« La doit ouvrir les yeux sur la réalité de la puissance israélienne actuelle »

« La doit ouvrir les yeux sur la réalité de la puissance israélienne actuelle »
« La France doit ouvrir les yeux sur la réalité de la puissance israélienne actuelle »

Lorsque des crimes de guerre sont commis sur les rives de la Méditerranée, c’est pour l’honneur de notre pays que ses dirigeants mobilisent tous les moyens pour empêcher leur continuation. Cependant, depuis plusieurs mois, l’action de la pour mettre fin aux souffrances incroyables endurées par les populations gazaouie et libanaise est timide, marquée par une discrétion en décalage total avec la gravité des crimes commis par l’armée et le gouvernement israélien contre populations civiles.

Mais les dirigeants actuels ont su réagir, légitimement, avec force à la suite des attentats terroristes du 7 octobre. Ils ont affirmé le soutien de la France à la population civile israélienne traumatisée et ont exigé la libération des otages. Et chaque jour, nous pensons aux otages israéliens toujours aux mains du Hamas. Nous serons toujours aux côtés de la population israélienne qui, dans les rues de Tel-Aviv ou de Jérusalem, demande inlassablement au gouvernement un plan de paix et un changement de politique.

De même, et toujours aussi légitimes, les crimes commis par l’armée russe contre la population ukrainienne ont été dénoncés avec force, jusqu’au plus haut niveau de l’État, et nous avons apporté un soutien militaire et économique important à l’Ukraine pour sa défense. La mobilisation de la diplomatie française pour obtenir le cessez-le-feu qui vient d’être annoncé au Liban est une nouvelle démonstration de notre capacité d’action.

Une fausse impuissance

En revanche, les crimes de masse contre la population palestinienne ne provoquent pas de condamnation diplomatique ni d’action proportionnée à leur gravité. Mais c’est la définition même de l’ordre international du XXIe siècle qui est en jeu. Sera-ce le siècle des violences généralisées, y compris contre les populations civiles, ou le droit international et les principes les plus élémentaires des lois de la guerre seront-ils respectés ?

Il est du devoir de la France, au vu de son histoire, notamment de la page noire de la collaboration aux crimes nazis et aux violences coloniales, de défendre avec fermeté et détermination le respect du droit humanitaire. Le « plus jamais ça », qui hante la conscience européenne depuis l’Holocauste, doit trouver son expression concrète dans une action résolue pour protéger les populations vulnérables exposées aux crimes des États et des armées.

Certains veulent nous faire croire que nous serions condamnés à l’impuissance, même si nous n’avons pas tout essayé pour arrêter l’indicible : le recours à la faim et à la soif contre une population civile de deux millions d’âmes ; la mort et la mutilation d’enfants, pour la plupart très jeunes ; déplacements forcés à grande échelle ; la destruction du patrimoine historique et culturel.

Ouvre les yeux

Les dirigeants français doivent ouvrir les yeux sur la réalité de la puissance israélienne actuelle et tirer les conséquences de sa radicalisation extrémiste et de son suprémacisme théologique. Nommons les choses : le gouvernement et l’armée israéliens sont coupables, selon les mots de l’historien israélien Omer Bartov, de « crimes de guerre, crimes contre l’humanité et actions génocidaires systématiques », tandis que la Cour internationale de Justice (CPI) alerte sur le risque plausible de génocide, justifiant des actions préventives conformes à l’esprit de la Convention de 1948. Cette radicalisation menace les fondements mêmes de la démocratie israélienne, alors que toutes les organisations israéliennes de paix se présentent dans le monde.

Chaque jour, des enfants et des civils meurent sous les bombes israéliennes. Chaque jour, la libération des derniers otages devient plus illusoire. Chaque jour, les conditions d’une paix juste et durable s’éloignent.

Mettre fin aux cycles de violence

Seule une pression extérieure ferme peut mettre fin aux cycles de violence. Nous proposons un plan en cinq points qui pourrait être appliqué immédiatement par un groupe d’États dont la France et les États européens qui ont déjà refusé l’inacceptable, comme l’Espagne, la Belgique, l’Irlande, la Slovénie ou la Norvège.

Ces États annonceraient maintenant qu’en l’absence d’une amélioration rapide et mesurable des conditions de vie dans la bande de Gaza, de la fin des morts civiles et des hostilités à Gaza et au Liban, une série d’actions diplomatiques progressives serait adoptée : la reconnaissance de la l’État palestinien et la promotion dans les forums multilatéraux de la coexistence de deux États ; l’annonce de la volonté de mettre en œuvre le mandat d’arrêt émis par la CPI contre Benyamin Netanyahu et la réaffirmation du soutien à la CPI ; le vote pour suspendre l’accord d’association de l’Union européenne avec Israël ; arrêter la livraison d’armes à Israël – quelle que soit leur utilisation – ; l’adoption de sanctions contre ceux qui participent à la perpétration de crimes contre la population palestinienne ; et en dernier recours et en l’absence d’amélioration concrète sur le terrain, la cessation de toutes formes de coopération administrative, civile et militaire avec Israël.

Dénoncer le soutien américain

Enfin, la France devrait dénoncer clairement et sans équivoque non seulement les crimes commis contre les populations civiles, mais aussi le soutien américain dont elles bénéficient. En effet, une fois de plus, les États-Unis ont opposé leur veto à une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies exigeant un cessez-le-feu immédiat. La France n’a pas tremblé en cherchant à empêcher l’invasion illégitime de l’Irak par les États-Unis, contraire au droit international.

Elle ne doit pas, même si la survie d’un peuple en dépend, craindre de dénoncer le soutien inconditionnel des Américains et les conséquences des livraisons massives d’armes à leur allié. Le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier 2025 risque, au vu des derniers propos tenus par son entourage, de nous entraîner dans le chaos général. Guerre pour la guerre et aucune issue de secours pour les Israéliens, les Palestiniens et les Libanais.

Le chemin vers la paix est ardu mais toujours réalisable dans le respect intransigeant des principes fondamentaux. La France doit, pour son honneur et son influence, compter parmi les nations qui auront tout fait pour l’imposer et protéger les victimes innocentes de ce conflit, quelles qu’elles soient, israéliennes ou palestiniennes.

 
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