Zurich (awp) – Adecco a connu une séance mouvementée mardi à la Bourse de Zurich, le titre plongeant à la suite de résultats décevants au troisième trimestre. Face à la faiblesse de certains marchés, dont son principal France, le géant du placement de personnel a relevé son objectif d’économies.
La multinationale a affiché une « performance solide sur des marchés difficiles » au troisième trimestre, assurant que les volumes se sont ensuite stabilisés en octobre. Son directeur financier, Coram Williams, a souligné en marge de la publication des résultats qu’il avait gagné des parts de marché face à ses concurrents néerlandais Randstad et américain Manpower.
Les investisseurs ont eu du mal à digérer la baisse des chiffres clés entre juillet et septembre, après déjà deux trimestres en difficulté. Le chiffre d’affaires a reculé de 4% à 5,7 milliards d’euros (5,4 milliards de francs suisses). La croissance organique est négative à -5%. Cette performance est toutefois jugée « solide compte tenu des conditions de marché et de la base de comparaison élevée ».
Poids des incertitudes en France
La marque Adecco, qui totalise 4,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires (-4%), est à la peine en France. Dans tout le Jura, il a totalisé des recettes de 1,15 milliard, en baisse de 8%, pénalisé par les incertitudes économiques et politiques, suite aux élections législatives anticipées et à la nomination tardive d’un nouveau Premier ministre. « La logistique, l’industrie manufacturière et les soins de santé en particulier ont été sous pression. » La direction sur site continue de « redimensionner l’activité ».
La situation est également difficile aux États-Unis, la région Amériques voyant son chiffre d’affaires chuter de 10 %. La région Suisse, Allemagne et Autriche a souffert (-5%) à 415 millions, mais moins que l’Europe du Nord (-8%). Seule la zone Europe du Sud et de l’Est, Moyen-Orient et Afrique du Nord est en croissance de 3 % et l’Asie-Pacifique de 1 %.
Adecco n’a pas réussi à améliorer sa marge brute au troisième partiel, stagnant à 19,4%, malgré sa promesse d’amélioration de ce critère faite au deuxième partiel. Coram Williams a expliqué le phénomène par le fait que « les pays avec des marges plus faibles connaissent actuellement une croissance plus rapide que les pays avec un potentiel de marge plus élevé, un effet qui se répercute sur toute la marge ».
Le secteur automobile en berne
En organique cette fois, les revenus du placement temporaire ont diminué de 3,5% et ceux du placement permanent de 2,5%. Sur les marchés finaux, « la croissance a été forte dans le commerce de détail et dans la logistique, stable, bien que séquentiellement plus faible ». La demande a été plus faible dans le secteur automobile et est restée contenue dans l’industrie manufacturière.
Les revenus des divisions d’Akkodis, spécialisées dans le conseil en ingénierie, informatique, recherche et développement, ont baissé de 4% et ceux de LHH, qui propose des services de mobilité et d’accompagnement professionnel, de 5%.
Côté rentabilité, le résultat brut d’exploitation (Ebita) hors effets exceptionnels a reculé de 21% à 186 millions, pour une marge correspondante de 3,3%, en baisse de 70 points de base. Le bénéfice net a chuté de 4% à 99 millions.
Ces chiffres sont tous, à l’exception de la marge d’Ebita ajusté, inférieurs aux prévisions les plus pessimistes des analystes consultés pour le consensus AWP.
La direction table sur une performance commerciale au dernier semestre similaire à celle du troisième. L’objectif d’économies est porté à 171 millions d’euros pour 2024, contre 150 millions précédemment.
Vontobel a constaté que le flux de trésorerie n’était pas aussi élevé que prévu. Les perspectives à court terme restent modérées, selon son analyste tout en recommandant le titre à « acheter ». La Banque cantonale zurichoise a également jugé les flux de trésorerie décevants, mais a noté que selon le groupe, les flux manquants seraient présents au dernier trimestre. Le ZKB recommande une « surpondération ».
A la clôture de la Bourse suisse, l’action du spécialiste zurichois du travail temporaire perdait 5,93% à 25,40 francs suisses, le plus bas de l’indice SLI, en hausse de 0,05%. Au début de l’année, le titre valait encore plus de 38 francs suisses, avant d’entamer une nette baisse.
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