Assurance cyber-risques pour les particuliers

Assurance cyber-risques pour les particuliers
Assurance cyber-risques pour les particuliers

Que diriez-vous d’avoir votre technicien informatique privé à votre disposition 24h/24 ? Il serait capable de vous aider à éviter les virus, à sauvegarder vos données cryptées par un ransomware, et pourrait même aider votre adolescente victime de sextorsion. Ce sont un peu les promesses d’un produit d’assurance qui émerge au Québec, l’assurance cyber-risques pour les particuliers.


Publié à 1h32

Mis à jour à 5h00

« La question aujourd’hui n’est pas de savoir si, un jour, je serai piraté. C’est quand. » Comme tous ses confrères interrogés par La presse, Maryse Rivard s’enthousiasme quant à l’utilité de l’assurance cyber-risques pour les particuliers. Vice-présidente chez Synex Assurance et courtier chez Synex/Deslauriers, elle est présidente du Regroupement des cabinets de courtage d’assurance du Québec (RCCAQ) depuis novembre 2022.

[L’assurance cyberrisques pour particuliers], c’est un beau produit, super intéressant. Parce que nous évoluons tous dans un monde technologique. Avant, le voleur entrait par la porte de ma maison. Maintenant, cela arrive via ma machine. Comment puis-je la protéger ?

Maryse Rivard

« Avant, pendant, après »

Un exemple de ce que cette couverture peut apporter ? Mila Araujo, chef de pratique cyberassurance personnelle, Amérique du Nord chez le courtier NFP, filiale d’Aon qui a ouvert un bureau à Montréal, cite le cas d’un de ses clients victime d’un détournement de carte SIM – « SIM swap », dans le jargon.

« Son téléphone ne fonctionnait plus un soir, elle est allée dans son magasin le lendemain », raconte-t-elle. Entre-temps, des acteurs malveillants ont pris le contrôle de son compte bancaire et ont pu utiliser une authentification à deux facteurs car ils contrôlaient son numéro de téléphone et retiraient 50 000 $. Comme les fraudeurs avaient tous accès et qu’il y avait de l’ingénierie sociale dans tout cela, la banque a conclu que la transaction était légitime. […] L’assurance cyber-risque couvre cela. »

Au Bureau d’assurance du Canada, Mahan Azemi est l’un des pionniers de ce tout nouveau produit, sur lequel il a écrit un premier article en mars dernier. Ce conseiller politique principal y voit un outil d’intervention « avant, pendant et après » la cybercriminalité. « Les particuliers, comme les entreprises, sont très vulnérables à cet égard. Votre assurance peut vous aider à comprendre votre risque, vous aider à vous améliorer, vous donner accès à des ressources. »

Une victime canadienne sur quatre

Les statistiques donnent raison à ces trois experts. En moyenne, chaque jour en 2023, 115 Canadiens ont été victimes de fraude, dont la grande majorité ont été commises à l’aide d’outils technologiques. Les pertes financières ont été estimées cette année-là par le Centre antifraude du Canada à 569 millions de dollars.

Selon un sondage de 2022 commandé par le Centre de la sécurité des télécommunications, un Canadien sur quatre déclare que son ordinateur a été victime d’un logiciel malveillant.

Il existe des polices d’assurance cyber-risques pour les entreprises. Leur popularité a explosé au Canada ces dernières années, passant de 5 143 polices souscrites au début de 2019 au Canada à 174 805 à la fin de 2022. Le Bureau du surintendant des institutions financières ne compile plus cette statistique précise depuis cette dernière date. .

Mais les produits destinés aux particuliers sont encore très rares : au Québec, la présidente du RCCAQ, Maryse Rivard, croit les avoir vu apparaître sur son écran radar il y a à peine deux ans. Elle fait également partie des rares personnes au Québec à détenir une assurance cyber-risques pour les particuliers – les statistiques sont quasi inexistantes à ce sujet.

Parce que ce produit est encore difficile d’accès au Québec. Les assureurs les plus présents sur le marché ne le proposent pas. Desjardins, précise son porte-parole Jean-Benoit Turcotti, ne dispose pas d’assurance cyber-risque spécifique pour les particuliers, mais plutôt un ensemble de mesures regroupées sous « Desjardins Protection ». Celui-ci, a-t-on appris vendredi, n’inclura cependant plus l’adhésion gratuite au service de surveillance Equifax, offert aux frais de Desjardins pendant cinq ans après le vol massif de données, et qui expire.

