LE TOP 100 DES ANNÉES 90 – Finie la domination parisienne. A Bordeaux, Nantes, Clermont-Ferrand, les scènes locales se consolident, d’abord avec le rock puis avec la chanson. Le chant de la décentralisation ?
Par Odile de Plas
Publié le 6 mai 2024 à 8h00
LLes yé-yé étaient pour la plupart des Parisiens, ou presque, des environs du square de La Trinité où Johnny a rencontré Dutronc avant tout ce petit monde rassemblé au Golf Drouot, autour de Françoise Hardy, Sylvie Vartan et Eddy Mitchell, tout cela sous l’oeil de Jean-Marie Périer, photographe officiel de salut les copains. Avant eux, nous étions rive gauche ou rive droite et, dans les années 1970, il n’était pas encore question de décentralisation. Sanson, Berger, Gall ? 17ème arrondissement.
Sinon ? Pas mal de banlieues — Delpech, Julien Clerc, Le Forestier. Parfois rouge (Francesca Solleville, Ferrat). Ou peut-être venons-nous d’ailleurs, comme Moustaki. En tout cas, il n’est pas question de scènes locales, provinciales. L’existence, revendiquée comme telle, d’une scène française hors Paris commence dans les années 1980. Paris a Taxi Girl, mais les Chiens viennent de Rouen, Marquis de Sade et Daho, de Rennes, Starshooter, de Lyon, Gamine, de Bordeaux…
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Aux quatre coins de la France, cela se répète avec le sentiment que l’underground y devient plus créatif qu’à Paris. Originaire de son Auvergne natale, Jean-Louis Murat réussit à séduire un large public en 1987 avec Si tu me manquais, et forge son image de chanteur grincheux, entre variété et poésie rock grâce à Col de la Croix Morand. A Bordeaux, le succès phénoménal de Noir Désir va bientôt reléguer Téléphone au rang d’antiquité. A Nantes, alors que Tostaky devient l’hymne d’une génération, on prépare le retour de la douceur et de la subtilité avec Dominique A et un Vendéen déjà un peu fou, Philippe Katerine, qui appelle sa sœur Bruno. Plus à l’ouest, Miossec rappelle que la bruine de Brest peut donner naissance à un auteur.
Cette revanche de la province va bien au-delà de la chanson et du rock. Le rap installe son autre capitale à Marseille avec IAM. La techno décrète que ses plus grands événements auront lieu à Concarneau, Nîmes, Lyon, Grenoble ou Lille. Les salles de concert couvrent désormais tout le territoire, bientôt ce sera le tour des festivals. Hormis l’historique Fête de l’Humanité, Paris attendra 2003 avant d’accueillir son premier Rock en Seine, après l’échec d’un Rock à Paris en 1997. Normalement, toute la jeunesse était descendue au Boréalis, à Montpellier, pour danser dans devant Daft Punk en live.