Les questions que l’on se pose après le premier grand incendie de l’année dans le Var, qui a couvert 600 hectares

Les questions que l’on se pose après le premier grand incendie de l’année dans le Var, qui a couvert 600 hectares
Les questions que l’on se pose après le premier grand incendie de l’année dans le Var, qui a couvert 600 hectares

Après le début d’un incendie localisé mardi après-midi sur la commune de Vidauban, le massif des Maures paie une nouvelle fois un lourd tribut…

« Ce sont les mêmes couloirs que le grand incendie du 25 juillet 2003, sauf que cette fois la météo était plutôt de notre côté… »constate un pompier qui ne signale ni victimes ni foyers touchés, contrairement au précédent meurtrier en 2003…

Barrières de protection

Depuis l’impressionnant PC installé dans le domaine du Château Saint-Julien D’Aille, l’incendie était invisible hier, pourtant il est loin d’être éteint… Aux quatre coins de la forêt ravagée entre Vidauban, Plan-de-la-Tour et La À Garde-Freinet, la vigilance reste de mise avec des moyens humains et mécaniques conséquents, par crainte d’une éventuelle reprise galvanisée par des vents incertains de nord-ouest/sud-est.

Devant une carte vidéo montrant les 600 hectares atteints, le directeur départemental du service d’incendie et de secours du Var (Sdis 83), Éric Grohin, décrit la stratégie adoptée et notamment la « construction » de deux barrières de protection.

« Il s’agit d’un dépôt de produit retardateur pour contrer la résurgence des points chauds. L’une a été réalisée par voie aérienne, l’autre par voie terrestre à l’aide de camions. »souligne le patron du Sdis.

Enquête « agricole » en cours…

« Nous sommes sur un feu qui a montré une dynamique incroyable même s’il pleuvait ce week-end… (lire ailleurs). Une source de satisfaction reste la réactivité de nos effectifs, la solidarité des départements voisins, qui ont permis d’atteindre les 760 pompiers mobilisés et 190 véhicules, ainsi que la synergie entre les pompiers, les comités municipaux d’incendie de forêt et les sapeurs forestiers.»constate le maire de Luc et président du Sdis, Dominique Lain, qui ne manque pas d’insister sur le «l’obligation de débroussailler».

Si l’enquête de gendarmerie est en cours sur les origines du sinistre parti dans un domaine proche de la RD48, de fortes présomptions planent autour d’un « travaux agricoles » qui a mal tourné à Vidauban, avec les conséquences qu’on peut imaginer si la négligence est avérée…

Incendie réparé mais non maîtrisé

Une chose est sûre, si la D72 restait la seule artère coupée à la circulation mercredi soir, tous les habitants des hameaux du Plan-de-la-Tour, évacués à titre préventif, ainsi que ceux de La Garde-Freinet , étaient rentrés chez eux mardi soir. L’incendie n’a été déclaré « réparé » qu’à 17h05 ce mercredi.

« Ce soir, le dispositif pourrait être réduit de moitié et l’incendie déclaré « maîtrisé ». Tout cela est bien entendu conditionné par le fait que le vent se lève ou non. a déclaré Éric Grohin au PC de Vidauban, tout en soulignant que la surveillance durerait plusieurs jours au pied des chênes-lièges et autres pins gigantesques qui peuplent les Maures. La mission non négociable est d’éteindre chaque dernière maison active.

Le directeur départemental du service d’incendie et de secours du Var (Sdis 83) Éric Grohin au PC de Vidauban.

L’unité « Drones » également en action

Même si pour des raisons évidentes ils ne sont pas opérationnels lors des parachutages, les drones ont joué un rôle dans la gestion stratégique de cet incendie.

Deux télépilotes ont été mobilisés pour repérer les différents secteurs touchés. « Ils ont une mission de reconnaissance dans les points chauds, peuvent localiser une habitation dans une zone isolée, etc. Les drones sont également équipés d’une caméra thermique qui permet de localiser des foyers encore actifs, d’évaluer les moyens au sol nécessaires et de guider les véhicules. » explique un officier, qui confirme qu’au début du sinistre les engins volants ont ciblé la progression de l’incendie sur ses côtés avant droit et avant gauche.

Ces petits appareils télécommandés attirent le regard, puisqu’ils peuvent zoomer jusqu’à un kilomètre !

