Les grands disparus de la Côte-Nord en 2024

L’année 2024 a atteint son crépuscule ; le temps est venu de se souvenir des grands disparus de la Côte-Nord. Retour sur des personnalités remarquables qui, au-delà de leur mort, laissent une marque indélébile dans la mémoire collective.


Brian Mulroney (1930-2024)

C’est un destin hors du commun que s’est choisi le « petit bonhomme de Baie-Comeau », Brian Mulroney, né en 1930.

Une vie qui l’a amené à diriger le Canada pendant une décennie, de 1984 à 1993. Une vie passée à l’avant-garde des moments historiques, ici et à l’échelle internationale. Une vie exceptionnelle qui s’est éteinte un jour tout aussi singulier, le 29 février.

Brian Mulroney a été honoré en 2019 par sa ville natale, avec le dévoilement d’un buste de lui dans l’église Ste-Amélie. (Photo d’archives)

Photo : - / Benoit Jobin

L’annonce de sa mort a secoué les politiques de tout le pays. Les vibrants hommages ont tour à tour rappelé l’importance de l’homme d’État dans la signature duALÉNA et la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, taillant ainsi une place enviable au Canada sur la scène mondiale.

Il a changé nos vies, votre vie, la mienne, la vie du Canada, et le pays ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui sans Mulroney.a déclaré au lendemain du décès l’ancien premier ministre du Québec Jean Charest, qui avait travaillé avec Brian Mulroney au sein du Parti progressiste-conservateur.

Leader et fin négociateur, Brian Mulroney était également un homme politique qui sème la discorde. La taxe sur les produits et services, la TPS, qu’il a introduite en 1990, était particulièrement impopulaire.

Ouvrir en mode plein écran

Le « grand risque » de Brian Mulroney avait convaincu René Lévesque. Les voici en 1985, deux ans avant les négociations de l’Accord du lac Meech. (Photo d’archives)

Photo : La Presse Canadienne

L’accord du lac Meech, qu’il considère comme son plus grand revers politique, a mis en lumière d’intenses divisions au sein de la fédération. Des divisions dont l’ultime allégorie reste sa rupture avec son grand ami et compagnon d’armes, Lucien Bouchard, passé de ministre canadien de l’Environnement à fondateur du Bloc Québécois.

Avant de devenir le 18e Premier ministre du Canada, Brian Mulroney a été vice-président de la Compagnie minière Iron Ore Mining du Canada en 1976. Il a pris le contrôle de l’entreprise l’année suivante, jusqu’au moment critique de la fermeture de la mine de Schefferville en 1982.


Philippe McKenzie (1953-2024)

Ouvrir en mode plein écran

Philippe McKenzie est l’auteur de « l’hymne national innu », Ekuan pua. (Photo d’archives)

Photo : - / Charles Alexandre Tisseyre

Figure culturelle incontournable, véritable pionnier de la musique innue moderne, l’auteur-compositeur-interprète Philippe McKenzie nous a quittés le 12 juillet dernier, laissant derrière lui un formidable héritage artistique et social.

Pinipson surnom, est né en 1953 à Mani-utenam, à une époque où il n’y avait que deux guitares dans la communauté. Deux guitares qui sont passées de main en main, et qui ont débarqué entre les siennes, lorsqu’il avait 13 ans.

Un guitariste et un petit garçon.

Ouvrir en mode plein écran

Philippe McKenzie est le « Félix Leclerc des Innus ». (Photo d’archives)

Photo : - / Avec la permission

Celui qui a grandi au son des Beatles et des Rolling Stones a enregistré le tout premier disque en langue innu au début des années 1980, un tournant dans sa carrière.

Aux côtés de Florent Vollant, Philippe McKenzie fonde en 1984 le Festival de musique et d’art autochtone Innu Nikamu à Mani-utenam, devenu depuis l’un des plus importants en Amérique du Nord.

C’est une chanson Dans l’équation pua est devenu « l’hymne national des Innus », estime l’actuel coordonnateur d’Innu Nikamu, Normand Jr Thirnish Pilot. Le 40e L’édition du festival, organisée deux semaines après le décès de Philippe McKenzie, rendait hommage à la mémoire de son fondateur.

