une grande dame prend sa retraite à 80 ans !

une grande dame prend sa retraite à 80 ans !
une grande dame prend sa retraite à 80 ans !

Ça y est, cette tournée sera la dernière pour Sylvie Vartan : « Je ne peux pas continuer à ce rythme fou, même si je ressens le même enthousiasme. Je commence à être fatigué. » Ainsi, les trois concerts programmés au Palais des Congrès, du 24 au 26 janvier, auront des airs d’adieu à la scène. En effet, poursuit-elle, « la scène est toujours quelque chose de très physique. Je pourrais toujours faire des albums, quelque chose de privé pour les gens que j’aime. Mais c’est très fatigant, ça demande du renouveau, parce que je n’ai jamais fait deux spectacles qui se ressemblaient. »

Il est vrai qu’à 80 ans, cette grande dame a un peu mérité le droit de ralentir ; d’autant qu’elle n’exclut pas de continuer à chanter en studio.

Dans la chanson française, Sylvie Vartan occupe une place unique. Quand elle devient une icône yéyé, comme Sheila, Gall ou Françoise Hardy, il y a toujours en elle une certaine gravité, même lorsqu’elle chante Le plus beau pour aller danser

Une famille chassée par les communistes…

Peut-être parce que ses parents, Georges Vartan et Ilona Meyer, respectivement d’origine arménienne et hongroise, mais installés en Bulgarie, ont été contraints de fuir la tyrannie communiste pour se réfugier en France. Nous sommes en 1952 et elle n’a que huit ans. Si elle conservera une éternelle nostalgie de sa terre natale, comme en témoigne l’une de ses plus belles réussites, La Maritzadu nom du principal fleuve bulgare, Sylvie Vartan nourrissait un amour persistant pour sa patrie d’adoption : la France. Bref, derrière son visage angélique, la mélancolie apparaît dans son regard, slave certes, mais aussi celui de l’exilé.

Ce qui explique sans doute pourquoi, en 1974, elle fut l’une des rares artistes, avec Brigitte Bardot, Serge Gainsbourg, Alice Sapritch et un certain Johnny Hallyday, à soutenir publiquement Valéry Giscard d’Estaing contre François Mitterrand. Un engagement politique qui, de nos jours, équivaudrait presque à rejoindre le comité de soutien d’une Marine Le Pen. Mais il est vrai que Sylvie Vartan ne s’est jamais laissée tromper, que ce soit par les promesses d’un paradis socialiste ou par celles de son premier manager, Johnny Stark. Et même les sourires envoûtants des quatre Beatles, qui partageaient l’affiche de l’Olympia parisien en janvier-février 1964, n’y pouvaient rien changer, son cœur appartenant déjà au jeune Jean-Philippe Smet, plus connu sous le nom de Johnny. Une femme libre donc.

Johnny et Sylvie, le couple royal

Avec lui, d’avril 1965 à novembre 1980, elle forme une sorte de couple royal de l’aristocratie du show-biz français. Et, même divorcé, ce sera toujours le cas » Johnny et Sylvie », la référence des fans. Qui tolérera Nathalie Baye, pour avoir donné un certain éclat intellectuel à l’idole des jeunes, mais boudera toujours Laeticia, sa dernière épouse, considérée plus comme une favorite que comme une reine. En effet, ce n’est certainement pas elle qui se serait permise d’appeler Johnny » mamour » en public…

Et puis, Sylvie Vartan, plus de soixante ans de carrière, des millions de disques vendus, des milliers de concerts donnés aux quatre coins du monde. Et surtout sa propre façon de voir son métier. Elle est ainsi la première de nos chanteuses à oser des shows à l’américaine, avec des chorégraphies précises. Pour cela, elle travaille dur à Broadway, n’hésitant pas à repartir de zéro en prenant des cours de danse avec Jojo Smith, le professeur de Barbra Streisand. Avant de multiplier les tournées, avec une escale obligatoire à Paris au Palais des Congrès où elle pouvait tenir l’affiche des semaines durant, elle a acquis de l’expérience en se produisant à Las Vegas sous le patronage de l’immense Gene Kelly.

L’éloge d’Eddy Mitchell

Aujourd’hui, alors que le rideau est sur le point de tomber, les générations suivantes continuent de clamer leur admiration pour elle : Julien Doré, Étienne Daho, Clara Luciani, Christophe Willem, Liane Foly, Élodie Frégé et autres Carla Bruni. Mais celui qui en parle peut-être le mieux est son vieil ami Eddy Mitchell, cité par Dimanche en Francedans un numéro spécial dédié à celui qui a enchanté tant de Français : « Sylvie était une chérie, une friandise. Tout d’abord, c’était une très jolie fille, ce qui n’a rien gâché, et qui a tout de suite montré qu’elle possédait une force et une intelligence incroyables pour pouvoir traverser cet ouragan dans lequel elle s’est retrouvée coincée, suite à son histoire d’amour avec Johnny. Elle savait très bien que chanter lui demandait des efforts, que ce n’était pas facile. Elle s’est alors engagée dans une sorte de combat personnel. Et comme elle était déjà conquérante et ouvrière, elle a réussi à mener sa vie professionnelle et à s’épanouir artistiquement. »

Bel hommage ; bien mérité, qui plus est.

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