Attention, lorsque l’usage de drones est exigé « en opération » comme c’est le cas cette semaine dans le massif des Maures, il n’est pas soumis à déclaration.

Pas d’hélicoptères bombardiers d’eau avant le 15 juin

L’hélicoptère Puma était omniprésent ce mercredi dans le ciel varois. A plus de 20 000 euros l’heure de vol à la charge de la Sécurité civile, et donc du ministère de l’Intérieur, sa mission n’est pas la plus économique, mais a le mérite de l’efficacité. L’appareil déverse 4 000 m3 à chaque passage, soit 4 tonnes d’eau puisées dans le petit lac du golf de Vidauban voisin.

« Il traite les zones où persistent des fumerolles inaccessibles », informe un officier tandis que les bulldozers poursuivent leur travail pour élargir les pistes forestières et les rendre praticables aux équipes terrestres.

Effectifs rapprochés

Si certains ont été surpris par les évolutions aériennes récurrentes des Puma de l’Etat plutôt que des hélicoptères bombardiers d’eau régionaux, la raison est simple : l’attribution est bel et bien prévue mais pas avant ce samedi 15 juin.

« C’est le délai habituellement convenu. Jusqu’à présent, cela paraissait une bonne date, mais il s’avère que cette année l’incendie s’est déclaré tôt… Les quatre machines louées par le Département seront donc là, deux à Luc/Cannet-des-Maures, une sur le secteur Est, et une autre à l’ouest, mais dans quelques jours ! », assure le patron du Sdis, Éric Grohin.

Quant aux Canadairs, apparus d’abord en trio dans le ciel varois mardi jusqu’à 21 heures, ils ont été réduits à deux ce mercredi, démarrant leur mission à 7 heures et la terminant à 10 heures. « Ce sont avant tout les hommes sur le terrain. qui a éteint le feu ! », rappelle le colonel Grohin tout en rassurant sur la proximité des avions jaunes qui sont disponibles, non loin de là, à Hyères, en cas de reprise.

Mercredi midi, les compteurs affichaient un total de 124 chutes depuis le début de l’incendie.

« Ce tapis végétal sec est comme de l’essence ! »

De nombreuses questions « brûlantes » restent sans réponse. Notamment en ce qui concerne la rapidité avec laquelle l’incendie s’est propagé mardi après-midi, alors que la pluie venait de tomber et que l’été n’était pas encore arrivé. “ Ce grand incendie survient anormalement tôt ! », juge le leader du Sdis. Une des pistes explorées pour l’expliquer concerne la végétation…

« Nous avons démarré sur un feu d’herbes sèches qui s’est propagé très rapidement à travers la plaine. Le stress hydrique semble évident. Il suffit de regarder le dégagement de fumée noire ! Ces tapis de fleurs sauvages, quand ils sont secs, c’est de l’essence ! », grimace un pompier au visage noirci par la suie.

Analyses actuelles

Durant l’été, nous prélevons chaque semaine des échantillons sur des espèces identifiées, comme les cistes, pour évaluer leur teneur en eau. Compte tenu des événements, nous anticiperons ces prélèvements aux abords de l’incendie ce mercredi, dans la garrigue, pour en savoir plus sur l’état de la végétation. Ces analyses pourraient nous aider à comprendre à quelle vitesse le feu s’est propagé, car tout le monde a été surpris par sa puissance ! », explique Alain Manavon, chef de la division Défense de la forêt française contre les incendies (DFCI) 83/06, entouré de membres de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM).

Techniquement, cela implique des agents se concentrant sur des espèces spécifiques collectées sur différents sites dans un rayon de quelques mètres carrés. ” On récupère les extrémités des tiges que l’on place ensuite dans des boîtes hermétiques. Nous pesons ces échantillons, puis les mettons au four pendant 24 heures. Avec ce chauffage, l’eau s’évapore. C’est alors qu’on pèse à nouveau l’échantillon et par soustraction à la masse initiale, on en déduit la teneur en eau. », poursuit Alain Manavon.

Et c’est ainsi que l’on conclut à une sécheresse plus ou moins avancée par rapport aux années précédentes. Soyez toutefois patient car les résultats de ces prélèvements ne devraient pas être disponibles avant plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

En ce qui concerne la faune, il est également trop tôt pour s’interroger sur le tribut payé par les tortues d’Hermann, les sangliers et autres habitants de la forêt maure…

 
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