Depuis 2021, Philippe McKenzie, fragilisé par un AVCa dit qu’il était fatigué. Mais sa célébration du territoire, sa révolte contre les Blancs qui ont trahi son peuple et sa mémoire l’ont suivi jusqu’au bout.


Alexandre McKenzie (1941-2024)

Le politicien et constructeur innu Alexandre Mckenzie est décédé samedi dans un accident de motoneige au Labrador.

Ouvrir en mode plein écran

Alexandre McKenzie est l’un des grands bâtisseurs de la nation innue. (Photo d’archives)

Photo : -

La nation innue a dit au revoir, le 11 mai dernier, à un autre de ses grands bâtisseurs : Alexandre McKenzie.

Amoureux de la culture innue, Alexandre McKenzie en est devenu l’un des principaux défenseurs et promoteurs. L’Institut Tshakapesh, qu’il a fondé en 1978 et qu’il a présidé, en témoigne par sa mission de promotion de l’Innu-aimun.

Le déclin de la langue innu l’inquiétait et il consacra une partie de sa vie à y remédier. Le reste d’entre nous devra se lever et s’organiser pour trouver comment ramener la langue innue dans nos écoles. C’est très importantdisait-il au micro d’ICI Côte-Nord en 2018.

Alexandre McKenzie est le président de Tshiuetin Rail Transport

Ouvrir en mode plein écran

Le politicien et constructeur innu Alexandre Mckenzie est décédé dans un accident de motoneige au Labrador. (Photo d’archives)

Photo: - / Nicolas Lachapelle Plamondon

C’est grâce à lui que la Tshiuetin Rail Company, le premier chemin de fer appartenant à des Autochtones au Canada, a été créée. Ce train est le seul moyen de transport terrestre qui relie les communautés de Kawawachikamach et de Matimekush-Lac John au reste du monde. Alexandre McKenzie était également chef du conseil de bande de cette communauté innue.

Son leadership a été salué de toutes parts dès l’annonce de sa mort. C’est toute la nation innue qui perd un pilier avec son triste départa souligné le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard.

C’est vraiment une grande perte pour la nation, sans oublier aussi qu’il était un grand chanteur de tambour.

Une citation de Réal McKenzie, chef de la communauté Matimekush-Lac John

En 2023, il est fait Chevalier de l’Ordre national du Québec pour son désir de faire vibrer le cœur de la culture innue […] et ouvrir la voie à une gouvernance innue.


Jérémie Giles (1927-2024)

Un homme devant ses tableaux.

Ouvrir en mode plein écran

Quatre mois avant son décès, l’artiste Jérémie Giles présentait une nouvelle exposition à Baie-Comeau. (Photo d’archives)

Photo: -/ Frédéric Hountondji

Il est né à Cambridge, au Massachusetts, mais c’est la Rive-Nord et le Saguenay qu’il a choisi pour peindre ses toiles, sculpter ses bronzes et laisser sa marque au Québec. Jérémie Giles est décédé le 10 septembre, à l’âge de 97 ans.

L’artiste multidisciplinaire s’est installé à Baie-Comeau dans les années 1950, une ville qu’il a façonnée tout au long de sa vie. De nombreuses sculptures et bustes, dont celui de Brian Mulroney, peuplent les lieux publics de Baie-Comeau.

À la fin des années 1950, il crée le Centre d’art Manicouagan à Pointe-Lebel. Un monument qui a réuni une foule d’artistes jusqu’en 1971, dont le peintre Don Darby et Gilles Vigneault

Il lance le Symposium des arts de Baie-Comeau en 1987, un événement culturel phare qui attire chaque année des dizaines d’artistes. Sans oublier sa contribution à l’ouverture de deux centres d’interprétation scientifique dans la région de Gatineau et à la création de l’Ordre du Bleuet, qui honore des personnalités de la communauté culturelle du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Il a vécu à plusieurs endroits au Québec : Gatineau, Québec et évidemment Baie-Comeau et Saguenay. Et à chaque fois, il a fait la différence, il a laissé sa marque. On peut dire qu’il a fait un travail utile» a déclaré à son sujet son ami de longue date, Daniel Le Saulnier, en réaction à l’annonce du décès de l’artiste.

