analyse des messages cachés derrière les affiches électorales

A Vernon (Eure), parmi les huit affiches placardées sur le panneaux électorauxpour les élections législatives de 2024, une a peut-être particulièrement retenu votre attention.

Celle de ce candidat vêtu d’un manteau animalier et armé d’une hache accompagné d’un soldat en arrière-plan, brandissant un bouclier. Non, ce n’est pas une campagne pour la sortie d’une nouvelle série sur Vikings mais une affiche de campagne… pour les élections législatives.

Ludovic Beaujouan, candidat sans étiquette des 5^e circonscription de l’Eure, se déguise en descendant de Rollon pour promouvoir le territoire normand. Son cri de ralliement ? « Paris, nous revoilà ! » »

Interrogé par nos confrères de France Bleu, Ludovic Beaujouan avoue avoir misé sur l’originalité et la surprise afin de se “faire remarquer” lors de cette campagne express :

« Je voulais qu’on la voie […] Je suis tout seul dans cette campagne. J’ai imprimé l’affiche avec mon argent, j’ai un ami, mon père et ma femme avec moi et c’est tout. L’affiche devrait donc donner envie d’en savoir un peu plus sur mes idées, qui sont encore plus originales que mon affiche. »

Un candidat fantôme

Dans la circonscription, deux autres candidats se présentent pour la première fois, sans étiquette et donc sans la force d’un parti établi. Il est donc difficile de trouver financement en si peu de temps, ne serait-ce que pour imprimer ses affiches. Preuve en est à Vernon, où Colin Prévoteau du Clary, divers candidat de droite, a déserté les pancartes électorales.

Christian Mazure, gérant du garage Pacifique à Vernonnet, s’est lui aussi lancé dans la bataille législative, pris de court par cette dissolution surprise.

Fervent défenseur du patrimoineil est membre du bureau de l’association pour la protection du patrimoine et de l’esthétique de Vernon et Vernonnet.

Il n’est donc pas anodin de le voir apparaître, sur son affiche, devant le Moulin de Vernon, bâtiment emblématique de la ville, aux côtés de son épouse et adjointe, Héléna Martinez, également maire de Sainte-Geneviève-lès-Gasny. Son slogan : « Ruralité, sécurité, emploi et pouvoir d’achat ».

De la ville à la campagne

Frédéric Duché, maire des Andelys, a également mis l’accent sur la ruralité en affichant, en arrière-plan, les plaines verdoyantes de Normandie.

Sur l’affiche, il est accompagné de son associé, François Ouzilleau, maire de Vernon, relégué cette fois-ci au poste de suppléant.

En 2022, il a été investi par le majorité présidentielle dans le 5^e circonscription mais la députation lui avait échappé de justesse (il manquait près de 500 votes au compteur, NDLR).

Pour ces élections anticipées, l’enjeu est de taille : il n’est pas question de laisser » les extrêmes » prolifèrent à l’Assemblée.

Alors, les partisans locaux de la majorité présidentielle se sont appuyés sur une candidature plus rurale et rassembleuse, celle de Frédéric Duché.

Emmanuel Macron a disparu

Autre changement notable en 2024, contrairement à son homologue de Vernon, le maire des Andelys n’a pas souhaité se présenter aux côtés du président de la République, Emmanuel Macron.

Sur son affiche, aucun parti n’est indiqué, laissant penser qu’il s’agit d’une candidature sans étiquette. Toutefois, le maire d’Andelys, a inséré Horizons (parti lancé par l’ancien Premier ministre, Edouard Philippe), a en effet été investi par la majorité présidentielle.

Son adversaire, Timothée Houssin, n’a pas manqué de souligner cette candidature « trompeuse » :

« Nous sommes face à un adversaire qui ne dit pas son nom, un candidat désigné par la majorité présidentielle dont il n’assume pourtant pas l’étiquette. »

Alors pour éclairer les électeurs, le candidat de Rassemblement national a placé sous chacune de ses affiches de campagne une inscription indiquant : « Voter Duché, c’est voter Macron ».

De son côté, Timothée Houssin n’a pas manqué de mettre en avant le nouvel homme fort du Rassemblement national, inscrivant comme slogan de campagne : « Bardella, Premier ministre ! » Sur les pancartes électorales, Jordan Bardella est là…

Même formule qu’en 2022

Du côté de Nouveau Front populaire (NFP), Pierre-Yves Jourdain (EELV), déjà candidat en 2022, a repris des éléments similaires à sa précédente affiche.

Le candidat a été photographié avec le même modèle de costume, sinon le même, et aborde toujours la même posture : dos à la Seine, le regard tourné vers les électeurs. Son slogan ? « Justice sociale et climatique », qui fait écho au « Vivre dignement », posté en 2022.

Si son remplaçant a changé (Martine Seguela, en 2022, a cédé sa place à Amandine Liard, NDLR), il occupe encore une petite place sur l’affiche. À tout cela s’ajoute, en bas de l’affiche, la longue liste des partis soutenant le NFP. Outre les quatre grands (PS, EELV, PCF et LFI), près d’une vingtaine de mouvements de gauche sont évoqués.

Pas de grands changements pour David Daverton, candidat des Républicains également reconduit. S’il peut encore compter sur le soutien d’Hervé Maurey et Kristina Pluchet, sénateurs, il a placé Gérard Larcherprésident du Sénat et figure de la droite, en tête de liste.

Hervé Morin, en poste en 2022, a disparu au profit de François-Xavier Bellamy. Enfin, celui qui apparaît toujours comme « votre futur député » indique qu’il appartient au rassemblement des droits républicains et non plus à l’union de la droite et du centre.

A Lutte ouvrière (LO), l’affiche représentant Delphine Blitman aux côtés de sa suppléante Anne-Marie Colin a été conçue… sous forme de tract. Dans ce texte, le candidat appelle « les travailleurs à faire entendre leurs revendications », affirmant qu’ils « font marcher la société, ils doivent la diriger ! »

With Mélissa Prou

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