certificats de construction pour chaque éolienne de 1 000 $ à 10 000 $.

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Yvan Bordeleau, conseiller municipal à Hérouxville, a remis une copie du projet citoyen RCI aux élus présents. (Stéphane Lessard/Le Nouvelliste)

Martine Ouellet, chef du parti Climat Québec et ancienne ministre des Ressources naturelles du Parti québécois, a participé au développement de ce RCI citoyen. Présente à la séance de consultation, elle a affirmé que la distance proposée n’est pas exagérée.

«Le gouvernement l’a déjà autorisé pour la MRC du Haut-Richelieu, sur une distance de 2 km pour des éoliennes de 2 MW», a-t-elle soutenu.

M. Filteau répond que même si des exceptions existent, les RCI sur les éoliennes adoptés par la plupart des MRC ont des distances minimales autour de 500 mètres. En entrevue après la consultation, Mme Ouellet a répondu que rien n’empêche la MRC de Mékinac de viser plus haut.

« Ce qu’a fait Haut-Richelieu, parce que le ministère des Affaires municipales trouvait que c’était trop exigeant, c’est qu’il a tout justifié, chacun de ses articles. Et pour notre pédagogie, ils ont inscrit leurs justifications dans leur règlement. C’est donc une démonstration factuelle que c’est possible et je pense que les responsables ici devraient faire attention à ne pas induire les gens en erreur en disant que ce n’est pas possible (pour être plus dur), que ce n’est pas le cas. Ce n’est pas forcément le cas. Si ce n’est pas illégal, il y a une marge de manœuvre », dit-elle.

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La chef de Climat Québec et ancienne ministre péquiste, Martine Ouellet, était présente à la séance de consultation. (Stéphane Lessard/Le Nouvelliste)

Mme Ouellet estime également que les arguments de la MRC concernant l’obligation de respecter le principe de réciprocité ne sont pas très solides.

« La réciprocité va être quelque chose à explorer. Cela semble être de plus en plus utilisé par le ministère des Affaires municipales comme prétexte pour réduire les distances. Je suis allé voir, bien sûr il faudra enquêter plus en détail, mais je n’ai rien vu au niveau juridique qui le présente comme ça. Je ne pense pas que les contraintes soient telles qu’elles nous ont été présentées », dit-elle.

Des échanges « extrêmement constructifs »

En fin de soirée, la préfète de la MRC de Mékinac et mairesse de Grandes-Piles, Caroline Clément, a remercié l’assistance pour l’ambiance respectueuse dans laquelle s’est déroulée la consultation.

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La préfète et maire de Grandes-Piles, Caroline Clément. (Stéphane Lessard/Le Nouvelliste)

« Les échanges ont été extrêmement constructifs, j’ai pris beaucoup de notes. Je pense que les gens ont senti qu’on les écoutait et qu’on était ouverts à la discussion et je trouve cela exceptionnel », a-t-elle commenté après la fin de la séance.

Il n’en reste pas moins que pour plusieurs personnes présentes lundi soir, l’adoption même d’un RCI équivaut à donner l’agrément du MRC à TES Canada. Pour eux, seule une RCI extrêmement sévère ou une interdiction totale des éoliennes sur le territoire sont acceptables. Dans ces circonstances, dans quelle mesure le MRC pourra-t-il satisfaire ces opposants ?

« Nous allons nous asseoir ensemble, nous analyserons la situation dans les jours et les semaines à venir et nous créerons un plan de travail défini. Mais quelle sera la conclusion, je ne peux pas le dire aujourd’hui», répond Mme Clément.

 
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