Le jeudi 4 août 1988, le corps de Nathalie Boyer, 15 ans, est découvert à l’orée d’une forêt, sur la commune de Saint-Quentin-Fallavier, nell’Isère, par deux agents de la SNCF. La jeune femme était battu avec un couteau, puis coupé. Si selon le pathologiste la victime n’a pas été violée, rien n’exclut une agression à connotation sexuelle. Ce qui est sûr c’est ceci son assassin connaît très bien la région. Le dossier des maniaques violents et sexuels est fouillé, mais rien n’est obtenu. Trois ans après le meurtre, l’affaire a été abandonnée.
Ce n’est que vingt ans plus tard, en 2008, que L’avocate Corinne Hermann réclame un nouvel examen de quatre crimes non résolus dans le département, dont celui de Nathalie Boyer. « A noter que la gendarmerie a mis en place une cellule régionale des cold cases, qui n’existe quasiment nulle part ailleurs en France, pour traiter ces dossiers. Ils ont l’avantage de connaître le terrain, explique l’avocat invité à entrer L’heure du crime. Je voudrais dire qu’à ce moment-là, nous avons demandé que tous les dossiers de ces enfants soient envoyés au hub. Il s’avère que le dossier Boyer était à côté du dossier Afif.»
Cependant, lorsque le corps de Leïla Afif, en 2000, aucun lien n’a été établi entre les deux affaires. Cette maman de 40 ans a été retrouvée dans le canal de la Bourbre, à La Verpillière, à quelques kilomètres de l’endroit où Nathalie Boyer avait été découverte 12 ans plus tôt. Les crimes semblaient, à l’époque, “trop différent”. Trois ans plus tard, l’affaire subit le même sort : l’affaire est classée sans suite.
Un suspect 36 ans plus tard
Avec l’ouverture du nouveau centre des cold cases en 2022, l’espoir renaît pour les familles de Nathalie Boyer et Leïla Afif. Et lundi 25 novembre 2024 les gendarmes de la section de recherche de Grenoble arrêtés Mohammed C.62 ans Elle avait vingt-six ans lorsque Nathalie Boyer a été tuée, trente-huit lorsque est décédée Laïla Afif. D’autres comparaisons ADN l’ont désigné comme un suspect possible.
D’autant que cet homme a un casier judiciaire. « Il a été reconnu coupable le 6 janvier 2004 par le tribunal pénal de Vienne d’agression sexuelle sur sa fille pour des actes commis entre 1992 et 2002. Et aussi pour des violences sur sa femme et sa fille entre 2000 et 2002. Nous avons un élément du profil qui est fondamental, rapporte Thomas Prouteau, chef du département police et justice de RTL. Il y avait un trou dans la raquette, parce que un échantillon d’ADN aurait dû être prélevé à ce moment-là.
L’homme a été interrogé pendant 96 heures. « Il n’a absolument pas reconnu les meurtres. Il conteste les faits pour lesquels il a été déféré au tribunal, pourtant l’ADN est là et il y en a beaucoup selon les enquêteurs.indique Thomas Prouteau. « Pour le moment, il est présumé innocent. Il va falloir terminer l’enquête, mais quand même mis en examen pour le meurtre de Leïla Afif et pour le meurtre de Nathalie Boyer. Il est en détention provisoire, précise Corinne Herrmann, avocate de la famille de Nathalie Boyer. A-t-il commis d’autres crimes ? Il appartiendra au juge et aux enquêteurs de reconstituer soigneusement son parcours et de vérifier si nous disposons d’éléments. Beaucoup de gens le connaissaient dans la région, beaucoup de gens peuvent nous donner les informations dont nous avons besoin.
Plusieurs disparitions et les meurtres de l’Isère ne sont pas encore élucidés, comme le cas du petit Ludovic January, enlevé le 17 mars 1983, devant son frère aîné, ou de Grégory Dubrulle, le 9 juillet 1983, laissé pour mort par un homme qui lui avait fracassé le crâne. Pendant de nombreuses années, Férouze Bendouiou s’est également battue sans relâche pour connaître la vérité sur la disparition de sa petite sœur Charazed, née le 8 juillet 1987.
Invités de « Crime Hour »
-Io Corinne Herrmann, avocat au Barreau de Paris et avocat de la famille de Nathalie Boyer.
-Serge Pueyo, journaliste, correspondant de RTL à Grenoble et dans les Alpes.
-Thomas Prouteau, chef du département police et justice de RTL.
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