la maison brûle, les pompiers restent à quai

la maison brûle, les pompiers restent à quai
la maison brûle, les pompiers restent à quai

Toute une vie partie en fumée. En quelques minutes, quelques heures, la maison de la famille Bertil, située non loin de l’Anse des Cascades, a été ravagée par les flammes. Il est vers 12h45 ce lundi lorsque le père, Philibert, emmène sa femme chez le physiothérapeute à Sainte-Rose. La maison est alors vide. Habituellement, ils sont cinq à vivre sous le toit familial. Philibert et son épouse, sa fille et ses deux petits-enfants. Il était 13h10 lorsqu’il reçut un appel de sa fille qui donna l’alerte. Il y a le feu dans leur maison. « Je lui ai dit que c’était impossible, qu’il n’y avait rien à voir. » réagit l’agriculteur. Sa fille appelle les pompiers. Dix minutes plus tard, le planteur est de retour chez lui, “mais les pompiers n’étaient pas encore là”, il est surpris. Alors qu’il était encore émergent au moment de l’alerte, le feu s’est rapidement déclaré. Problème : “Quand on a rappelé les pompiers, ils nous ont dit que ce n’était pas eux qui étaient intervenus mais Saint-Benoît”. Ces derniers arriveront sur place vers 14 heures, précédés d’une dizaine de minutes par ceux de Saint-Philippe. “Le feu a eu le temps de s’installer dans la toiture”regrette le père. Les pompiers de Sainte-Rose arriveront sur place, mais vers 16h30, au moment même où l’incendie venait d’être éteint. Ils procéderont au nettoyage et à la sécurisation du site.

DEUX BOUT D’INCENDIE SANS EAU

“Je ne suis pas en colère, le plus important c’est qu’il n’y a pas eu de victimes, les pompiers ont fait leur travail et ont contribué à empêcher le feu de se propager, mais ce n’est pas normal que Saint-Philippe, qui compte le même nombre d’habitants, ait un une caserne opérationnelle et, pour nous, une caserne dite toute neuve mais qui n’a personne dedans.crie le planteur. A leur arrivée, les pompiers de la commune ont donné la raison de leur gros retard, “Ils ont dit qu’il n’y avait pas de chauffeur de camion pour amener le camion.” C’était le renfort dans l’après-midi d’un bénévole qui a permis de démarrer le camion. Double malchance pour la famille Bertil, les pompiers de Saint-Philippe et de Saint-Benoît ont également dû composer avec des bornes d’incendie qui ne fonctionnaient pas. « Le plus proche ne fonctionnait pas, il y en a un autre au restaurant le Poisson Rouge, plus loin, qui ne fonctionnait pas non plus, ils ont dû monter jusqu’à la cité Bel Air ce qui leur a fait perdre au moins 20 minutes », indique le père de famille. Le lotissement est situé à environ deux kilomètres. Philibert tient à préciser : “J’entends sur les réseaux sociaux que les pompiers sont arrivés sans eau, ce n’est pas vrai”. Il a été surpris par l’arrivée hier d’une équipe d’EDF pour l’informer que le câble qui le relie au poteau du réseau devait être changé… hier. Si le directeur du SDIS précise que les pompiers de Saint-Philippe sont arrivés en 28 minutes (voir par ailleurs), la famille ne peut s’empêcher de penser qu’une partie de leur maison aurait peut-être pu être sauvée si c’étaient ceux de Sainte-Rose qui étaient intervenus. La caserne est située à six kilomètres de leur maison.

MP

> Une cagnotte pour aider la famille

De leur maison construite en 1993, il ne reste rien. Vêtements, papiers, clés de voiture, souvenirs… Tout a brûlé. Un souffle. C’est un an avant de prendre sa retraite d’agriculteur que ce dernier doit repartir de zéro, d’ailleurs quelques semaines avant le début de la campagne sucrière pour le planteur. Philibert Bertil ne se décourage pas pour autant : « Tout est à reconstruire, ce que je souhaite faire le plus rapidement possible », en attente d’expertise en assurance. Ses proches ont lancé une cagnotte en ligne sur le site leetchi.com baptisée «soutenons la famille Bertil». Le père souhaite avant tout aménager un abri dans le garage pour pouvoir y dormir et surveiller son matériel. Cela lui permettra également de libérer une chambre qu’il a aménagée dans une dépendance et qu’il pourra ensuite libérer pour sa fille et ses petites-filles, hébergées temporairement avec la famille.

