Le projet d’éolien flottant en Méditerranée pourrait-il, à terme, ne pas voir le jour ? – .

Le projet d’éolien flottant en Méditerranée pourrait-il, à terme, ne pas voir le jour ? – .
Le projet d’éolien flottant en Méditerranée pourrait-il, à terme, ne pas voir le jour ? – .

Et si le plus grand chantier de France, sur le quai lourd du port de La Nouvelle, n’arrivait pas à son terme ? Les dirigeants de la société Qair qui pilotent le projet Eolmed d’éolien offshore flottant n’excluent pas cette possibilité à moyen voire court terme. 600 emplois sont menacés et quelque 6 000 tonnes de matériels pourraient être abandonnés. A moins que Bercy ne réagisse enfin.

Des projets pilotes d’éoliennes flottantes en Méditerranée pourraient bientôt aboutir à des pales. Les dirigeants de Qair expriment de très vives inquiétudes sur l’issue du projet qui a souffert de la crise sanitaire, de la guerre en Ukraine qui a fait passer le prix de la tonne d’acier de 700 € à 2 280 € par exemple, de l’inflation, des remaniements ministériels… « On se demande pourquoi pour nous (les trois opérateurs de projets pilotes en Méditerranée, NDLR)tout cela n’existait pas »», s’interroge Laurent Vergnet, directeur offshore pour la France, en ciblant directement le ministère des Finances. Le fait est que les projets ont un an de retard. Pour Eolmed, chaque mois qui passe coûte 1,50 M€. Et la mise en service des éoliennes, dans l’état actuel des choses, n’est possible que fin 2025. Si le projet se poursuit, bien sûr.

“Nous avons été oubliés et nous ne comprenons pas”

Tous les secteurs de l’énergie ont bénéficié d’un coup de pouce de l’Etat et notamment de l’indexation. Sauf eux. Jean-Marc Bouchet, fondateur de Qair qui accompagne le projet Eolmed depuis 20 ans et plus particulièrement depuis 2016, date à laquelle l’Ademe a attribué le projet, déclare « ne pas comprendre la posture de l’Etat qui fait la sourde oreille ». « Nous sommes emmenés de réunion en réunion, de ministère en ministère et rien ne bouge. Personne n’est disposé à prendre une mesure qui, en outre, ne coûterait rien au contribuable.», s’indigne-t-il. Quant aux courriers, notamment du syndicat des énergies renouvelables, ils restent lettre morte.

Plus de 100 millions d’euros de plus sur la facture

A l’origine du projet, il était estimé à 212 millions d’euros. Sauf qu’à la signature en 2022, la facture avait grimpé à 317 millions d’euros. Quant aux banques, lorsque le seuil des 323 millions d’euros sera atteint, elles fermeront le robinet. Qair a réussi à financer dès le départ, sans recours. Et surtout n’a pas dérogé à la volonté initiale de créer “les fondamentaux d’une filière française”. Tout a été fait pour que ce soit le cas, avec un recours massif aux entreprises régionales. Par ailleurs, Jean-Marc Bouchet, Laurent Vergnet et le directeur d’Eolmed, Olivier Guiraud, rappellent que pour que le port de Port-La Nouvelle devienne un « port vert » unique en Europe, plus de 1,2 milliard € investis en 10 ans, par la Région et les entreprises. “C’est toute une stratégie qui est ébranlée” ils regrettent.

« Nous sommes doués pour rater des opportunités »

Lors des accords passés avec Bercy à l’origine du projet, le financement devait être de 240 € par MW/h d’électricité qui devait être revendue à 40 € par MW. Sauf qu’au prix actuel, le prix de revente est de 80 à 90 € l’unité. Cela constitue donc un manque à gagner de 40 à 50 € par MW/h pour l’opérateur. Ce qui nécessite simplement de revenir aux termes de l’accord initial. Sans cela, les fournisseurs ne fourniront plus et tout un écosystème sera impacté et 600 emplois menacés. Jean-Marc Bouchet rappelle également que Qair « répondu aux appels d’offres pour des parcs en Espagne et au Portugal, en s’appuyant sur de Nouvelles Structures ». « Nous sommes doués pour rater des opportunités… »Il regrette.

Le compte à rebours commence

Le compte à rebours commence. Olivier Guiraud estime qu’il est difficile de se projeter à plus de trois mois, et que dès le mois de juin, les fournisseurs pourraient abandonner le jeu. De plus, les trois turbines et éoliennes seront livrées le 1euh en août prochain. « Il y a urgence à sauver cet important projet, volontairement 100% français »insiste Laurent Vergnet.

Le 13 mai, une rencontre est prévue avec le ministre de l’Industrie et de l’Energie, Roland Lescure, et ses conseillers. Ce sera crucial, décisif, à moins que le patron de Bercy, Bruno Le Maire, ne fasse aucun effort.

 
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