P.Professeur émérite d’histoire naturelle à l’Université Harvard, aux États-Unis, Andrew Knoll est une sommité dans son domaine, l’histoire de la Terre. Il a parcouru la Sibérie, l’île arctique du Spitzberg et les étendues désertiques de l’Australie occidentale à la recherche de fossiles et de roches anciennes. Avec l’idée, inhabituelle au début de sa carrière, que la Terre physique et la Terre biologique forment un couple orageux mais à jamais uni.
Les roches, les volcans, les montagnes, le climat, la chimie des océans et de l’atmosphère sont étroitement liés aux convulsions de la vie. « La Terre n’est pas une simple plateforme passive hébergeant la dynamique des populations. Ses environnements évoluent, que ce soit à des échelles locales et transitoires ou à des échelles globales et durables », souligne l’auteur.
Sans tectonique des plaques, ce glissement permanent des lambeaux de la croûte terrestre, pas de volcanisme permanent, pas de cycle du carbone enfoui sous terre puis relargué à la surface, et pas de vie au sens où nous l’entendons. Il y a plus de 700 millions d’années, la « Terre Boule de Neige » a échappé à une glaciation complète et éternelle grâce aux volcans qui ont continué à disperser du dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Cela a accentué l’effet de serre et le réchauffement qui ont détruit la glace.
Et malgré tout, la vie
Malgré ces chocs permanents, ou plutôt à cause d’eux, les cartes de la vie ont été sans cesse redistribuées avec des écosystèmes très différents les uns des autres, espacés de plusieurs millions d’années. La Terre, assemblée il y a plus de 4,5 milliards d’années, abritait déjà une vie primitive quelque 500 millions d’années plus tard. Pendant la moitié de son histoire, ni son atmosphère ni ses océans n’ont abrité la moindre molécule d’oxygène. Et pourtant, les bactéries et les archées – une autre forme de micro-organismes – ont prospéré.
Pendant la moitié de son histoire, ni son atmosphère ni ses océans n’ont abrité la moindre molécule d’oxygène
Vint ensuite une crise majeure, la Grande Oxydation, qui débuta il y a 2,4 milliards d’années et qui insuffla finalement de l’oxygène dans le système. « Les cyanobactéries ont été les héros de cette révolution », suggère Andrew Knoll. Les organismes vivants qui colonisent les terres, le développement de la vie animale – qui occupe les derniers 15 % de la chronologie –, l’explosion cambrienne il y a 541 millions d’années, les cinq grandes extinctions, l’apparition d’hominidés debout sur leurs deux jambes depuis 7 millions d’années : ces grandes étapes sont depuis toujours le résultat de la rude interaction de la faune et de la flore avec leur environnement.
Homo sapiens, produit final de la lignée, est désormais l’architecte d’une nouvelle extinction. Est-ce que ce sera une « messe » ? Quel est le point commun des précédents ? « C’est leur vitesse. Le rythme du changement environnemental est aussi important à considérer que son ampleur », prévient l’auteur. On dirait que nous cochons toutes les cases.
« Une brève histoire de la Terre » par Andrew H. Knoll, éd. Les liens qui gratuits, 264 p., 22,50 €, ebook, 16,99 €.