Les négociateurs reviennent autour de la table. Alors que la guerre se poursuit depuis près de 15 mois à Gaza et que les espoirs de trêve entre Israël et le Hamas sont régulièrement anéantis, un nouveau cycle de discussions s’est ouvert ces derniers jours. L’État hébreu met en avant l’objectif de libérer les otages israéliens toujours détenus dans l’enclave palestinienne, tandis que le mouvement islamiste vise à arrêter les combats, au moment où des dizaines de Gazaouis ont été tués dans des frappes israéliennes en quelques jours, selon les services d’urgence de l’enclave.
Malgré d’intenses efforts diplomatiques menés sous l’égide du Qatar, de l’Egypte et des Etats-Unis, aucune trêve n’a été conclue depuis celle d’une semaine fin novembre 2023, qui a permis la libération des otages. Après l’échec de nouvelles négociations en décembre à Doha, un nouveau cycle de discussions s’est enfin ouvert en début d’année, une course contre la montre avant le retour à la Maison Blanche le 20 janvier de Donald Trump, qui a lancé un ultimatum : « l’enfer nous attend ». « Si les otages ne sont pas libérés d’ici là, a-t-il prévenu.
Le Hamas défend son « sérieux », Israël annonce des « efforts en cours »
Le Hamas a annoncé vendredi la reprise des négociations à Doha, précisant qu’elles porteraient notamment sur une “cessation complète des hostilités” et le retrait des troupes israéliennes de Gaza. Un haut responsable, Basem Naim, a assuré vouloir parvenir à un accord au plus vite et a assuré qu’il traitait le sujet “sérieusement”, cité par la chaîne américaine CNN.
De son côté, Israël a confirmé samedi la reprise des négociations indirectes avec le mouvement palestinien au Qatar. La branche armée du Hamas avait en effet publié samedi une vidéo d’une otage de 19 ans, Liri Albag. Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a informé ses parents des « efforts en cours pour libérer les otages, y compris la délégation israélienne partie hier (vendredi) pour des pourparlers au Qatar ». Au total, 96 personnes sont toujours détenues dans l’enclave palestinienne, dont 34 ont été déclarées mortes par l’armée israélienne.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, dont le bureau a annoncé jeudi soir l’envoi d’une « délégation professionnelle du Mossad, du Shin Bet et de l’armée israélienne » à Doha selon les médias israéliens, a assuré que « les efforts se poursuivaient, y compris au moment » pour le retour des otages, selon ses services.
L’initiative israélienne est “une bonne étape”, s’est félicité le porte-parole de la Maison Blanche pour la sécurité nationale, John Kirby, promettant que Washington ferait “tout son possible” pour parvenir à un nouvel accord, selon le Jerusalem Post.
La question de la libération des otages au cœur des tensions
Les parties prenantes n’ont pas dévoilé le contenu des négociations, mais selon le quotidien saoudien Asharq Al-Awsat, les médiateurs ont « intensifié leurs efforts pour combler les lacunes d’un éventuel accord », avec des discussions de six heures vendredi avec les parties prenantes, qui s’est poursuivie samedi.
Mais pour l’heure, des points de friction demeurent. De hauts responsables israéliens ont fait état de progrès lents, selon le site israélien Ynet News, tandis qu’un responsable israélien et un responsable égyptien ont également noté peu de progrès dans les échanges avec la chaîne américaine CNN.
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L’une des questions porte sur la liste des otages qui seraient libérés et sur le nombre de prisonniers palestiniens que le Hamas exigera en échange. Une source diplomatique proche du dossier a indiqué à CNN que l’accord envisagé s’appuierait sur une proposition formulée par Joe Biden au printemps 2024, à savoir une première phase de six semaines pour la libération des otages les plus vulnérables.
Or, “c’est la question de la liste des prisonniers qui a déjà fait dérailler” les négociations de ces dernières semaines, a rappelé une source au journal Asharq Al-Awsat. Selon elle, le Hamas aurait accepté cette fois de libérer davantage d’otages, “y compris des réservistes”, mais en échange il souhaite que les détenus “importants” soient libérés, “et il y a encore un écart”.
Citant le site américain Axios, le site israélien The Times of Israel évoque un projet de libération éventuelle de 34 otages israéliens, certains vivants et d’autres morts, qui seraient des femmes, des hommes âgés et d’autres de moins de 50 ans souffrant de problèmes de santé graves. problèmes. Mais le Hamas affirmerait qu’un tiers de cette liste serait constituée d’hommes de moins de 50 ans, qu’il considère comme des soldats, et exigerait en échange la libération d’un plus grand nombre de ses prisonniers.
Le retrait des troupes israéliennes et la fin des combats, l’autre enjeu
Le mouvement terroriste palestinien veut également s’assurer que cette première phase débouchera sur la fin des combats, avec en ligne de mire la fin de la guerre, selon plusieurs médias. Selon Ynet News, le Hamas exige immédiatement un retrait significatif des troupes israéliennes de Gaza, alors que l’État juif ne souhaite examiner ces questions que lors des prochaines étapes des négociations.
Alors qu’au printemps 2024 Joe Biden avait initialement proposé le retrait des forces israéliennes de toutes les « zones peuplées de Gaza », « ce qui a changé, c’est que les forces israéliennes resteront probablement temporairement » dans l’enclave, a indiqué de son côté une source diplomatique à CNN, faisant notamment référence aux couloirs de Philadelphie, le long de la frontière entre Gaza et l’Egypte, et de Netzarim, qui traverse la largeur de l’enclave palestinienne.
Parallèlement à ces négociations, sur le terrain, le conflit s’est intensifié ces derniers jours. L’armée israélienne a annoncé dimanche avoir frappé plus d’une centaine de « cibles terroristes » dans la bande de Gaza au cours des dernières 48 heures.
Selon les données du ministère de la Santé du Hamas à Gaza, 88 Palestiniens ont été tués en 24 heures. La défense civile de Gaza fait état d’une dizaine à une vingtaine de morts chaque jour depuis le Nouvel An, et plus de 30 personnes tuées samedi.