> « Oui, ça peut arriver »

Le directeur du SDIS, le colonel Leguillier, ne met pas « de la poussière sur la moquette, oui ça peut arriver », pour répondre à l’absence d’un chauffeur qualifié qui a empêché le garde de Sainte-Rose de partir lundi pour le sinistre. L’officier pointe les conséquences du Covid qui a gelé les formations pendant deux ans. Le rattrapage est en cours, couplé au lancement d’une campagne de recrutement de 300 bénévoles, assure-t-il. Alors qu’elle aurait dû être composée de 4 pompiers, la garde de Sainte-Rose s’est retrouvée avec 3 suite à l’absence d’un bénévole, précisément le conducteur de la locomotive. Ces derniers n’ayant pu être remplacés, les centres de Saint-Benoît et Saint-Philippe ont été prévenus en cas d’intervention, assure l’officier. Qu’ont-ils fait : « L’appel a été reçu à 13h14 et Saint-Philippe est arrivé sur place à 13h42, en 28 minutes. » L’officier dit comprendre la colère des habitants mais rappelle que le SDIS réalise 56 000 interventions par an, « soit un départ toutes les 8 minutes, assuré par des centres plus proches ou plus éloignés, la réorganisation de la couverture opérationnelle est permanente ». Pour compenser des absences, des pannes de matériel ou des interventions déjà en cours. C’est pourquoi l’objectif est d’augmenter le nombre de petits centres de 4 à 6 pompiers.

> “C’est extrêmement grave”

Sur place lundi après-midi, le 1er adjoint de Sainte-Rose, Dominique Panambalom, juge les faits « extrêmement grave, nous ne pouvons pas accepter cela, à quoi bon laisser une caserne ouverte si elle n’est pas opérationnelle ? ». L’élu ne cherche pas à polémiquer pour autant : « Nous devons prendre le dessus et trouver des solutions. » Face à un problème de “Un manque de personnel qui touche également d’autres communes, il faut agir et la formation des volontaires au fonctionnement des camions de pompiers est la première priorité”. Il proposera notamment au conseil municipal, en lien avec le SDIS, de « prendre notre part en participant au financement de la formation des bénévoles à Sainte-Rose pour rendre les équipes opérationnelles ». Sur les bouches d’incendie, dont l’entretien relève de la responsabilité des communes, il réclame “ne pas renvoyer la balle au SDIS qui a l’expertise”.

> « Déficiences opérationnelles »

Le président du syndicat Avenir secours (direction du SDIS), Michel Gonot, ne se dit pas surpris : « Cela fait des années que nous alertons sur les carences opérationnelles. » Il mentionne la nécessité d’avoir dans chaque garde des chefs de tous véhicules agréés ou, comme dans le cas de Sainte-Rose, des chauffeurs qualifiés pour conduire des fourgonnettes-pompes et des camions de pompiers forestiers. Avec une difficulté supplémentaire, la présence d’une majorité de bénévoles dont la disponibilité n’est pas toujours adaptée aux contraintes des services. Il faut recruter. C’est en cours, assure la direction (voir par ailleurs). Le syndicaliste met en garde : « Le taux de réalisation du SDACR (Analyse des risques départementaux et plan de couverture) est médiocre, on ne voit pas la mise en œuvre, ni la stratégie pour y parvenir”. L’objectif est de passer de 4 à 6 agents de permanence dans les petits centres. Si des recrutements ciblés ont été lancés pour certains centres en difficulté, dont Sainte-Rose, ils se heurtent à des problèmes de gestion interne (visites médicales, tenues disponibles…) dénonce le syndicaliste.


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