Question de langue

La société de courtage NFP, par exemple, a créé et lancé en mars 2021 l’une des rares polices d’assurance autonomes contre les cyber-risques pour les particuliers, DigitalShield, pour 99 dollars par an. «On l’a partout en Amérique du Nord, sauf au Québec et à New York : on finalise notre offre là-dessus», explique M.moi Ajaurno.

“Mais nous avons des options, les gens peuvent nous contacter”, ajoute-t-elle, un peu mystérieusement.

Les courtiers de BFL Canada expliquent que les assureurs spécialisés l’offrent depuis un an au Québec et au Canada, mais « pas les compagnies d’assurance que tout le monde connaît ». “Cela ne rencontre pas beaucoup de succès pour le moment”, a déclaré par courrier électronique le porte-parole Walid Khayate.

Selon Maryse Rivard, quatre cabinets l’offrent au Québec, mais seulement en complément d’une police d’assurance habitation dite « haut de gamme ». Intact Prestige, Ovation d’Aviva, Chubb et le dernier en lice, Onyx, proposent ces avenants à des coûts très variés, la norme se situant autour de 100 $ par an pour une couverture entre 50 000 $ et 100 000 $, avec des ententes de services informatiques avec des firmes spécialisées.

Chubb offre par exemple cette couverture supplémentaire au Québec intégrée à son assurance habitation Chef-d’œuvre « depuis 2018 », a indiqué le cabinet par courriel à La presse. Les primes varient de 127 $ à 577 $.

Cette rareté pour un produit beaucoup plus présent à l’extérieur du Québec, Mmoi Rivard l’associe aux nouvelles dispositions de la Charte de la langue française avec la loi 96, adoptée en mai 2022 et qui oblige dans certains cas la traduction des polices d’assurance. « Lorsque nous proposons des produits très spécialisés, nous avons parfois des clients qui ne trouvent pas d’assurance », dit-elle. Si on ne trouve pas le produit en français, ou si le produit en français a moins de couverture, le seul perdant est le consommateur. »

Cinq exemples de couverture

La prévention

C’est probablement l’aspect le plus important pour les assureurs, mais il l’est moins pour les consommateurs étant donné la large disponibilité de ces conseils. Essentiellement, tout assureur voudra s’assurer que le client est conscient des bonnes pratiques de cybersécurité, que ses appareils sont adéquatement protégés et qu’il a une connaissance minimale du comportement à adopter en ligne. L’assureur offrira de la formation, de la documentation et, dans certains cas, fera remplir un formulaire pour s’assurer du respect des principales clauses.

Surveillance

Plusieurs régimes d’assurance proposent une surveillance Web cachée (Web sombre) pour détecter si les informations confidentielles de leurs clients s’y trouvent, ainsi que l’enregistrement auprès de sociétés de crédit comme Equifax pour une surveillance active des modifications apportées au dossier de crédit. Cette surveillance peut même s’étendre, si le client en fait la demande, à la protection contre le cyberharcèlement et à l’intervention en cas de sextorsion, c’est-à-dire de chantage à l’aide de données ou de photos compromettantes. Certaines polices prévoient un mécanisme confidentiel offert à toute la famille.

Sauvetage

Si la victime a été affectée par un malware, il suffit logiciel publicitaire qui place des publicités indésirables sur des ransomwares qui cryptent les données d’un appareil, la cyberassurance passe presque toutes par le recours à un cabinet spécialisé. Ce sont ces experts qui sauront déterminer les étapes à suivre, la possibilité de récupérer des données, de restaurer le système ou de nettoyer l’ordinateur. En cas de fraude financière, l’assureur peut également se charger du recouvrement des comptes.

Remboursement

C’est évidemment l’un des avantages les plus intéressants d’une telle politique. Selon la couverture obtenue, on peut récupérer tout ou partie des fonds volés, réparer ou remplacer les biens endommagés ou encore obtenir une protection plus avancée des transactions en ligne. Les frais juridiques et la perte de salaire causés par de tels événements sont également pris en compte. Les montants remboursés varient généralement de 50 000 $ à 250 000 $, selon les offres en ligne.

Soutien psychologique

L’un des aspects les plus courants des événements de cybersécurité est que la victime se sent complètement impuissante et peut paniquer. La quasi-totalité des assurances cyber-risques incluent des volets d’assistance technique et psychologique proposés à tous les membres de la famille. Certains, notamment Chubb, ajoutent des services pour contrer la diffamation ou restaurer la réputation en ligne. Ovation couvre même les frais de déménagement temporaire et la surveillance des réseaux sociaux.

 
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