Dans l’Indre, pour les anciens de Balsan, une histoire aux mille fils.

Dans l’Indre, pour les anciens de Balsan, une histoire aux mille fils.
Dans l’Indre, pour les anciens de Balsan, une histoire aux mille fils.

A Arthon, la « fabrique à la campagne » décidée dans les années 70 continue de garder ses caractéristiques. Devant les immenses bâtiments de l’usine, le champ a été fraîchement tondu pour laisser à l’entreprise le lieu d’installer les installations de ses 50 ans. De nombreuses personnes, après la visite, ont choisi l’ombre pour manger. « Il va falloir parler fort ! » Serge d’un côté de la table, Hubert de l’autre, en plus de plus de quarante ans à l’usine, ont gardé un souvenir commun de Balsan : une ouïe assourdie par le vacarme des machines. « Quand on était encore à Châteauroux, l’électricité était fournie par le courant de l’Indre, le soir, ils fermaient les écluses, et ils rouvraient le matin. Les métiers à tisser fonctionnaient comme ça : ça faisait du bruit ! raconte Serge Feignon, intarissable sur son aventure Balsan. Il faut dire qu’il y a littéralement passé sa vie, ou presque. « Je suis arrivé là-bas à 14-15 ans, c’est Louis Balsan qui m’a accueilli, je n’aimais pas l’école alors mon père m’a dit : « on va à Châteauroux ». »

Les employés actuels et anciens ainsi que leurs familles ont bénéficié de visites guidées du site. Ici l’atelier de tuftage : sur un “dos”, un tissu épais, des milliers de fils sont cousus en boucle pour créer l’envers du tapis.
© Photo NR, Aziliz Le Berre

Serge est entré en service en 1965, les salariés de Balsan étaient encore plus d’un millier à Châteauroux. Il découvre le site d’Arthon dès les premiers mois. «J’ai été parmi les premiers à aider à construire les étagères.»

Chez Serge, « que de la moquette à la maison »

Serge est intarissable et c’est à cette époque qu’il rencontre Hubert qui termine sa carrière comme chef d’équipe chez Tuft. Après avoir rejoint Balsan en 1976, il arrive chez Arthon en 1982. « Et nous ne pouvions rien mettre d’autre que de la moquette dans la maison », souligne sa femme. Le débat était réglé, la fierté de faire son travail était là. « Quand nous sommes passés au 3×8, c’était difficile »se souvient Hubert.

L’entreprise a testé plusieurs cadences de production, les heures de nuit n’étaient pas faciles. « Mais l’ambiance était bonne ! », explique Claudine qui, samedi 29 juin 2024, se promenait avec un foulard de retraitée autour du cou. Elle avait fêté la veille sa retraite, après quarante ans dans l’entreprise. « La terreur des clients qui paient mal »explique Didier Bourgeais, directeur administratif et financier de l’entreprise. Il est ” jeune “ à Balsan, où il est arrivé il y a dix ans. “En moyenne, la carrière d’un salarié ici est de quinze ans.” Dominique y a passé au total quarante-deux ans avant de prendre sa retraite il y a dix-sept ans. “C’était génial, je n’ai cherché nulle part ailleurs.” L’ancienne ouvrière de l’atelier de couture rend toujours régulièrement visite au comité d’entreprise de l’usine.

L’usine fabrique des tapis en créant d’abord la touffe, puis en lui donnant une couleur et des motifs, qui peuvent désormais être fabriqués à partir de modèles personnalisés.
© Photo NR, Aziliz Le Berre

“Avant, on galéait plus”

Et parfois, les carrières durent plus longtemps qu’on ne l’imaginait. « Je me suis dit que je partirais le plus tôt possible à mon arrivée. », sourit Sylvain. Arrivé à la fin de son service militaire en 1986, il travaille toujours dans l’atelier de teinture. Les conditions ont changé depuis son arrivée “Avant, on galérait plus”. La présentation de son atelier illustre l’évolution : le mélange des couleurs pour les teintures a été automatisé, la poudre pigmentée n’est plus transportée et mélangée par les salariés. Au-delà du bruit feutré du tapis, dans le vacarme omniprésent des machines, des vies continuent de s’écouler.

 
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