Un homme pose devant des tableaux.

Ouvrir en mode plein écran

En 2022, Jérémie Giles présentait l’exposition Point-95 pour ses 95 ans. En plaisantant, il a dit qu’il voulait aller au Point-100. (Photo d’archives)

Photo : - / Julie Larouche

Dans la collection L’art est un miroircomposé de 80 portraits de peintres canadiens, est exposé au pavillon Mance, à Baie-Comeau

En avril dernier, Jérémie Giles présentait sa dernière exposition : 27 tableaux sur le thème du ciel peints au cours des douze derniers mois. L’artiste, toujours prolifique, meurt quatre mois plus tard, ses pinceaux non loin de ses doigts. Au clair de lune / Mon ami Pierrot / Tu peux garder ton stylo / J’ai mes pinceauxdit-il au micro de Bonjour Côte.


Steve Arsenault (1965-2024)

Steeve Arsenault est président du syndicat des métallurgistes des employés de Rio Tinto QIT, à Havre-Saint-Pierre

Ouvrir en mode plein écran

Steeve Arsenault, président local du syndicat local des Métallos à Havre-Saint-Pierre, a joué un rôle crucial dans la réouverture de la mine Tio. (Photo d’archives)

Photo : - / Marc-Antoine Mageau

Le syndicaliste de Havre-Saint-Pierre Steeve Arsenault est décédé des suites d’un cancer le 21 novembre, à l’âge de 59 ans.

Militant apprécié, bénévole dévoué et pilier de sa communauté, Steeve Arsenault a été une source d’inspiration, selon le directeur québécois du Syndicat des Métallos, Dominic Lemieux. Il était reconnu pour son militantisme, son franc-parler, son souci de la Minganie.

À titre de président de la section locale des Métallos de Havre-Saint-Pierre, Steeve Arsenault a joué un rôle majeur dans la réouverture de la mine Tio en 2016.

Dans un hommage rendu à l’Assemblée nationale en décembre, la députée de Duplessis et ministre responsable de la Côte-Nord, Kateri Champagne Jourdain, a souligné sa grand coeur, sa ténacité, son empathie et son sens du partage.


Deux maires meurent en exercice

Cette année, deux municipalités de la côte nord ont perdu leur maire.

Un homme avec des lunettes, un manteau noir et blanc et un air sérieux.

Ouvrir en mode plein écran

Steeve Grenier est maire de Franquelin depuis 2017. (Photo d’archive)

Photo : - / Olivier Roy Martin

À Franquelin, Steeve Grenier est décédé subitement le 21 février à son domicile. Il avait 57 ans. La nouvelle a trouvé un écho auprès des élus de la région.

Il avait la main sur le cœur pour les enjeux de sa commune, mais aussi pour les citoyens de la commune de Franquelin. Il essayait d’aider tout le monde dans la communautéa déclaré le préfet de MRC de Manicouagan, Marcel Furlong.

Michelle Martin est dehors pendant l'hiver et porte des lunettes.

Ouvrir en mode plein écran

Michelle Martin a été élue mairesse de Pointe-Lebel en 2023. (Photo d’archive)

Photo: - / Benoît Jobin

À Pointe-Lebel, Michelle Martin est décédée à la Maison de soins palliatifs de la Vallée des roseaux le 30 juillet, à l’âge de 72 ans. La Municipalité a partagé un message de condoléances sur les réseaux sociaux : Dire au revoir à quelqu’un que l’on aime n’est jamais facile, surtout à une femme qui a si profondément façonné notre esprit et notre cœur.

C’est une perte énorme pour la municipalité. Sa priorité absolue était ses citoyensa souligné le directeur général du village, Gilles Pineault.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV le Président de l’Assemblée Nationale rencontre plusieurs ambassadeurs au Sénégal
NEXT Fatal snowmobile accident in Haute-Mauricie