« L’ennemi intérieur », cette obsession grandissante pour Trump

« L’ennemi intérieur », cette obsession grandissante pour Trump
« L’ennemi intérieur », cette obsession grandissante pour Trump

(Washington) Un concept aux connotations presque religieuses, qui n’est pas sans rappeler l’anticommunisme rageur des années 1950 : depuis plusieurs mois, Donald Trump évoque dans ses discours un « ennemi de l’intérieur » aussi vague que sinistre.

Aurélia FIN

Agence France-Presse

« Il y a la Russie, il y a la Chine. Mais avec un président intelligent, c’est en fait assez facile à gérer», a-t-il par exemple déclaré dans une interview diffusée dimanche sur la chaîne Fox.

“L’ennemi de l’intérieur, en revanche, va détruire ce pays”, a ajouté le magnat républicain de 77 ans, candidat à la présidentielle de novembre, lors de sa première interview depuis qu’un jury new-yorkais l’a reconnu coupable.

En novembre, lors d’un rassemblement dans le New Hampshire, dans le nord-est des Etats-Unis, Donald Trump avait déclaré : “la menace venant des forces extérieures est bien moins inquiétante, dangereuse et sérieuse que la menace venant de l’intérieur”.

Dans le même discours, il a utilisé le terme « vermine » pour désigner ses ennemis politiques, lui reprochant de puiser dans le vocabulaire des régimes totalitaires du XXe siècle.

En février, lors d’un congrès évangélique à Nashville, Tennessee, l’ancien président récidive : « Ce sont les gens à l’intérieur de notre pays qui sont les plus dangereux », ajoutant : « Pour sortir victorieux de ce combat, comme des batailles du passé, nous avons besoin de la main du Seigneur. »

Dans une récente interview avec Temps, l’ancien homme d’affaires, multiple prévenu, a utilisé la même rhétorique : « L’ennemi de l’intérieur, bien souvent, est bien plus dangereux pour notre pays que les ennemis extérieurs que sont la Chine, la Russie et d’autres. ‘autres. »

McCarthy

Mais qui est cet « ennemi de l’intérieur » que le milliardaire désigne à la vindicte de ses partisans, et à qui il attribue les pires intentions ?

« Ce n’est pas seulement dirigé contre [le président démocrate] Joe Biden, il y a aussi de plus en plus de menaces contre le système judiciaire, les juges, les procureurs», constate Rebecca Gill, qui enseigne les sciences politiques à l’université du Nevada.

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PHOTO MATT ROURKE, PRESSE ASSOCIÉE

Donald Trump prononce un discours lors d’un rassemblement dans le New Jersey

Lors de ses discours, Donald Trump accuse cet « ennemi de l’intérieur », en masse, de le persécuter, mais aussi de vouloir ouvrir les vannes à l’immigration clandestine, augmenter les impôts, mettre à mal les valeurs traditionnelles…

« Cela fait écho à ce que nous avons entendu dans le passé de la part de gouvernements fascistes et autoritaires », note l’universitaire.

Le terme « ennemi de l’intérieur » apparaît avec fracas dans la vie politique américaine en 1950, dans un discours qui révèle au grand public un certain Joseph McCarthy, sénateur du Wisconsin.

Son nom est associé à ce qu’on a appelé la « chasse aux sorcières », une chasse aux sympathisants communistes au sein de l’administration américaine et, plus largement, dans tous les secteurs de la société.

Selon Leonard Glass, psychiatre ayant participé à un ouvrage collectif intitulé « Le cas dangereux de Donald Trump », publié en 2017, le concept utilisé par le candidat républicain a pour objectif principal d’enflammer ses partisans.

“Armée de Dieu”

C’est « une invocation répétitive qui attise la suspicion contre tous ceux dont les opinions sont différentes, et qui les rend responsables de tous les maux. Ils ne sont pas perçus comme des compatriotes méritant un débat respectueux, mais comme de vils usurpateurs », analyse-t-il.

Victoria Johnson, professeur émérite de sociologie à l’université du Missouri, distingue derrière cette figure de « l’ennemi intérieur » un message binaire destiné à la droite nationaliste chrétienne : « Soit vous êtes avec Dieu, soit vous êtes avec Satan. »

“C’est une stratégie électorale”, dit-elle, soulignant que Donald Trump lui-même n’était “clairement pas une personne religieuse”.

Elle rappelle par exemple qu’un ancien conseiller à la sécurité nationale du républicain, le général à la retraite Michael Flynn, avait organisé un « ReAwaken America Tour », destiné à lever une « armée de Dieu ».

Lors de ces meetings, l’homosexualité, l’immigration et les idéologies progressistes sont violemment critiquées, tandis que Donald Trump est présenté comme le premier défenseur du christianisme.

L’un des fils de l’ex-président, Eric Trump, a choisi un terme religieux pour réagir au verdict de culpabilité prononcé la semaine dernière à New York : il a estimé que son père était en train de devenir un « martyr ».

 
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