nouvelle mobilisation des chasseurs en Gironde pour défendre les chasses traditionnelles

En survolant une forêt de chênes et de frênes du Pays Bazadais, les oiseaux entendent «rou-rouou-rou-rou-ru». C’est Eric qui roucoule pour imiter le chant du palombe. “Bienvenue dans ma palombière !« Résidant à Lerm-et-Musset, dans le Sud-Gironde, ce forestier à la retraite est passionné de chasse à la palombe, au filet et au fusil. Cette pratique essentielle dans le Sud-Ouest serait menacée d’interdiction comme c’est le cas actuellement capturer l’alouette à l’aide de pantes ou de matoles.

C’est une tradition, mais pour moi, c’est une passion, et même plus qu’une passion ! Je suis né dedans. J’ai ma femme qui chasse le palombe, mes enfants. C’est une affaire de famille» raconte Eric, 62 ans, qui a passé des années à installer les tunnels autour de sa cabane.

Eric et Leïka au poste de surveillance du pigeonnier. © Radio-
Jules Brelaz

Perché dans “le garde”Au poste de surveillance qui surplombe le ramier, le chasseur roucoule et manipule un cri pour attirer les ramiers qui migrent du Nord au Sud. « C’est le moment vraiment attendu de l’année. C’est ici que nous passons tout le mois d’octobre ! Dois-je vous servir un café ?

Le poulet“pour attirer les palombes au sol, le”cages“, “le ravageur”LE « des espions“, le “potence» accroché au sommet de ses chênes… Eric explique patiemment le jargon de la chasse aux palombes avec à ses pieds son Leïka, un Setter anglais qui tourne toujours autour de son maître.

« Ici, c’est pratiquement un pigeonnier par famille »

Cette chasse traditionnelle est menacée, selon plusieurs fédérations de chasse du Sud-Ouest. “Ne touche pas à ma palombière”, raconte le retraité qui est déjà allé manifester à Mont-de-Marsan pour défendre sa pratique. Ce serait dans les négociations qu’ils voudront nous interdire la chasse à la palombe. Mais ce serait très dommage pour beaucoup de gens, à mon avis, ce serait même une révolution pour les chasseurs du Sud-Ouest.»

« Nous prenons quelques dizaines de palombes alors que nous en voyons passer des milliers et des milliers. Nous ne nuisons pas à l’espèce», assure le chasseur qui rentre parfois bredouille chez lui. Lorsqu’il touche la cible avec son fusil, «on les cuisine rôties, on les mange comme des salmis de colombe, il y en a qui font du pâté, du confit de colombe.

Eric, 62 ans, chasseur de pigeons de père en fils et bientôt avec son petit-fils, il l’espère. © Radio-France
Jules Brelaz

Plus qu’une simple chasse, c’est un art de vivre du Sud-Ouestestime Eric. “On se retrouve tous ici en famille ou entre amis, c’est du fun, des moments de bonheur à la palombière. Mon père était chasseur et quand j’étais petite j’ai fait mes études primaires ici à Lerm. A l’heure du déjeuner, je suis allé manger à La Palombière avec mon père et je suis parti à l’école à 14 heures. Ces souvenirs restent gravés dans tout notre corps.

“Hier l’ortolan et les colombes, aujourd’hui l’alouette et demain le ramier ?”

Dans le village de Lerm-et-Musset, les amateurs de chasse traditionnelle sont nombreux. “Ce sont des traditions qu’il faut absolument préserver, dit Jacques, qui aime taquiner la bécasse. Aujourd’hui, petit à petit, l’alouette nous est retirée, c’était l’ortolan, c’était les colombes et demain ce seront les palombes !

Un pigeon (au premier plan) et un ramier capturés par Eric.
Un pigeon (au premier plan) et un ramier capturés par Eric. © Radio-France
Jules Brelaz

« La chasse à la tourterelle avec des filets est une tradition qui existe depuis je ne sais combien d’années »ajoute Aline, dont le défunt mari possédait une palombière. “C’est une passion pour de nombreux chasseurs en Gironde, Lot-et-Garonne, Landes, c’est vraiment une chasse à garder selon moi.”

“Cela reste une tradition, mais je trouve quand même étrange qu’on autorise la chasse lors d’une migration”remarque Daniel, un habitant de Saint-Michel-de-Castelnau. “Je fais beaucoup de photographie animalière et de gibier, dès qu’ils nous voient, ils assimilent désormais les humains à des coups de feu. C’est ce que je trouve dommage.»

Après, interdire la chasse ? Non car il faut encore réglementer pour éviter les accidents sur les routes, continue Daniel. Le sanglier se reproduit 3 à 4 fois par an ! Il ne faudrait pas interdire la chasse aux pigeons, mais peut-être faudrait-il réduire le temps de chasse, car il y a les chasses aux nuisibles, l’ouverture générale, le faisan, etc., puis il y a les pigeons ramiers, les perquisitions administratives, les perquisitions pour les propriétaires… En fait , on entend des tirs toute l’année !

Après un rassemblement mardi 1er octobre à Agen pour la défense des chasses traditionnellesles chasseurs de Gironde donnent rendez-vous ce samedi 5 octobre à 10h30 au Domaine de Pachan à Ludon-Médoc »en l’honneur de la chasse à l’alouette.

Alors que la chasse aux pigeons est ouverte jusqu’au 20 novembre inclus, Eric s’apprête à accueillir toute sa famille. Sa femme a même pris plusieurs semaines de congé en octobre pour profiter de la chasse aux palombes. “Avec ma femme, nous serons bientôt papy et mamie d’un petit garçon et j’espère qu’il sera un futur chasseur de colombes.”

Pigeons qui servent de leurre pour attirer les palombes.
Pigeons qui servent de leurre pour attirer les palombes. © Radio-France
Jules Brelaz

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