Les feux de forêt, un « mauvais prétexte » pour reporter le plan caribou… à une date inconnue

Les feux de forêt, un « mauvais prétexte » pour reporter le plan caribou… à une date inconnue
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« Nous poursuivons nos travaux en vue de déposer une stratégie de protection de l’habitat du caribou forestier. Les détails seront connus en temps voulu. C’est la réponse envoyée par le cabinet du ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoît Charrette, malgré l’ultimatum lancé par Ottawa pour forcer Québec à agir ici le 1er mai.

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Le ministre de l’Environnement du Québec, Benoit Charette, n’a présenté aucun échéancier pour la présentation du plan de protection du caribou forestier. (Jacques Boissinot/Archives de la Presse Canadienne)

Le 16 avril, Joël Arsenault, député du Parti québécois, soulignait que le gouvernement Legault avait reporté à six reprises depuis 2021 la présentation du plan de protection du caribou forestier, demandant au ministre Charrette quand il prévoyait publier le document tant attendu.

« C’est une question extrêmement complexe. […] parce qu’il met en relation des domaines qui peuvent être conflictuels, dont la protection de la faune et une économie qui fait littéralement vivre nos régions, a répondu Benoît Charrette lors de l’étude des crédits budgétaires. Ne pas considérer les impacts des mesures sur les autres parties prenantes serait irresponsable.

« Nous étions prêts à présenter cette stratégie à la fin du printemps dernier et la pire saison de feux de forêt que le Québec ait jamais connue s’est produite. Cela a eu un impact direct sur les territoires considérés et ne pas en tenir compte aurait été irresponsable.

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Aires de répartition des 11 hardes de caribou forestier (A : Detour; B : Nottaway; C : Assinica; D : Témiscamie; E : Caniapiscau; F : Outards; G : Manicouagan; H : Basse-Côte-Nord; I : Pipmuacan; J : Val-d’Or; K : Charlevoix). (Boulanger et al. 2024)

Joël Arsenault est indigné de voir à quel point le gouvernement Legault improvise sur le dossier du caribou. “Le ministre n’a aucune idée d’où il va”, a-t-il déclaré. Selon ce dernier, le gouvernement aurait pu au moins dévoiler son plan pour les troupeaux qui n’ont pas été touchés par les incendies. Et si les incendies reprennent en 2024, le gouvernement utilisera-t-il encore ce prétexte pour reporter encore une fois le plan caribou, s’interroge-t-il ?

Les impacts des incendies sur l’habitat du caribou

Une étude sur les impacts des incendies de forêt, réalisée par une vingtaine de chercheurs canadiens, est actuellement en cours de révision scientifique en vue d’une publication dans le Revue canadienne de recherche forestière.

Cette étude démontre que 1,5 million d’hectares de l’aire de répartition des 11 hardes de caribous forestiers sont partis en fumée. L’impact sur les troupeaux a été très différent, car quatre d’entre eux n’ont pratiquement pas été touchés, et les incendies ont couvert moins de 2 % du territoire de trois troupeaux (Pipmuacan 1,5 %, Caniapiscau 1,3 %, Outardes 0,4 %). Les incendies ont davantage touché les troupeaux de Témiscamie (3,7 %), Détour (3,2 %), Assinica (7,3 %) et Nottaway (11,3 %).

« Les effets du feu sont relativement faibles sur l’habitat du caribou », soutient Mathieu Leblond, chercheur scientifique pour Environnement et Changement climatique Canada et spécialiste du caribou forestier, qui a collaboré à l’étude mentionnée ci-dessus.

Les incendies ajoutent donc au niveau de perturbation du territoire, augmentant ainsi la pression sur les populations de caribous. Selon les tarifs fixés par Environnement Canada, l’objectif est de limiter le taux de perturbation à 35 % dans une aire de répartition du caribou, un seuil qui permettrait aux troupeaux d’être autosuffisants à long terme.

Avant les incendies de 2023, cinq des 11 troupeaux présentaient un taux de perturbation supérieur à 35 %. Deux autres troupeaux ont dépassé ce seuil avec les incendies (Détour et Nottaway). Selon la littérature, les incendies ont un impact négatif sur le caribou, mais moins grave que l’exploitation forestière, car le caribou a évolué avec les feux de forêt.

Avec les changements climatiques, il faut s’attendre à voir davantage d’incendies ravager le territoire et Québec ne pourra pas constamment reporter sa stratégie sous ce prétexte, estime Mathieu Leblond. « Si la stratégie de protection est bien menée, elle devra prendre en compte les incendies de forêt », explique-t-il, ajoutant que nous pourrions connaître une nouvelle année record d’incendies de forêt en 2024.

Plusieurs troupeaux n’ont pas été touchés par les incendies et Québec aurait pu mettre en place des mesures de protection dans certains secteurs dans un premier temps, estime Martin-Hugues St-Laurent, professeur d’écologie animale à l’Université du Québec à Rimouski, qui a participé à l’étude à titre d’expert en milieu forestier. caribou. « Nous essayons d’épargner la chèvre et le chou et nous continuons à creuser la tombe du caribou », dit-il.

Ce dernier déplore que la CAQ n’écoute pas assez la science, car toutes les études, et même la méta-analyse lancée par le gouvernement, ont démontré la même chose.

 
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