Depuis février, le rover Perseverance traverse les plaines martiennes pour prélever des échantillons qui, si tout se passe comme prévu, seront rapatriés au début de la prochaine décennie par la mission Mars Sample Return. Il s’agit d’un matériel inestimable qui permettra aux chercheurs de mieux comprendre l’histoire de la Planète rouge, de savoir si elle a jamais accueilli la vie telle que nous la connaissons, et même de se rapprocher de nos propres origines – tout un programme.
Mais les capsules de titane que le robot a remplies jusqu’à présent ne contiennent pas seulement de la roche et de la poussière ; il y a aussi de l’air qui s’est infiltré à l’intérieur avant qu’ils ne soient scellés.
L’air est aussi important que la roche
Et si l’on en croit la NASA, ces échantillons atmosphériques pourraient s’avérer être tout aussi précieux que la matière solide. Dans un récent billet, l’agence spatiale américaine explique que ces gaz seront une ressource très précieuse. Analyser leur composition permettra de mieux comprendre l’évolution de ce climat extraterrestre.
« Ils nous parleront non seulement de l’état actuel du climat et de l’atmosphère, mais aussi de leur évolution au fil du temps. », explique Brandi Carrier, planétologue au prestigieux Jet Propulsion Lab de la NASA.
« Ces échantillons de gaz ont beaucoup à offrir aux scientifiques », indique Justin Simon, géochimiste au prestigieux Johnson Space Center – l’institution qui aura la lourde tâche de choisir quels tubes devront être récupérés en priorité. ” Même les chercheurs qui n’étudient pas Mars seront très intéressés, car ces résultats nous fourniront de nouvelles informations sur la façon dont les planètes se forment et évoluent. », conclut-il.
Mini-maquettes de l’environnement martien
Outre le dioxyde de carbone qui est abondant dans l’atmosphère martienne, les chercheurs espèrent par exemple retrouver des traces de gaz comme l’argon, le xénon ou le néon. Ces derniers appartiennent tous à la famille des gaz rares, qui ont la particularité d’être extrêmement peu réactifs au contact d’autres éléments. Il pourrait donc s’agir d’une matière totalement inchangée depuis sa formation il y a plusieurs milliards d’années. Les planétologues estiment qu’une fois soumis à des techniques d’analyse très sophistiquées, ces gaz rares pourraient fournir des informations sur l’histoire de l’atmosphère martienne.
Au-delà de la composition brute, le fait que l’air soit ainsi emprisonné au contact du régolithe martien est également très intéressant pour les chercheurs. Comme la mission Mars Sample Return ne les récupérera pas avant de nombreuses années, les gaz et la roche auront tout le temps de se connaître et de réagir les uns avec les autres. Chaque tube sera donc une sorte de petite maquette du climat martienet une superbe opportunité d’observer directement des interactions que les instruments de Perseverance ne sont pas capables d’étudier sur place.
Cela permettra par exemple aux chercheurs de mesurer la quantité de vapeur d’eau flottant au-dessus de la surface. Il s’agit d’un facteur déterminant pour comprendre la répartition des glaces et, plus largement, le cycle de l’eau de la planète rouge. Il s’agit donc d’une perspective très excitante, car ces travaux pourraient avoir de profondes implications pour la recherche de la vie… et même pour les futurs efforts d’exploration et de colonisation.
En effet, l’eau sera une ressource vitale lorsque les humains visiteront Mars. L’exploitation de ces précieuses molécules directement sur place permettra non seulement aux astronautes de s’hydrater, mais aussi de produire du carburant pour fusée, le tout sans dépendre des ressources envoyées depuis la Terre.
Mars Sample Return, un programme en pleine tourmente
Il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour que la mission Mars Sample Return se déroule comme prévu – et ce n’est pas gagné d’avance. Pour rappel, plusieurs commissions indépendantes ont produit des rapports accablants sur la viabilité technique, logistique et économique du programme.
Ce fiasco a pris de telles proportions qu’en avril dernier, la NASA a été contrainte d’annoncer que l’architecture de Mars Sample Return allait être entièrement révisé au cours des prochains mois.
L’agence a donc lancé un appel à projets qui s’est terminé le 17 mai. Depuis, les responsables étudient chaque proposition afin de pouvoir sélectionner la plus pertinente à l’automne. Nous avons donc hâte de vous retrouver en fin d’année pour découvrir le nouveau visage de cette mission incroyablement importante pour l’avenir des sciences martiennes.
