Le trafic d’armes relève davantage de la petite délinquance et des bricoleurs de garage que du crime organisé, révèle une étude de criminologie.
«Sur 76 condamnations pour trafic d’armes en 23 ans au Québec, seulement une sur cinq était directement liée à des groupes criminels», commente Étienne Blais, professeur à l’École de criminologie de l’Université de Montréal et coauteur d’une analyse sur le trafic d’armes. dossiers qui ont mené à des accusations au Québec entre 1997 et 2020.
L’étude du professeur Blais et de ses collègues qui vient de paraître dans le Journal de justice pénale s’est appuyée sur les 228 dossiers de trafic d’armes de la Sûreté du Québec, dont ils ont extrait les 76 les plus pertinents. Au total, 225 armes illégales ont été vendues.
Armes à feu saisies par la Sûreté du Québec à Montréal lors d’une opération policière en 2023.
Photo PIERRE-PAUL POULIN
On peut vendre une arme d’élite jusqu’à 8 000 dollars, mais le trafic repose principalement sur des transactions de personne à personne, parfois de manière assez transparente sur les réseaux sociaux.
Méthode YouTube
«Nous avons noté des cas où une personne qui a ramassé une arme lors d’un cambriolage dans une maison la vend 100 $ parce qu’elle a besoin d’argent», poursuit M. Blais. Mais le marché illicite voit de plus en plus d’armes fabriquées par des bricoleurs utilisant des méthodes du web.
Courtoisie
« Les imprimantes 3D sont plus sophistiquées que celles de la première génération. Les modèles one-shot sont derrière nous. On assiste à l’émergence d’armes à feu d’une efficacité redoutable», mentionne M. Blais.
Il évoque également le cas d’un bricoleur qui fabriquait des répliques de l’AK-47, ce fusil d’assaut de fabrication soviétique, avec des pièces métalliques achetées en quincaillerie.
Limites
Même si l’expert ne croit pas que ce soit la faute des lois – des sanctions plus sévères ne feraient qu’encombrer davantage le système pénal – il salue la décision du ministère fédéral de la Sécurité publique de rendre le commerce des stocks, des barils et des canons, encore vendus, un problème. un peu trop facilement sur le marché légal. « Ce sont des pièces qui ne peuvent servir qu’à la fabrication d’armes », précise-t-il.
Malheureusement, le Service de police de Montréal n’a pas donné accès à ses enquêtes, ce qui fait qu’une partie du tableau manque.
En gros
De 2020 à 2021, les homicides commis par arme à feu ont plus que doublé au Québec, passant de 10 à 25 dans la grande région de Montréal. Des augmentations similaires ont été enregistrées à Toronto, Vancouver et Edmonton.
Au Québec, huit meurtres sur dix sont commis par arme à feu.
Dans l’étude réalisée par des criminologues de l’Université de Montréal, les suspects étaient âgés en moyenne de 39 ans; 92 % étaient des hommes et 90 % des blancs ; 57 % avaient un emploi rémunéré au moment du crime et 42 % avaient des antécédents criminels ; un tiers (34 %) étaient des récidivistes.
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